Histoire de la Mission de France

Conception : Nathalie Viet-Depaule (CNRS-CEMS)
& Bernard Boudouresques (prêtre de la Mission de France)

 

Repères de 1954 à 1969

 

1954

18 janvier 1954 :
décision de la fermeture définitive du séminaire de la Mission de France, donc de la Mission de France.
« Le 18 janvier 1954, le cardinal Pizzardo, préfet de la Congrégation des Séminaires notifia à l’évêque de Lille la fermeture définitive du séminaire de la Mission de France et donc la suppression de celle-ci. On créera à la place un « institut de formation missionnaire » qui accueillera des prêtres pour une année de recyclage avant qu’ils ne soient embauchés définitivement par des évêques de régions déchristianisées. »

1er mars 1954 :
date fixée par les évêques français à la centaine de prêtres, diocésains et religieux, qui travaillent à plein temps, en usines ou sur des chantiers, pour qu’ils cessent leur activité professionnelle.

15 août 1954 :
le Pape Pie XII donne un statut définitif à la Mission de France par la Constitution apostolique « Omnium ecclesiarum ».

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La constitution apostolique, en ces heures où l’évolution du monde déroutait tant de chrétiens, voire de pasteurs, marquait une prise de position, ferme et audacieuse du Saint-Siège :
– La reconnaissance d’une situation missionnaire dans les pays de vieille chrétienté.[…]
– La création d’un clergé séculier, non pas diocésain, mais national, instrument d’action apostolique pour l’épiscopat de France en tant que tel (anticipation de ce que le concile Vatican II dira des conférences épiscopales nationales).
– La spécificité de l’action missionnaire qui requiert donc une formation particulière en vue d’annoncer l’Évangile à des non-croyants.

20 octobre 1954 :
réouverture du séminaire de la Mission de France à Pontigny (Yonne) : 91 présents en octobre 1954 dont 54 anciens de Lisieux-Limoges et 37 nouveaux admis (selon le rapport du Père Jean Morel adressé à la commission épiscopale le 8 mars 1955).

« Le 20 octobre avait lieu la rentrée du séminaire à Pontigny : il y avait un nouveau supérieur, le Père Morel, sulpicien, ancien supérieur du séminaire de théologie de Lyon, un corps professoral complètement renouvelé [seul Claude Wiener, prêtre de la Mission de France, était reconduit dans ses fonctions], 80 séminaristes. »

« Nous nous empressons de vous communiquer le « nihil obstat » concernant les professeurs, sulpiciens et non sulpiciens, dont votre Éminence a envoyé la liste le 10 de ce mois : MM. Paul Faynel, PSS, Jean Harrouet, PSS, Pierre Teyssié, PSS, M. Claude Wiener, du diocèse de Tulle, M. Daniel Boureau, du diocèse de Bayeux, M. André Laurentin, de l’archidiocèse de Paris [cette autorisation lui sera immédiatement retirée]. Cet agrément peut être considéré, en outre, comme étendu à M. Paul Toinet, du diocèse d’Autun. »

Lettre du cardinal Pizzardo, préfet de Sainte Congrégation des séminaires, au cardinal Liénart, évêque de Lille, président de la commission épiscopale de la Mission de France, le 21 septembre 1954.

15 décembre 1954 :
élection de la nouvelle prélature nullius à Pontigny et intronisation du cardinal Liénart dans sa nouvelle charge par Mgr Marella, nonce apostolique en France. Ce dernier officialise en même temps un certain nombre de documents officiels qui sont des textes d’application de la Constitution Omnium ecclesiarum.

nomination du Père Jean Vinatier, ancien consulteur du Père Perrot de 1952 à 1954, comme vicaire général de la Mission de France. Le Père Daniel Perrot, délégué général de la Commission épiscopale, quitte alors ses fonctions.

22 décembre 1954 :
premières incardinations à la Mission de France : Gilles Couvreur, André Laurentin et René Santraine.

Été 1954 :
achat des bâtiments de l’abbaye de Pontigny (Yonne) où vont s’installer le vicaire général et le conseil de la Mission de France ainsi que le séminaire de la Mission de France.

13-17 septembre 1954 :
première assemblée générale de la Mission de France au petit séminaire de Paris, impasse de Conflans, à Charenton-le-Pont (Seine), prévue par la Constitution apostolique et présidée par le cardinal Achille Liénart, futur Prélat de la Mission de France. Au cours de cette assemblée,  » le cardinal Liénart présente et commente la Constitution apostolique et le document sur « L’esprit de la Mission de France tel que l’entend la commission épiscopale », document rédigé par Mgr Garrone, coadjuteur de Mgr Saliège, archevêque de Toulouse, compte tenu des lettres envoyées par les membres de la Mission en réponse à la demande du 9 mars. » C’est le cardinal Achille Liénart qui en établit les conclusions.
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17 septembre 1954 :
nomination du Père Jean Morel, prêtre de Saint-Sulpice, supérieur du séminaire de théologie de Lyon, comme supérieur du séminaire de la Mission de France.

fin septembre 1954 :
réunion des séminaristes qui attendent la réouverture du séminaire. Prévue à Morsang-sur-Orge (Seine-et-Oise), elle a lieu à Limoges.
Lettre de convocation de l’équipe des Pères du séminaire de Limoges, 10 août 1954.

13-15 octobre 1954 :
la LIXe Assemblée des cardinaux et archevêques de France décide que la commission épiscopale de la Mission de France ne relèvera plus directement de la commission épiscopale du clergé et des séminaires.
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23 octobre 1954 :
nouvelle commission épiscopale de la Mission de France.
« Quelques jours plus tard, le 23 octobre, un décret de la Sainte Congrégation consistoriale approuvait la composition de la nouvelle commission épiscopale présentée au Saint-Siège par l’Assemblée des cardinaux et archevêques ; il s’agissait du cardinal Liénart, évêque de Lille, de NN. SS. Lamy, archevêque de Sens, de Bazelaire, archevêque de Chambéry, Guiller, évêque de Pamiers, Leclerc, évêque auxiliaire de Paris, Marty, évêque de Saint-Flour, Pinier, évêque de Constantine, Parenty, évêque auxiliaire d’Arras. »

12 novembre 1954 :
nomination par Rome du cardinal Achille Liénart comme prélat nullius de Pontigny, c’est-à-dire comme évêque ordinaire de la Mission de France.
« Pie, Évêque, serviteur des serviteurs de Dieu
À notre cher fils, Achille, cardinal Liénart, évêque de Lille et prélat ordinaire nommé de la prélature « nullius » de la Mission de France ou de Pontigny, salut et bénédiction apostolique. »

1955

Été 1955 :
création d’une équipe de la Mission de France en milieu hôtelier. Le Père Roger Élisseix, prêtre de la Mission de France, sera le premier à travailler comme saisonnier, en décembre 1956.

19 novembre 1955 :
ratification de la Loi propre de la Mission de France. Le cardinal Achille Liénart la présente comme « la règle « à suivre » pour faire fonctionner la Mission dans le cadre du statut canonique ».
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« Mes chers Amis, Je vous présente aujourd’hui la Loi propre de la Mission de France. Qu’est-ce que c’est ? C’est la règle que nous allons suivre pour faire fonctionner la Mission, dans le cadre du statut canonique que nous avons reçu du Saint-Siège. Nous avons été chargés de l’élaborer nous-mêmes et nous avons pu tenir compte de nos usages et de nos besoins. Le texte que nous avons soumis à l’agrément de la Sacrée Congrégation consistoriale vient d’être approuvé par elle et c’est ce texte que nous vous communiquons. Vous y verrez comment est conçu le gouvernement de la Mission en vue du travail missionnaire, le rôle précis de la commission épiscopale et celui des délégués régionaux, nos accords avec les évêques par le moyen des contrats ; bref, tout ce que vous avez intérêt à connaître sur la manière dont nous sommes organisés. Nous voilà dotés d’un bon organisme, ce qui est une condition favorable pour bien travailler. Il doit servir à soutenir et à favoriser le développement de votre action missionnaire. Je souhaite que notre Loi propre, en définissant mieux le rôle de chacun au service de la Communauté, donne à nos efforts pour révéler au monde païen le Christ-Jésus et son Église, une plus grande force et une plus large efficacité. »

Achille, cardinal Liénart, prélat de la Mission de France

23 janvier 1955 :
première ordination sacerdotale à Pontigny : Emmanuel de Vesvrotte.

