CORPS DU CHRIST POUR LA MULTITUDE – cahier n°4

Université d’été 2016 - Service Recherche Formation

L’actualité nous presse !

Comment s’y retrouver dans toutes ces actualités : la guerre et ses migrations, la misère et ses migrations, le terrorisme, l’avenir de la planète, le chômage endé-mique, les épidémies récurrentes, la découverte d’ondes gravitationnelles, la maîtrise du corps lorsqu’il se forme ou s’épuise…
Le capitalisme financier, un revenu universel, la pérennité des retraites, le prix du porc et du lait…
La maladie qui me touche, un accident improbable…
Une rencontre amoureuse, un accord sur le nucléaire, un espoir de cesser le feu, la COP 21 et ses suites, des solidarités quotidiennes, une fraternité redécouverte…
Nous entendons de partout que le monde change, que subrepticement nous quittons le monde de la modernité… Mais ce qui émerge, le percevons-nous ? Savons-nous le décrypter ?
Nous en revenons souvent au connu, à nos grilles d’ana-lyses, à nos schémas… qui ont été forgés hier et qui sont inadéquats pour l’aujourd’hui.
Et nous nous interrogeons sans cesse : comment agir ? Avons-nous prise sur quoi que ce soit ?
Et pourtant, nous engageons une pratique, une pratique sociale, à l’échelle de nos relations quotidiennes, à visée politique.

L’Évangile nous presse !

Cette Parole qui nous habite, moins comme une certitude que comme une recherche, un horizon. Une Bonne Nouvelle, pour moi, mais qui concerne tous.
Une Parole fragile qui me rend solidaire et étranger à la fois.
Une Parole qui vient d’au-delà de moi, que j’ai reçue et qui est devenue mienne en me liant à d’autres. Des femmes et des hommes qui portent eux aussi ce murmure que l’Esprit rend audible. Des soeurs et des frères plongés dans l’événement du Christ Jésus et qui en sont le Corps, qui sont le Temple de l’Esprit, le peuple convoqué par Dieu : l’Église pour l’humanité.
L’Église, que nous sommes, cherche à vivre la Parole, non pas dans le monde d’hier, selon les formes d’hier, mais dans la nouveauté qui surgit.
Nous cherchons à vivre la Parole dans la vie mêlée, en posant des actes concrets, en balbutiant quelques mots, dans la faiblesse d’un témoignage toujours inadé-quat, dans la confiance, la foi, en Celui qui a énoncé la Parole.

Cette manière de rendre compte de la mission caractérise la Mission de France

Engager la Parole dans le monde tel qu’il est, l’engager comme l’incarner, la servir en servant nos contemporains, celles et ceux que nous rencontrons et la société appelée à la fraternité.
Comment vivre ce service dans une société en crise et à qui Dieu semble ne plus rien dire ?
C’est une recherche permanente, un tâtonnement, une dynamique du provisoire. C’est ce dont nous parlons dans nos réunions d’équipe :

  • en croisant nos récits d’existence et des récits bibliques,
  • en interrogeant des constructions théologiques trop bien ficelées pour le temps présent,
  • en cherchant quelques balises et des points d’appui toujours à reprendre.

 

 

Le travail du 1er jour
L’itinéraire proposé invite à un va-et-vient constant entre les situations et les questions des humains d’aujourd’hui et l’enjeu du service de la Pa-role que nous avons reçu dans notre équipe de mission.
Partir des relations concrètes qui sont les nôtres et des enjeux globaux de la société.
C’est le sens du questionnement sur le corps social. Comment nous ne sommes pas qu’une addition d’individus, mais une nation, un peuple … ? Débat bien actuel !
Là, qu’engageons-nous de la Parole chrétienne, comme pratique, comme symbolique… ?

elena

Elena Lasida,

Docteur en sciences so-iales et économiques, née en Uruguay et
française d’adoption.
Une femme traversée par les frontières
interviendra le 1er jour de l’Université d’été

Le travail de la soirée du 1er jour et de la matinée du 2ème jour
Cette Parole, nous la recevons, elle fait de nous un Corps, un Corps de mémoire, celui de l’événement Jésus-Christ, un Corps de serviteurs.
L’Eucharistie est le lieu de la symbolisation, de l’expression et de la réalisation sacramentelle de ce Corps.
Comment cela se passe-t-il ?
Qu’est-ce que cela signifie ?

