Notre Père qui es en enfer

Comme le rappelle Jean-François Six, dans la préface, Raphaël, en hébreu, signifie « Dieu guérit ».

« Ce que je constate, c’est qu’en face du mystère insondable de la condition humaine, si évident en prison, de ses retournements et de ses surprises, il n’y a que la vraie joie qui ait quelque chose à dire à la vraie misère. Il arrive même qu’elles cohabitent comme le sommet cohabite avec I’abîme. Mystère d’un bonheur et d’une souffrance ensemble, au même endroit.Peut-être est-ce la raison pour laquelle un évêque a dit :

« Si j’avais seulement deux prêtres dans mon diocèse, j’en mettrais un aumônier du Carmel et l’autre aumônier de la prison. »(…) Ce sont des lieux où, entre autres, la nature se rebelle, où les journées coûtent. Pourquoi ? Pour dire que la foi ne peut se passer sans combat, sans retournement, sans « sentier à pic » dirait Jean de la Croix. Mystère et profondeur de Dieu. Le père abbé du monastère du Mont-des-Cats, dans le nord de la France, a dit un jour :
« Aussi curieux que cela puisse paraître, avant d’être expert en choses de Dieu, le moine, le contemplatif, est expert en athéisme. Il se retrouve fraternellement avec ceux qui doutent. »

Que l’épreuve n’épargne aucun disciple de Jésus, que la foi soit constamment à purifier d’illusions et de pesanteur, au crible de l’incroyance, le voyage vers la lumière n’a pas fini – nous le voyons partout – de nous parler de mystère. Et pour espérer un peu l’approcher, nous n’avons pas besoin de livres mais de témoignages de vies montrant la totalité d’un choix. Lutte aussi vers la victoire « triomphant du monde »… Contre l’incubation insidieuse et parfois si alarmante du mal, une autre incubation pour orienter la volonté et transformer la vision : des décombres à l’édifice. Alors sur ces chemins, qu’une pastorale en prison est toujours émerveillée de trouver, c’est l’expérience d’une joie devant le monde et devant Dieu, une longue histoire d’efforts personnels et collectifs englobant le dilemme : travailler sur les structures pour changer la personne, travailler sur la personne pour changer les structures. Dilemme relatif quand chacun finalement trouve sa place. Place comprenant toujours une capacité de louange. Un vrai rire en prison, casser une injustice en prison, un groupe uni en dialogue et en prière en prison, une souffrance offerte au Christ en prison, etc., débouchent toujours sur une richesse et une réussite au-delà de soi.  » (pp. 51-52)

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