Janvier 1955 :
le Père René Salaün, nommé membre du Conseil de la Mission, chargé des problèmes urbains, devient responsable de la commission urbaine ; le Père Maurice Hornuss, nommé membre du Conseil de la Mission, chargé des problèmes ruraux, deviendra responsable de la Commission rurale en 1956 ; le Père Michel de Geuser, est nommé économe et chancelier de la Mission de France.

9-11 mars 1955 :
la réunion de la LXe Assemblée des cardinaux et archevêques de France est informée du rapport du Père Jean Vinatier, vicaire général, sur l’état de la Mission de France.
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Avril 1955 :
première session de l’ensemble des communautés rurales avec Mgr François Marty, évêque de Saint-Flour et membre de la commission épiscopale du monde rural.

Juin 1955 :
première session de l’ensemble des communautés urbaines de la Mission de France.

1er octobre 1955 :
rentrée du séminaire.
« 16 sont encore absents provisoirement parmi lesquels 12  » rappelés « . Le chiffre total atteindra 107 : 83 théologiens et 24 philosophes. Sur les 107 : 35 sont en 6e année, 15 en 5e , 14 en 4e , 19 en 3e , 14 en 2e , 10 en 1re. 43 sont des anciens de Lisieux-Limoges, 26 de Pontigny et 38 nouveaux. »

12-14 octobre 1955 :
la LXIe Assemblée des cardinaux et archevêques de France donne des informations sur la Mission de France.

« L’organisation de la Mission, en conformité avec la Constitution apostolique s’est poursuivie dans les conditions les plus satisfaisantes. 193 prêtres ont été régulièrement incardinés ; une centaine d’autres travaillent avec eux, tout en restant incardinés dans leurs diocèses respectifs. L’ensemble des prêtres ainsi associés à l’apostolat de la Mission de France s’élève donc à près de 300, répartis en 81 postes dont 78 en France métropolitaine, 2 en Algérie et un à la Martinique. En raison de la dispersion de ces postes, Son Éminence le cardinal Liénart insiste sur l’importance du rôle de liaison et de coordination qui est assuré par les délégués régionaux. »

1956

Février 1956 :
première réunion des délégués régionaux. Ceux-ci, selon la Loi propre, sont chargés d’assurer la liaison et l’unité entre les diverses communautés d’une région, de promouvoir leur effort missionnaire et de représenter le prélat et la Mission auprès des évêques des diocèses concernés.

16 avril 1956 :
arrêté d’expulsion du préfet de Constantine de trois prêtres de Souk-Ahras en Algérie (Louis Augros, Joseph Kerlan et Pierre Mamet) qui provoqua la déclaration publique du 3 juin 1956 du cardinal Achille Liénart, prélat de la Mission de France, et du Père Jean Vinatier, vicaire général de la Mission de France.
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24 février 1956 :
rapport sur le mouvement missionnaire en France adressé au cardinal Maurice Feltin, archevêque de Paris.Il est rédigé par une commission composée de membres de la Mission de France, de l’Action catholique ouvrière et de prêtres, sous la direction du Père Jacques Bonnet, aumônier national de l’ACO, chargé de la coordination de l’apostolat en milieu ouvrier.
« Les contacts entre Mission de France, Action catholique ouvrière et prêtres au travail sont maintenant devenus un véritable travail en commun d’élaboration et de recherche. Ce rapport en est le témoignage. Il a été entièrement rédigé par une commission où les trois organismes étaient représentés. J’ai pensé que vous seriez heureux d’avoir un document qui constitue l’expression de l’ensemble des éléments missionnaires. »

29 février – 2 mars 1956 :
la Mission de France est appelée à collaborer avec le chanoine Jacques Bonnet, aumônier national de l’Action catholique ouvrière, dans le but d’organiser la Mission ouvrière.

« L’assemblée des cardinaux et archevêques exprime sa gratitude à M. le chanoine Bonnet, premier aumônier national de l’Action catholique ouvrière (ACO) pour les efforts qu’il a déjà entrepris en vue de coordonner les initiatives apostoliques qui touchent à la mission ouvrière, conformément au mandat spécial qu’elle lui avait donné en octobre 1952. L’assemblée confirme et précise ce mandat de coordination dans le plein respect des autonomies de chaque institution ou mouvement : Mission de France, ACO et JOC, prêtres au travail, curés de paroisses en milieu prolétarien, Centre pastoral des Missions de l’intérieur, instituts séculiers destinés à l’évangélisation des masses populaires, Prado, etc. »

13-22 mars 1956 :
première visite officielle à Rome du cardinal Achille Liénart, prélat de la Mission de France, et du Père Jean Vinatier, vicaire général de la Mission de France. Le pape Pie XII les reçoit le 16 mars.

Mars 1956 :
Trois prêtres de la Mission de France, les Pères Maurice Batigne, Pierre Judet et Georges Mollard, membres de l’équipe de Saint-Michel à Marseille (paroisse confiée à la Mission de France depuis 1952 dont le curé est le Père Georges Mollard) sont priés de quitter le diocèse à la demande de Mgr Delay, évêque de Marseille.

Juin 1956 :
nomination de Mgr Ménard, évêque de Rodez, à la commission épiscopale de la Mission de France.

« A la dernière assemblée des cardinaux et archevêques, son Éminence le cardinal Liénart a exprimé le désir qu’un évêque de la commission du monde ouvrier fasse partie de la commission épiscopale de la Mission de France. La Mission a en effet 23 communautés urbaines et leurs préoccupations rejoignent souvent les problèmes de l’évangélisation du monde ouvrier. L’assemblée des cardinaux et archevêques a agréé le désir de la Mission de France. Elle a désigné son Excellence Mgr Ménard, évêque de Rodez, ancien aumônier d’Action catholique ouvrière, pour faire partie de la commission épiscopale. Lors de son dernier voyage à Rome, son Éminence le cardinal Liénart a soumis à l’approbation du Saint-Siège cette nomination et son Éminence le cardinal Piazza, préfet de la Sainte congrégation consistoriale, l’a ratifié volontiers. »

17-21 septembre 1956 :
deuxième assemblée générale de la Mission de France à Pontigny. Le Père Jean Vinatier, vicaire général de la Mission de France, donne dans son rapport d’orientation l’état de la Mission.

« 252 prêtres sont incardinés. Une quinzaine sont en voie de l’être. Dans les équipes de la Mission se trouvent 355 prêtres, ce qui fait 103 prêtres diocésains qui travaillent avec nous. Sur les 252 prêtres incardinés, 44 sont sortis au cours des deux dernières années du séminaire de Pontigny, mais la majorité d’entre eux étaient passés à Limoges ou à Lisieux. Le Mission comprend : 81 communautés dont 37 rurales, 30 urbaines, 5 outre-mer, 5 à la Mission de la Mer, 4 équipes diverses. Ces 81 communautés sont dispersées dans 40 diocèses, 35 contrats ont été signés, une trentaine sont en chantier. 185 prêtres sont affectés à des tâches paroissiales (ce chiffre se ramène à 159 si l’on met à part ceux qui sont détachés partiellement pour une présence plus directe dans divers milieux). 68 prêtres sont détachés pour cette présence. Sur ces 68, 42 sont détachés totalement : 17 ruraux, 25 urbains (y compris la Mission de la Mer), 26 sont détachés partiellement : 18 prêtres sont détachés pour un rôle d’aumôniers, 7 prêtres sont affectés à la direction de la Mission, 5 sont étudiants ou en attente, 3 sont itinérants. »

1er octobre 1956 :
entrée du séminaire : 75 présents dont 15 en 6e année, 12 en 5e , 14 en 4e , 12 en 3e, 7 en 2e et 15 en 1re, soit 50 anciens et 25 nouveaux.