Le travail de l’après-midi du 2ème jour
Là où nous avons les pieds : au travail, dans les enjeux des migrations et des précarités, devant la maladie et le grand âge, dans la responsabilité de parents, dans ces « lieux » traversés par la question du sens mais aussi par la violence, comment l’Église fait-elle signe ? Comment l’Eglise porte-t-elle la mémoire du Crucifié-Ressuscité ?

le travail de la matinée du 3ème jour
La Parole devint chair en Jésus confessé comme Christ et Seigneur. Les Écritures sont la trace de la donation de la Parole.
Lisons-les.
Lisons comment l’auteur de l’épître aux Éphésiens rend compte du don de Dieu (Ep 4,11) et ce que
cela indique pour la structuration du Corps.

Revisiter l’institution à partir de la fragilité
« Habituellement considérée comme un problème à résoudre ou un manque à combler, nous concevons, au contraire, la fragilité comme promesse de nouveauté, condition de la mise en mouvement et base d’une véritable interdépendance. À travers une approche positive de la fragilité, se dégage une autre manière de penser l’institution, que nous essayons ici de commencer à dessiner. »
Elena Lasida, groupe développement Justice et Paix, LES ETVDES, décembre 2014.

Prenons le temps de reprendre, avec les compagnons du carrefour et personnellement,
l’itinéraire parcouru. Pointons ce que l’on retient, les questions en suspens, les balises nouvelles…
Faisons un pas de plus :
->  Redécouvrons notre responsabilité de serviteur de la Parole : comment nous avons été
plongés dans les eaux du baptême, dans la mort et la résurrection du Christ, comment nous avons
été marqués par l’Esprit et comment nous mangeons le pain de vie et buvons à la coupe.
Cela nous qualifie pour la mission, comme responsabilité.
->Redécouvrons comment le Corps est structuré par les charismes donnés à tous, à la mesure
du Christ, et par la charge apostolique qu’assume le collège des évêques ; au sein de l’Église locale,
comment l’évêque, avec son presbyterium et ses diacres, permet la structuration du Corps, envoie
en mission et inscrit le souci des pauvres.
Puis tournons-nous à nouveau vers ce monde tant aimé, vers ces visages qui nous habitent.
C’est à eux que la Parole est destinée, c’est pour eux que le Christ a été livré,
c’est vers eux que nous sommes envoyés, c’est eux que nous servons.
C’est le travail de l’après-midi du troisième jour.
Après cela faisons la fête !
Et comme nous ne sommes pas Dieu, nous nous reposons le quatrième jour !

Lettre aux communautés 283

LAC283 (1)La dernière livraison de la Lettre aux Communautés s’intitule « Serviteurs de la Parole ». Elle a été voulue dans l’optique de l’Université d’été. Plusieurs d’entre nous livrent leur expérience et invitent à la réflexion. Témoins du service concret de la Parole qu’ils vivent : Isabelle Salembier, mère de famille et enseignante, Daniel Batisse, diacre et médecin, Guy Trambly, prêtre dans la recherche scientifique. Ou encore, Hughes Ernoult, Marie-Thérèse Weisse ou Vincent Plazy. Pour d’autres auteurs, le passage à la retraite est l’occasion d’une relecture plus longue : Olivier Chazy, Jean-Christophe Brelle, Paul Israël. Bernard Perrin relit une cinquantaine de lettres publiées à l’occasion des décès. Autant d’itinéraires témoins
de la course de la Parole dans une histoire.
D’autres articles développent une réflexion plus théologique : Comment cette course de la Parole s’est
structurée dans l’histoire et la vie de l’Eglise ? Arnaud Favart, Bernard Michollet, Joël Cherief. Prenons le temps de plonger personnellement dans ces récits, relectures et réflexions.