10 octobre 1956 :
à la suite de l’assemblée générale de septembre, le cardinal Achille Liénart, prélat de la Mission de France, adresse à tous les prêtres de la Mission de France une lettre pastorale qui répond aux questions qui lui ont été posées au sujet de la Mission ouvrière, de la liberté d’initiative dont peuvent user les prêtres de la Mission dans leurs paroles publiques, leurs écrits et leurs engagements et de la guerre d’Algérie.
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Octobre 1956 :
le cardinal Achille Liénart, prélat de la Mission de France, nomme les Pères Maurice Hornuss et André Mas de Feix assistants ruraux du Père Jean Vinatier, vicaire général de la Mission de France, et le Père Etienne Keller, ancien professeur au séminaire de Lisieux, économe et chancelier qui remplace le Père Michel de Gueuser, mort en août 1956.

1956 :
premières équipes en Tunisie (Kairouan) et en Martinique (Fort de France).

1957

24 janvier 1957 :
première rencontre entre prêtres de la Mission de France et laïcs.

13-14 mars 1957 :
l’Assemblée des cardinaux et archevêques de France crée la Mission ouvrière et décide d’en confier le secrétariat national au chanoine Jacques Bonnet, aumônier général de l’ACO. Ce dernier rappelle dans son rapport  » Vers la mise en place de la Mission ouvrière « , qu’il présente à l’Assemblée, le rôle de la Mission de France. Le chanoine Jacques Bonnet sera assisté de deux prêtres : le chanoine Frossard, sous-directeur des œuvres diocésaines, et l’abbé René Lehodey, prêtre de la Mission de France et de deux laïcs : Pierrette Ferrières et Marius Chirat.
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Octobre 1957 :

création de l’équipe de recherche sur les secteurs à évangéliser (ERSE) avec les Pères Julien Potel, Roger Beaume et Étienne Fréby.

Début mars 1957 :
arrestation à Alger du Père Jean-Claude Barthez, prêtre de la Mission de France, membre de l’équipe d’Hussein-Dey. Il est inculpé  » d’atteinte à la sécurité extérieure de l’État  » dans le procès des  » chrétiens progressistes « . Ce procès aura lieu du 22 au 24 juillet 1957. Le Père Jean-Claude Barthez sera condamné à cinq ans de prison avec sursis. Il y aura d’autres arrestations.

Le 13 octobre 1958, à Saclay, arrestation du Père Bernard Boudouresques, prêtre de la Mission de France, membre de l’équipe scientifique, pour avoir hébergé des militants du FLN (son procès n’aura jamais lieu) ;

le 2 janvier 1960, à Alger, arrestation du Père Joseph Kerlan, prêtre de la Mission de France, membre de l’équipe du port d’Alger (son procès aura lieu le 23 mai 1960 à Alger et il sera condamné à cinq ans de prison avec sursis) ;

le 8 mars 1960, à Montluçon, arrestation du Père Christien Corre, prêtre de la Mission de France, membre de l’équipe de Montluçon (son procès aura lieu les 7 et 8 juillet 1960 à Lyon et il sera condamné à un an de prison ferme) ;

le 29 janvier 1961, à Lyon, arrestation du Père Robert Davezies, prêtre du diocèse de Tarbes, membre de l’équipe scientifique de la Mission de France (son procès aura lieu le 12 janvier 1962 et il sera condamné à trois ans de prison).

29-30 juin 1957 :
première session nationale à Bagneux organisée par le secrétariat de la Mission ouvrière pour les prêtres dont le ministère comporte un certain nombre d’heures de travail. Sur 37 prêtres présents, 24 sont membres de la Mission de France.
« Elle a pour but :
1° de mettre au point les questions posées à chacun, aux équipes et aux secteurs, par cette situation sacerdotale ;
2° de dégager le rôle des prêtres travaillant à temps limité dans le cadre de la Mission ouvrière ;
3° de préciser, à partir de nos expériences, la portée de ce travail à temps limité et les conditions qui doivent être respectées pour l’extension à de nouveaux prêtres de semblables situations. »

5 mai – 14 juillet 1957 :
première session de formation du Centre sacerdotal de Migennes (Yonne) pour les prêtres de la Mission de France et diocésains faisant partie d’une équipe de la Mission de France. Cette session a été décidée à l’assemblée générale de 1956 pour répondre au besoin, maintes fois exprimé par les prêtres, au terme de quelques années de sacerdoce, de faire le point sur leur vie apostolique et spirituelle et sur leur place dans l’effort d’ensemble de la Mission de France. Le responsable est le Père Marcel Job, le principal animateur en sera le Père Jean Rémond. Cette formation annuelle durera dix ans.

12-16 septembre 1957 :
première session des chefs d’équipe de la Mission de France, à Pontigny.

1er octobre 1957 :
rentrée du séminaire : 135 inscrits. Les séminaristes retenus sous les drapeaux étant nombreux et quelques autres poursuivant leurs études dans une maison de vocations tardives, il y a 91 présents. Parmi eux, 37 nouveaux dont 19 en première année.

1957 :
Suzanne Dupré devient responsable des « équipes féminines d’ensemble ». Elle assume la tâche de permanente à mi-temps. Elle le fera à plein temps de 1959 à 1966.

1958

21-22 janvier 1958 :
session pastorale sur les problèmes posés par la guerre d’Algérie. La Mission de France prend position contre la torture et sur l’indépendance du peuple algérien. Le cardinal Achille Liénart, prélat de la Mission de France, en approuve les conclusions.
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28-29 juin 1958 :
deuxième session nationale à Bagneux pour les prêtres dont le ministère comporte un certain temps de travail, organisée par le secrétariat national de la Mission ouvrière.

2 octobre 1958 :
rentrée du séminaire. 80 séminaristes présents dont 10 en 1re année, 17 en 2e, 14 en 3e, 14 en 4e, 17 en 5e et 8 en 6e soit 17 nouveaux auxquels il faut ajouter les 6 entrés à Morsang (séminaire des vocations tardives).

9 octobre 1958 :
mort du Pape Pie XII qui avait donné à la Mission de France sa Constitution apostolique. Jean XXIII lui succède le 28 octobre suivant.

29 novembre 1958 :
décision de 14 évêques français, en accord avec Rome, pour permettre à des prêtres d’effectuer un travail artisanal.

« Le Monde (15 septembre 1959) a cité les extraits suivants d’une lettre rédigée, à la fin de l’année 1958, par 14 évêques ayant des prêtres au travail dans leurs diocèses, dont les cardinaux Liénart, Feltin et Gerlier :
Le ministère du prêtre travaillant à temps limité ne prétend pas répondre au besoin d’une présence sacerdotale dans la condition ouvrière, qui suppose le travail à temps complet dans les usines et chantiers.
Un ministère pastoral ordinaire n’est compatible avec un travail manuel que si la durée du travail est réellement limitée aux environs de trois heures par jour, quel que soit le mode de répartition sur la semaine.
Ce travail ne peut être recherché, au moins actuellement, que dans les petites affaires de type artisanal… »

1959

3 juillet 1959 :
lettre du cardinal Pizzardo, secrétaire de la congrégation du Saint-Office, interdisant tout travail pour les prêtres, même à temps limité, adressée au cardinal Maurice Feltin, archevêque de Paris, président de la Mission ouvrière, et au cardinal Achille Liénart, président de l’Assemblée des cardinaux et archevêques de France. Le texte ne sera rendu public que le 15 septembre par Le Monde. La Mission de France en sera très affectée.
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14-18 septembre 1959 :
troisième assemblée générale de la Mission de France à Pontigny. Le Père Jean Vinatier, vicaire général, fait le rapport général.

« 316 prêtres incardinés à la Mission de France, soit 64 (67 incardinations, 3 excardinations) de plus qu’à l’Assemblée de 1956. 87 communautés de la Mission de France, soit 6 nouvelles depuis 1956, contre 17 entre 54 et 56 : le ralentissement est volontaire et correspond au souhait exprimé à l’Assemblée générale de 1956 de renforcer les communautés existantes afin de dégager des prêtres pour des tâches plus importantes.
[…]
Un travail considérable a été fait en ce qui concerne la Mission ouvrière. Pour notre part, après avoir longuement réfléchi, nous avons choisi d’entrer pleinement dans ce travail. Je crois que ce que les uns et les autres ont été amenés à y faire a eu des répercussions sérieuses. Ceci s’est traduit concrètement dans bien des diocèses par l’entrée des prêtres de la Mission dans le travail à temps limité, tout en restant rattachés étroitement à des équipes paroissiales. Je reste persuadé que nous n’avons aucunement à regretter le travail, malgré l’épreuve actuelle si douloureuse pour ceux qui y avaient mis tout leur cœur. Bien des yeux se sont ouverts, bien des prêtres travaillant pour le monde ouvrier sentent la nécessité de ce qui n’apparaissait pas hier. Les prises de position de l’ACO montrent d’autre part comment la conscience claire des militants ouvriers chrétiens appuie tout ce qui fait notre raison d’être. »

A l’issue de l’assemblée générale, le cardinal Achille Liénart, prélat de la Mission de France, donne ses consignes.
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décembre 1959 :
le Père René Salaün, prêtre de la Mission de France, publie dans la Lettre aux communautés « Quelques réflexions à propos de la lettre du cardinal Pizzardo concernant les prêtres au travail ».

« […] Les prêtres de la Mission Ouvrière ont toujours estimé, pour leur part, que ce n’est pas le travail à lui seul qui est un témoignage, mais la manière évangélique et sacerdotale de s’y comporter.
Nous éprouvons souvent dans nos secteurs que pour pouvoir parler de Dieu aux gens, il faut que l’Église leur fasse signe. Parce que nous pressentons leur attente spirituelle obscure, nous ne cessons de chercher comment notre style d’existence, nos gestes, nos actions, nos abstentions parfois, y répondront le mieux. L’Église se doit d’atteindre par son témoignage le monde d’aujourd’hui, surtout les plus pauvres, et les plus affrontés aux problèmes difficiles. À notre place de prêtres d’un secteur donné, nous avons part à cette responsabilité de l’Église.[…]
Mais nous devons veiller à ajuster exactement ce témoignage non seulement à l’attente des hommes, mais à la vérité du Christ et de l’Église. Nous devons pouvoir le justifier à nous-même et aux autres, être capables de  » rendre compte de l’espérance qui est en nous « . (1P III, 26).
C’est le but de cet effort de réflexion religieuse et de vie spirituelle que l’Assemblée générale a voulu promouvoir à travers toute la Mission. Les événements et les hommes ne cessent de nous poser des questions, en particulier dans le cadre de la vie locale des secteurs qui nous sont confiés. Et c’est à l’occasion de ces questions que notre témoignage, comme celui des chrétiens laïcs, est rendu ou pas, compris ou pas, susceptible ou pas d’être expliqué par la Parole.[…] »

avril 1959 :
le cardinal Maurice Feltin, archevêque de Paris, en tant que président de la Mission ouvrière, transmet à Rome un rapport sur l’apostolat ouvrier en France. Ce rapport est le résultat d’un travail collectif effectué sous la responsabilité du secrétariat national de la Mission ouvrière, conformément à la décision prise à l’Assemblée des cardinaux et archevêques du 29 novembre 1958. Son but est de mettre le Saint-Siège au courant des résultats obtenus en ce domaine, en particulier par les prêtres au travail (70 environ pour toute la France), demandant aux autorités romaines de se prononcer sur cette forme de ministère.

20-21 juin 1959 :
troisième session nationale à Bagneux pour les prêtres dont le ministère comporte un certain temps de travail, organisée par le secrétariat national de la Mission ouvrière.

1959 :
le Père Roland Garrigues est chargé par la Mission de France d’assurer, avec Suzanne Dupré, la responsabilité des « équipes féminines d’ensemble ».

1960

15 mars 1960 :
réactions des séminaristes et des prêtres de la Mission de France après la lettre du cardinal Pizzardo du 3 juillet 1959, lors de la réunion de la commission épiscopale de la Mission de France, le 15 mars 1960.
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25-27 avril 1960 :
4e Assemblée plénière de l’épiscopat français pour étudier  » l’évangélisation des milieux déchristianisés « .
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13-22 août 1960 :
première session de formation pour laïcs à Pontigny pour « aider des chrétiens à devenir adultes dans la foi ».

Octobre 1960 :
première équipe Mission de France en Afrique noire, à Abidjan (Côte d’Ivoire) avec le Père Paul Collet pour responsable.

1960 :
parution du livre de Jacques Faupin, La Mission de France, Paris, Casterman.

1961

juillet 1961 :
nomination du Père Henri Le Sourd, prêtre de Saint-Sulpice, curé de la paroisse Saint-Sulpice à Paris depuis 1949, comme supérieur du séminaire, en remplacement du Père Jean Morel.

20 septembre 1961 :
ouverture à Lyon du Foyer de préparation à la Mission (FPM) sous la responsabilité du Père Christian du Mont, prêtre de la Mission de France, dans le but d’assurer une première formation humaine et chrétienne, pendant un an, destinée à des jeunes orientés vers le sacerdoce missionnaire tel qu’il est vécu à la Mission de France. Le Foyer sera fermé en 1965.

11 décembre 1961 :
première réunion de l’atelier national  » Prêtres de paroisse travaillant manuellement  » (PPTM). Il comprend des membres du Conseil de la Mission de France et des prêtres de la Mission de France au travail de différentes régions.
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fin 1961 :
création de l’atelier « Mission et paroisse » dont l’objectif est de réfléchir sur la signification et le rôle de la paroisse pour la Mission de France.

1962

Avril 1962 :
première rencontre nationale à Pontigny sur la vocation dans le but de permettre à des jeunes gens de 17 à 22 ans de se poser, pendant quatre jours, la question de leur avenir en terme de vocation missionnaire. Ces rencontres ont duré jusqu’en 1968, sous la responsabilité du Père Jean-Pierre Marchand.

11 octobre 1962 :
ouverture du concile Vatican II. Parmi les présents : le cardinal Achille Liénart, prélat de la Mission de France et membre du Conseil de Présidence, ainsi que deux membres de la commission épiscopale de la Mission de France, Mgr Villot, archevêque de Lyon, premier secrétaire adjoint du concile et Mgr François Marty, élu par les Pères du concile pour siéger à la commission du clergé. Le 13 octobre, le cardinal Achille Liénart s’oppose au vote immédiat des membres des grandes commissions conciliaires dont les listes ont été préparées par la Curie. Il demande un temps pour se connaître et avoir plus de liberté dans la nomination des commissions.

17 décembre 1962 :
première réunion de la commission Tiers-Monde. Elle se donne pour objectif « la collaboration entre les équipes qui sont en France et celles qui sont dans le Tiers-Monde, la manière dont les problèmes du Tiers-Monde doivent affecter l’effort des communautés en France, la relation des équipes avec des étrangers Tiers-Monde vivant en France et la recherche d’informations sur les implantations éventuelles de la Mission dans le Tiers-Monde ». Elle est composée du responsable régional, d’un professeur de Pontigny, de prêtres attentifs au Tiers-Monde et d’autres membres de la Mission. Elle s’assure la collaboration de laïcs et est en lien avec les commissions rurale et urbaine. Son secrétariat se trouve au 60, rue de Rome, à Paris (VIIIe arrondissement).

19 mars 1962 :
nomination de Mgr François Marty, archevêque de Reims, pour seconder le cardinal Achille Liénart.