La Lettre aux Communautés est un outil de
la recherche commune. Elle porte une attention
particulière aux diverses mutations qui
transforment la vie des hommes et des peuples.
Elle concourt aux dialogues d’Eglise à Eglise en
sorte que l’Evangile ne reste pas sous le boisseau
à l’heure de la rencontre des civilisations.
Tous les articles procèdent d’une confrontation
loyale avec les situations et les courants de pensée
qui interpellent la foi chrétienne. Ils contribuent
à porter la question de Dieu dans un
monde qui n’est plus structuré pour l’entendre.

En équipe, dans nos soirées nécessairement brèves, partageons autour d’un texte, comme nous le ferions d’un texte biblique.
Pour une rencontre plus longue, croisons deux récits ou un témoignage plus long (…).

Prenons le temps de nous laisser surprendre
par ce qui est écrit.
Qu’est-ce que cela dit de l’intimité profonde entre la parole de Dieu et le corps de l’homme ?
Qu’est-ce que cela révèle du don de Dieu ? de la responsabilité de l’homme ?
Après ce temps d’écoute gratuite, comment
cela m’éclaire-t-il sur ma propre expérience ?

Dans une journée régionale, il est possible de prendre un texte plus réflexif pour explorer la source et la responsabilité apostolique aux-quelles les équipes de mission sont appelées à prendre part ? Voire solliciter son auteur.

Qu’est-il dit du service de la Parole ?
de ses caractéristiques ? de ses exigences ?
Comment la Parole est-elle accueillie ?
Comment des membres de la Communauté Mission de France l’engagent-ils ? comme laïcs ? comme diacres ? comme prêtres ?
Comment cela éclaire-t-il notre expérience ?
Quel effet du travail de la Parole en nous ?

Extraits de la Lettre aux Communautés n° 283

« Se mettre au service de la Parole de Dieu dans un monde plein de bavardages et de malentendus, n’est-ce pas déjà un peu perdu d’avance ?
Et pourtant, serviteur de la parole, ça me parle ! »
Isabelle Salembier
enseignante, mère de famille

« Pour moi, servir la Parole est donc avant tout, la chercher, la rencontrer, la découvrir souvent là où on ne l’attend pas et témoigner de cette présence agis-sante du Christ dans nos vies et dans le monde. Ce travail de découverte et d’interprétation de la Parole n’est pas que le travail de quelques-uns, mais le travail de tous »
Guy Trambly,
prêtre et enseignant chercheur en physique

« Cela me donne envie, comme diacre serviteur de la Parole, d’accueillir la simple parole humaine comme lieu où la Parole de Dieu plante sa tente. (…) A travers la parole des humains avec qui nous cheminons, je découvre petit à petit quelque chose de la Parole de Dieu qui se dévoile ».
Daniel Batisse, médecin et diacre

« Devenir missionnaire, personnellement et en équipe, ne peut se vivre sans être pénétré, pétri par les paroles d’Évangile, selon une expression de Madeleine Delbrêl. »
Marie-Thérèse Weisse, équipe Lorraine

« La Parole n’est pas un plus qui vient enrichir notre sa-voir et notre pouvoir, elle est habitée par un Autre. Il ne s’agit pas de prendre la parole, de se saisir de la Parole mais de se laisser saisir ! »
Hughes Ernoult, médecin, membre du SRF

« La responsabilité apostolique prend sa source dans la manière des apôtres d’avoir articulé la parole de la foi et la fraternité, le pain partagé et la prière. Dire que la Mission de France prend part au ministère apostolique, c’est dire que sa manière d’être s’inspire des apôtres. Et qu’elle s’en inspire parce qu’elle reçoit sa mission des évêques, responsables du ministère apostolique, successeurs des apôtres. »
Arnaud Favart, vicaire général