« Son Éminence le cardinal Liénart, en raison de sa participation à la commission centrale du Concile, doit faire de fréquents et longs séjours à Rome. Cette obligation s’ajoute aux charges pastorales absorbantes qui sont les siennes dans le diocèse de Lille et au plan national. Pour éviter que la Mission de France en pâtisse et tout en restant son Prélat, il a demandé au Saint Père la faculté de pouvoir être secondé par Son Excellence Mgr Marty, archevêque de Reims. L’autorisation de le déléguer  » ad universitatem negotiorum  » [ » pour la totalité des affaires « ] lui a été donnée par un décret de la sacrée congrégation consistoriale en date du 13 juillet 1962.
De plus les membres de cette commission participant collégialement à la même responsabilité ont précisé les domaines dont chacun assumerait la charge au nom de tous. Son Excellence Mgr Marty suit déjà les affaires relatives au séminaire. Désormais Mgr Villot coadjuteur de Lyon, aidé de NN SS Parenty [évêque auxiliaire d’Arras] et Le Cordier [évêque auxiliaire de Paris], s’occupera particulièrement de tout ce qui a trait aux communautés urbaines. Mgr Gufflet [coadjuteur de Limoges] s’occupera des communautés rurales avec le concours de Mgr Ménard [évêque de Rodez]. »

21-23 mars 1962 :
Mgr Pierre Veuillot, coadjuteur de Paris, membre du Comité épiscopal de la Mission ouvrière, présente à l’Assemblée des cardinaux et archevêques une vue d’ensemble de la Mission ouvrière :

« Progressivement précisé, l’objet propre de la Mission ouvrière reste tel que l’a défini le cardinal Feltin à l’assemblée d’octobre 1960. Actuellement elle anime sous l’autorité des évêques respectifs 26 secteurs dans 16 diocèses, 5 secteurs sont en préparation. »

18-19 juin 1962 :
session régionale à Lyon pour les prêtres en plus grande proximité du monde ouvrier pour les régions apostoliques du Centre-Est et du Centre, organisée par le secrétariat national de la Mission ouvrière. Il s’agit d’étudier l’effort d’équipes sacerdotales pour l’évangélisation du monde ouvrier d’aujourd’hui, sous la présidence de Mgr Villot, archevêque-coadjuteur de Lyon. 5 prêtres sur 11 présents et 4 chefs d’équipes sur 9 invités font partie de la Mission de France.

Août 1962 :
les deux prêtres de l’équipe de Saint-Marc à Grenoble (paroisse confiée à la Mission de France dont le curé est le Père Georges Mollard) sont priés de quitter le diocèse à la demande de Mgr Fougerat, évêque de Grenoble qui, à l’expiration du contrat entre la Mission de France et le diocèse, refuse de le renouveler.

3-7 septembre 1962 :
quatrième assemblée générale de la Mission de France à Pontigny. Elle met l’accent sur la nécessité pour chacun des membres de la Mission de France « d’être en partage avec des non-chrétiens ». Parmi les propositions votées, trois d’entre elles concernent le travail manuel :

  • proposition 6 : Dans toute équipe, un travail manuel régulier sera recherché pour au moins deux membres de l’équipe (sous les formes actuellement autorisées).
  • proposition 7 : Des occasions de travail même très limitées seront trouvées pour la majorité des membres de chaque équipe. Il est souhaitable dans les équipes composées de deux prêtres, que les deux fassent une place au travail manuel.
  • proposition 8 : Qu’on aménage, hiérarchise, simplifie les charges pastorales traditionnelles, afin de rendre possible par priorité le travail manuel jugé nécessaire pour l’évangélisation des non-chrétiens. »

Novembre 1962 :
la commission urbaine indique que 45 prêtres faisant partie d’équipes urbaines consacrent un certain temps au travail manuel.

11-12 décembre 1962 :
session régionale à Marseille pour les prêtres en plus grande proximité du monde ouvrier pour les régions apostoliques de Provence-Méditerranée et du Midi, organisée par le secrétariat national de la Mission ouvrière. Il s’agit d’étudier l’effort d’équipes sacerdotales pour l’évangélisation du monde ouvrier d’aujourd’hui, sous la présidence de Mgr Lallier, archevêque de Marseille. 11 prêtres sur 22 présents et 4 chefs d’équipes sur 11 invités font partie de la Mission de France.

1963

Au cours du concile, de 1963 à 1965, le Père René Salaün, prêtre de la Mission de France, est expert théologien dans le groupe français de la commission conciliaire sur le ministère et la vie des prêtres.

3 juillet 1963 :
le Père André Laforge, chef de l’équipe de la Mission de France à Toulouse, est nommé vicaire général de la Mission de France en remplacement du Père Jean Vinatier.

Au début de 1963, le Père Louis Morteau est nommé président de la commission urbaine, le Père Alain Carof, président de la commission rurale et le Père Emmanuel Deschamps, délégué pour les communautés hors de France.

24 février 1963 :
la commission urbaine indique que 62 prêtres faisant partie d’équipes urbaines consacrent un certain temps au travail manuel.

14-15 juin 1963 :
session à Bagneux des prêtres placés en plus grande proximité du monde ouvrier pour les régions apostoliques de l’Ouest, du Sud-Ouest et pour les diocèses de Langres, Rouen et Soissons, organisée par le secrétariat national de la Mission ouvrière. Il s’agit d’étudier l’effort d’équipes sacerdotales pour l’évangélisation du monde ouvrier d’aujourd’hui, sous la présidence de Mgr Pierre Veuillot, archevêque-coadjuteur de Paris. 14 prêtres sur 20 présents et 6 chefs d’équipes sur 8 invités font partie de la Mission de France.

septembre 1963 :
– avec l’agrément du cardinal Achille Liénart, le cardinal Maurice Feltin nomme le Père René Lehodey, prêtre de la Mission de France, coordinateur du secteur missionnaire de la Boucle de la Seine.

– par décision du cardinal Achille Liénart, sont nommés au Conseil le Père Bernard Blanchy comme assistant du vicaire général de la Mission de France, le Père Georges Durand comme assistant adjoint du vicaire général ; le Père Maurice Hornuss est confirmé comme assistant et le Père Bernard Morellet comme assistant adjoint ; le Père Philippe de Fontanges est nommé délégué régional pour la région Midi.

Décembre 1963 :
premier numéro du Courrier rural, bulletin du secrétariat de la commission rurale de la Mission de France. Il paraîtra jusqu’en 1970.

1964

30 novembre 1964 :
démission du cardinal Achille Liénart comme prélat de la Mission de France.
« J’ai maintenant quatre-vingts ans et la Mission ne doit pas vieillir avec moi, mais rester jeune et ardente, c’est la raison pour laquelle j’ai demandé au Saint-Père de me permettre de me retirer et de vous donner un nouveau Prélat. »

30 novembre – 1er décembre 1964 :
session « Tiers-Monde-Occident-Église » à Pontigny qui donnera lieu à la publication d’un livre Tiers-Monde Occident Église, Paris, Le Cerf, 1967. Avec le concours de 11 intervenants économistes, journalistes sociologues, un évêque et des prêtres (belges, brésilien, camerounais, japonais, français, vietnamien, voltaïque), cette session a pour but de créer dans les communautés de la Mission de France une réflexion et une recherche sur le Tiers-Monde. Il s’agit de saisir les questions posées aux peuples d’Occident par les peuples du Tiers-Monde, d’évaluer les étapes à franchir les uns et les autres pour nouer d’authentiques relations et de comprendre ce que signifie la foi de l’Église dans le bouleversement de notre société mondiale.

5-6 décembre 1964 :
constitution d’un Atelier « Prêtres ruraux travaillant manuellement » (PRTM).

1965

19 mars 1965 :
Mgr François Marty, archevêque de Reims, est nommé prélat de la Mission de France.

3-7 septembre 1965 :
cinquième assemblée générale de la Mission de France à Pontigny. Elle a lieu avant que soit connue la décision de la Congrégation du Saint-Office d’autoriser à nouveau les prêtres à travailler à plein temps. La vocation et le rôle de la Mission de France font l’objet d’un vote approuvé par Mgr François Marty, Prélat de la Mission de France et le comité épiscopal.

« La Mission de France née de la volonté des évêques français établie par la Constitution apostolique du 15 août 1954 dépend de l’épiscopat français par le comité épiscopal qui assiste le Prélat.
La Mission de France est un corps sacerdotal interdiocésain destiné : à mettre en œuvre, selon ses capacités, et en fidélité à sa grâce propre, l’Évangile dans la rencontre de groupes humains non-chrétiens, spécialement parmi les pauvres ; à saisir dans un partage de vie effectif avec les non-chrétiens les problèmes spécifiquement missionnaires qui se posent à l’Église de France ;
à expliciter le mystère du Christ et de l’Église dans sa mission en fonction des interrogations des hommes d’aujourd’hui.

Ces trois aspects, qui se conditionnent réciproquement, constituent pour la Mission de France un objectif unique. Cet objectif implique essentiellement que tous les membres de la Mission se réfèrent en permanence les uns aux autres dans leurs attitudes de foi et leurs activités.
Ceci implique naturellement la collaboration avec tous ceux qui, dans l’Église, contribuent pour leur part à l’effort missionnaire.
Un tel objectif et l’interdépendance de ses membres pour l’atteindre font de la Mission de France l’instrument sacerdotal interdiocésain spécifique qui est nécessaire à l’épiscopat français pour la recherche missionnaire dont il a la responsabilité dans le collège universel des évêques unis au Pape.

NB. Ce texte, sur la demande expresse de Mgr Marty, ne doit pas être diffusé hors de la Mission de France. »

Cette assemblée marque un tournant dans la vie de la Mission de France en essayant de  » répondre à des problèmes nouveaux, de tenir compte des possibilités de la Mission et de prévoir en conséquence des transformations « .
Document disponible

15 octobre 1965 :
lettre du cardinal Ottaviani de la Congrégation du Saint-Office à Mgr Pierre Veuillot, président de la Commission épiscopale de la Mission ouvrière, annonçant que le Saint-Office permet à nouveau aux prêtres de travailler en milieu ouvrier. Il y met des conditions très strictes : nombre limité de prêtres, refus des responsabilités d’ordre temporel, etc.
Document disponible

8 mars 1965 :
effectifs de la Mission de France : 356 prêtres incardinés ; 71 communautés sacerdotales ; 70 séminaristes ; 30 équipes urbaines ; 26 équipes rurales ; 11 équipes hors de France (Algérie 5, Tunisie 2, Maroc 1, Côte d’Ivoire 1, Cameroun 1, Martinique 1).

8 avril 1965 :
le comité épiscopal de la Mission de France se prononce sur sa composition et sa mission.

« […] On pense que le comité ne doit pas être trop nombreux pour que ses membres puissent facilement travailler entre eux et avec le Conseil de la Mission. Une répartition rationnelle des tâches sera toujours souhaitable. Il n’y a pas nécessité actuellement à ce que chaque région apostolique y soit représentée (P. Laforge). Mgr Marty souligne que cependant l’avis des régions apostoliques peut être très utile pour déterminer des implantations. Il est sûr que les membres peuvent  » déborder  » sur les régions voisines et qu’une bonne partie du travail de la Mission peut être répercutée par le Conseil permanent. Mgr Marty pense pourtant que ce travail ne peut figurer aux délibérations du Conseil qu’une fois ou l’autre. On décide que le secrétaire de la commission pastorale peut assister aux réunions du comité et dans la région apostolique où aucun évêque n’appartient à notre comité, on pourrait inviter le vicaire général pour donner des informations.
[…]
Le séminaire :
La rentrée 1964-1965 compte seulement 48 séminaristes présents à Pontigny dont un séminariste de Formose ; absents (service militaire et surtout dans les équipes) : 18 à la rentrée de septembre, 24 ces jours-ci avec les nouveaux candidats arrivés en cours d’année et envoyés en stage préalable dans une équipe de la Mission. 3 envoyés à Morsang [séminaire des vocations tardives] et 4 au Foyer de la préparation à la Mission à Lyon. Depuis septembre, 3 séminaristes ont quitté Pontigny pour la vie laïque, un a interrompu pour aider sa famille en graves difficultés matérielles ; 2 autres ont interrompu sous leur responsabilité propre, étant trop incertains de leur vocation. Total : 72 contre 79 en novembre 1963. Il y avait en septembre 14 nouveaux contre 16 en 1962 et 18 en 1963. »

Mai 1965 :
premier numéro du Courrier urbain. Il a pour rédacteur en chef le Père Albert Grimaux, prêtre de la Mission de France, et porte sur des sujets d’actualité. Sa parution durera douze ans (67 numéros).

Août 1965 :
le Père Louis Morteau est nommé responsable régional pour la région Centre.

23 octobre 1965 :
l’Assemblée plénière des évêques de France à Rome adopte un ensemble de dispositifs destiné à fixer les conditions de reprise des prêtres au travail.
Document disponible

 

« L’épiscopat français se propose, avec l’accord du Saint-Siège, d’autoriser un petit nombre de prêtres à travailler à plein temps dans les usines et sur les chantiers, après une préparation appropriée.
Cette autorisation de travail manuel salarié, actuellement très limitée en nombre, est prévue pour une première période de trois ans.
C’est une mission essentiellement sacerdotale qui sera confiée aux prêtres au travail : comme tous les prêtres, ils sont consacrés à l’annonce de l’Évangile.
C’est pourquoi le choix de ces prêtres devra répondre à des exigences précises : aptitudes, formation adaptée, conditions de vie communautaire, relations étroites avec les autres prêtres et les militants d’Action catholique ouvrière du secteur où ils travailleront.
Le prêtre au travail pourra se syndiquer mais, sachant que les tâches temporelles reviennent en propre aux militants ouvriers, il s’abstiendra de prendre des responsabilités dans l’action syndicale et politique, à quelque niveau que ce soit.
Cette initiative relèvera de la responsabilité du Comité épiscopal de la « Mission ouvrière », habilité au nom de l’épiscopat à suivre cette première étape. »

2 décembre 1965 :
par 2243 oui et 11 non, le décret sur le ministère et la vie des prêtres  » Presbyterorum ordinis  » est adopté par le concile Vatican II. Cinq jours plus tard, le Pape le promulgue pour l’Église universelle. Dans le § 8 (union fraternelle et coopération entre prêtres), il est dit :

« Du fait de leur ordination, qui les a fait entrer dans l’ordre du presbytérat, les prêtres sont tous intimement liés entre eux par la fraternité sacramentelle ; mais, du fait de leur affectation au service d’un diocèse en dépendance de l’évêque local, ils forment tout spécialement à ce niveau un presbyterium unique. Certes, les tâches confiées sont diverses ; il s’agit pourtant d’un ministère sacerdotal unique exercé pour les hommes. C’est pour coopérer à la même œuvre que tous les prêtres sont envoyés, ceux qui assurent un ministère paroissial ou supra-paroissial comme ceux qui se consacrent à un travail scientifique de recherche ou d’enseignement, ceux-là mêmes qui travaillent manuellement et partagent la condition ouvrière – là où, avec l’approbation de l’autorité compétente, ce ministère est jugé opportun – comme ceux qui remplissant d’autres tâches apostoliques ou ordonnées à l’apostolat. »

8 décembre 1965 :
clôture du concile Vatican II.

1966

31 mai -1er juin 1966 :
accord entre les comités épiscopaux de la Mission de France et de la Mission ouvrière à propos des prêtres au travail de la Mission de France.
Document disponible

2-4 juillet 1966 :
session de Morsang-sur-Orge (Essonne) regroupant les 51 futurs prêtres au travail avec la présence et les interventions du secrétariat national de la Mission ouvrière. Sur ces 51 prêtres : 16 sont de la Mission de France, 7 du Prado, 5 des Fils de la Charité, 5 de la Compagnie de Jésus, 2 de l’Ordre des prêcheurs, 16 sont des diocésains.

24 novembre 1966 :
Le Père Emmanuel Deschamps est nommé vicaire épiscopal. Il est chargé de la préparation, de la réalisation et de la mise en œuvre de l’assemblée générale extraordinaire selon le principe adopté à l’assemblée générale de septembre 1965.

« En septembre 1965, nous avons pris rendez-vous pour une assemblée générale extraordinaire. Cette assemblée sera en fait le synode post-conciliaire de la Mission de France. Elle doit lui permettre de préciser son rôle missionnaire et interdiocésain, au service de l’Église d’après Vatican II, en référence à la responsabilité commune de la conférence épiscopale française.
Bien que déjà commencée, la préparation de cette assemblée demandera encore beaucoup de consultations et de recherches, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Mission. Elle réclame une constante unité de préoccupation, d’orientation et de direction.
C’est pourquoi, après avoir consulté le comité épiscopal et le Conseil, j’ai décidé de confier la responsabilité générale et directe de cette assemblée extraordinaire à Emmanuel Deschamps. Il reçoit pour accomplir cette tâche le titre de vicaire épiscopal, récemment institué par Motu Proprio « Ecclesiae sanctae ». Cette fonction fait de lui un collaborateur du Prélat et du Comité épiscopal pour un genre d’affaires déterminé.
Au sein du Conseil épiscopal et au nom du Prélat :
-le Père Laforge, en tant que vicaire général, a la responsabilité ordinaire de l’ensemble des affaires relatives au gouvernement et à la vie de la Mission ;
-le Père Deschamps, en tant que vicaire épiscopal, a la responsabilité propre de tout ce qui concerne la préparation, la réalisation et la mise en œuvre immédiate de l’Assemblée générale extraordinaire. »

13 janvier 1966 :
présentation d’un texte rédigé par la Mission ouvrière à propos des prêtres au travail de la Mission de France. Mgr PierreVeuillot, au titre du Comité épiscopal de la Mission ouvrière, le présente à Mgr François Marty, au titre du Comité épiscopal de la Mission de France.

18 janvier 1966 :
les quatre membres du Conseil de la Mission de France (Bernard Blanchy, Georges Durand, Rémi Crespin et Bernard Morellet adressent, chacun, une lettre de démission à Mgr François Marty, prélat de la Mission de France. Ils s’opposent au texte que Mgr Pierre Veuillot a présenté, le 13 janvier 1966, à Mgr Marty. Leurs démissions sont motivées par l’impasse dans laquelle se trouve la Mission de France dans ses discussions avec la Mission ouvrière au sujet du redémarrage des prêtres-ouvriers. Ce texte, d’après eux, se contente de prévoir les modalités de bon voisinage, mais exclut de fait la responsabilité de la Mission de France sur ces prêtres-ouvriers et rend illusoire, pour eux, la  » référence mutuelle  » avec les prêtres situés dans d’autres milieux. Ils retireront leur démission quelques semaines plus tard.

Mars 1966 :
nomination du Père Émile Marcus, prêtre de Saint-Sulpice, professeur à Pontigny, comme supérieur du séminaire de Pontigny en remplacement du Père Henri Le Sourd, nommé coordinateur de la formation sacerdotale à la Mission de France. Ce dernier demeure membre du Conseil de la Mission de France.

depuis juillet 1966 :
les  » équipes spécialisées « , c’est-à-dire les équipes de prêtres qui travaillaient parmi des marins, des gens de l’hôtellerie, des techniciens, des chercheurs scientifiques, le personnel des hôpitaux et le service des  » sans-logis « , forment un groupe de travail : l’ESGLE (Équipes spécialisées, groupe de liaison et d’étude). Elles entreprennent de coordonner et de confronter leurs efforts, d’établir un bilan de leur expérience humaine et religieuse de ces vingt dernières années et tentent de dégager quelques perspectives d’avenir.

Août 1966 :
– les  » équipes féminines d’ensemble  » prennent le nom d’Équipes de recherche et d’engagement pour la Mission (EREM) ;
– le Père Jean-Marie Duchêne est nommé membre du Conseil de la Mission de France pour les équipes hors de France au titre de Fidei donum.

12 septembre – 14 octobre 1966 :
première session de formation à Lormoy (Essonne) pour les nouveaux prêtres-ouvriers.

15 octobre 1966 :
nomination du Père Jacques Figarol comme responsable de la région Nord et du Père Jean Rémond, responsable de la région Paris.

18 octobre 1966 :
rencontre à Lourdes du Comité épiscopal de la Mission de France avec les évêques qui ont une ou plusieurs équipes de la Mission de France. Mgr Henri Gufflet présente un rapport sur les confrontations – appelées  » recherche commune  » – que réalisent les équipes de la Mission de France. À l’issue de cette rencontre, plusieurs évêques soulignent que ce travail collectif de la Mission de France concerne aussi des prêtres de leur diocèse et demandent que le Comité épiscopal de la Mission de France rende possible la participation de ces prêtres au travail que poursuit la Mission de France.

27 octobre 1966 :
le Père André Laforge, vicaire général de la Mission de France, refuse de participer à la commission des supérieurs d’institut de la Mission ouvrière, considérant que les prêtres de la Mission de France ne sont pas des religieux, mais appartiennent au clergé diocésain. La commission des supérieurs d’institut sera finalement rebaptisée commission des Groupes sacerdotaux et religieux interdiocésains (GSRI) pour permettre à la Mission de France d’y participer.

1er décembre 1966 :
les équipes de la Mission de France féminine prennent le nom d' »Équipes d’Ivry ».

1967

Mai 1967 :
décision de transférer le Conseil et le séminaire de la Mission de France dans la région parisienne, à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne). Mgr François Marty, prélat de la Mission de France, écrit le 18 mai 1967 aux prêtres de la prélature de Pontigny :
« […] Ce transfert permettra à la Mission de mieux accomplir sa vocation apostolique et interdiocésaine au service de l’Église en France et même dans le Tiers-Monde. De nombreuses collaborations seront ainsi rendues possibles. Le séminaire sera lui-même moins isolé et plus à même de remplir son rôle. En 1954, le Saint-Siège avait d’ailleurs demandé que ce séminaire national soit à Paris, mais aucune possibilité ne s’était alors présentée […] »

Communication de Mgr Marty, Prélat de la Mission de la Mission de France, au comité épiscopal de la Mission de France le 11 avril 1967 :

« Mgr Veuillot [archevêque de Paris], Mgr de Provenchères [évêque de Créteil] et les évêques de l’agglomération acceptent l’implantation de la Mission de France dans le diocèse de Créteil. De même, SE le cardinal Liénart, consulté, approuve nos intentions.
Mgr Marty vient de voir à ce sujet le Saint Père, SE le cardinal Gonfalonieri et SE Mgr Samore. Le Saint Père est tout disposé à donner une réponse affirmative à la proposition du comité épiscopal. Les problèmes canoniques seraient alors résolus dans l’esprit du Motu Proprio  » Ecclesiae sanctae  » du 6 août 1966. Celui-ci prévoit, en effet, l’érection de prélature sans considérer la question d’un territoire.
Il paraît normal de soumettre ce projet à l’approbation des membres de la conférence épiscopale puisque le Prélat et le comité épiscopal la représentent dans la direction du clergé interdiocésain de la Mission de France, et dans celle de son séminaire national.
Une brève communication sera faite lors de l’assemblée plénière de Pentecôte. D’ici là, NN SS les évêques sont priés d’être discrets sur ce projet.
Les raisons de ce transfert sont diverses et importantes. Le Conseil de la Mission de France est très gêné pour assumer et accroître depuis Pontigny (malgré l’excellent accueil du diocèse de Sens et de ses archevêques NN SS Lamy et Stourm) les multiples collaborations avec d’autres organismes nationaux de prêtres et de laïcs qui, tous, résident à Paris. Quant au séminaire de la Mission, l’éloignement de Paris le prive des concours indispensables à sa tâche de formation missionnaire. Son isolement apparaît aujourd’hui préjudiciable. « 

25-26 novembre 1967 :
première réunion du Conseil presbytéral (CP) dont le but est d’assurer la participation de l’ensemble des prêtres de la Mission de France à la responsabilité du comité épiscopal. Les trois commissions nationales, urbaine, rurale et Tiers-Monde sont dissoutes et remplacées par trois ateliers permanents, urbain, rural et Tiers-Monde pour poursuivre le travail qu’elles accomplissaient.

« Il y aura dans chaque diocèse, selon les modes et les formes qui seront déterminées par l’évêque, un Conseil presbytéral, c’est-à-dire une assemblée ou sénat de prêtres représentant le presbyterium, qui puisse efficacement assister l’évêque de ses conseils dans le gouvernement du diocèse. Dans ce Conseil, l’évêque écoutera ses prêtres, les consultera et s’entretiendra avec eux de ce qui concerne les besoins de la pastorale et le bien du diocèse.  » (décret Presbyterorum Ordinis, n° 7)

« Le problème missionnaire ne peut être saisi dans sa dimension universelle que dans la diversité des situations et des expériences. Et surtout la démarche missionnaire, en raison de l’effort d’explicitation de la foi qu’elle comporte, requiert des prêtres qui y sont engagés une référence mutuelle et une confrontation permanente, dans leurs attitudes de foi et leurs activités.
La fonction interdiocésaine qui caractérise la Mission de France comporte en elle-même la possibilité et l’exigence commune de tous les membres du presbyterium.
Le Conseil presbytéral sera le témoin permanent et l’organe régulier de cette responsabilité par la participation de représentants des équipes diversement situées. »

1967-1968 :
première session de formation -dite année sacerdotale- à Fontenay-sous-Bois, faisant suite aux sessions de Migennes. Elle a pour but d’aider les prêtres à exercer un ministère proprement missionnaire, à mener une vie d’équipe et à participer à la recherche apostolique grâce aux relations et collaborations avec d’autres équipes. Cette première session fut animée par les Pères René Salaün, Pierre Derouet et Albert Grimaux.

Mars 1967 :
première équipe de la Mission de France à Kinshasa (Congo).
« La convention passée entre l’archevêque de Kinshasa et le Prélat de la Mission stipule que les prêtres de la prélature de Pontigny assurent une présence d’Église dans certains milieux professionnels selon leur vocation propre, la compétence de chacun des membres de l’équipe et les besoins pastoraux de Kinshasa. Ils choisiront leurs occupations professionnelles de préférence dans les secteurs de la formation des cadres congolais ou dans les grandes écoles nationales établies à Kinshasa […] Ils assurent une présence sacerdotale dans le quartier. Ils n’ont pas d’obligation de ministère paroissial. »

8-12 avril 1967 :
session nationale organisée par la Mission de France sur « Mission et paroisse ».

Novembre 1967 :
constitution d’un groupe de travail formé de 10 prêtres de 5 diocèses (Amiens, Arras, Orléans, Pontoise, Saint-Dié) pour élaborer un projet  » d’association entre des diocèses et avec la Mission de France relative au ministère missionnaire d’équipes sacerdotales ».

29 novembre 1967 :
lettre de Mgr François Marty, prélat de la Mission de France, aux évêques pour situer la place de la Mission de France dans l’Église de France.

« Dans le contexte actuel de l’après-concile et de la mise en œuvre des tâches collectives de la conférence épiscopale française, nous pensons qu’une révision de ce service d’Église s’impose dans le sens d’une association plus étroite et mieux définie avec les diocèses.
Le clergé des diocèses et le clergé interdiocésain de la Mission de France ne doivent-ils pas être plus étroitement  » associés  » dans leur commune responsabilité sacerdotale au service de la mission de l’Église ? Nous vous avons parlé de cette confrontation d’expériences entre équipes sacerdotales de la Mission de France : les équipes diocésaines ne doivent-elles pas avoir, elles aussi, le moyen d’y participer, dès lors qu’elles sont engagées dans le même effort missionnaire de l’Église ?
Le comité épiscopal de la Mission de France a pensé qu’il fallait commencer par mener cette recherche de manière concrète avec quelques diocèses et quelques équipes sacerdotales désignées par leurs évêques. Cette recherche n’est pas théorique. Elle porte sur les problèmes qui se posent à des équipes sacerdotales de base engagées dans un effort missionnaire caractérisé ; elle porte sur les collaborations et les participations qui pourraient s’instaurer entre les diocèses et la Mission de France, dans l’effort missionnaire de l’Église, au niveau de la responsabilité sacerdotale.
Nous avons chargé Emmanuel Deschamps, nommé vicaire épiscopal à cet effet, de prendre contact avec les évêques qui nous sollicitaient. Les diocèses d’Amiens, d’Arras, d’Orléans et de Saint-Dié sont déjà engagés avec nous dans cette recherche des modalités possibles d’association. […]
En même temps comme il s’agit d’expérimenter ce que pourrait être cette association, le Père André Laforge, vicaire général, suit personnellement cette année ces équipes dans leur travail sur le terrain, en lien avec les responsables diocésains. »

1967 :
apogée de la présence de la Mission de France hors de l’hexagone : 44 prêtres en équipes Mission de France dont 39 incardinés (Algérie, Tunisie, Maroc, Cameroun, Côte d’Ivoire, Zaïre, Martinique, Argentine, Brésil).

parution du livre de Jean-François Six, Cheminements de la Mission de France 1941-1966, Paris, Le Seuil.

fin 1967 :
fondation des Groupes de formation universitaire (GFU) qui proposent à des jeunes gens poursuivant leurs études universitaires, ou débutant dans une activité professionnelle, une formation de premier cycle au ministère presbytéral. Le Père Jean-Pierre Marchand, prêtre de la Mission de France, qui en est l’initiateur, en devient le responsable national.

1968

31 août – 1er septembre 1968 :
première session de l’assemblée générale extraordinaire de la Mission de France, à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne). Elle se prononce sur les objectifs et les conditions de la recherche d’association d’équipes missionnaires entre elles et avec la Mission de France (équipes associées).

« Cette première session a permis de faire le point sur la situation des équipes de prêtres au travail, créées en 1966, et sur les problèmes à résoudre pour le développement de ce ministère. Les prêtres de la Mission de France se sont prononcés, d’autre part, sur la recherche d’association entreprise depuis un an avec les évêques et des équipes sacerdotales de cinq diocèses. Un projet avait été élaboré en commun. Il a été adopté par l’Assemblée générale et approuvé par le Prélat et le Comité épiscopal. […]
Ce projet correspond aux demandes de plusieurs évêques et de plusieurs équipes sacerdotales diocésaines qui sont engagées dans des ministères missionnaires caractérisés en divers milieux. Les prêtres interdiocésains de la Mission de France sont donc prêts à en assurer, pour leur part, la réalisation. Les associations seront mises en œuvre progressivement et mises au point à partir de l’expérience, dans un délai de trois ans.
Enfin l’assemblée s’est attachée à définir les objectifs et les conditions de l’étude à conduire pour la révision des implantations, dont le principe a été adopté en 1965.
Ce que nous cherchons ainsi, c’est le moyen d’accroître la signification et la portée missionnaire de notre effort dans la société d’aujourd’hui, dont les transformations, mettant en cause l’avenir de l’homme, interpellent l’Église et la foi.
Diverses recherches ont déjà été faites. D’autres devront les compléter, au cours de cette année. Toutes les équipes devront y participer, notamment pour dresser le bilan de leur propre histoire. Des contacts seront pris avec les diocèses, pour étudier avec eux les participations qu’ils attendent d’équipes interdiocésaines de la Mission de France à leurs projets missionnaires. Le Conseil presbytéral coordonnera l’ensemble des études et tirera les conclusions à soumettre à l’assemblée générale en 1969. »

7-8 novembre 1968 :
l’Assemblée plénière des évêques de France à Lourdes ratifie l’Association entre des diocèses et avec la Mission de France pour des équipes pastorales de mission.
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« Après la discussion en Assemblée plénière, la Conférence épiscopale s’est prononcée de la manière suivante :
La Conférence épiscopale approuve l’engagement que prend le comité épiscopal vis-à-vis des diocèses qui le lui demandent pour l’association d’équipes sacerdotales, telle qu’elle est présentée dans le rapport. »

13 février 1968 :
Le Père Emmanuel Deschamps, vicaire épiscopal, envoie au Comité épiscopal et aux membres de la Mission de France trois documents pour préparer l’assemblée générale extraordinaire de la Mission de France, décidée en septembre 1965 : 1° le pourquoi de l’association envisagée ; 2° les conditions de cette association ; 3° la fonction d’un clergé interdiocésain dans l’effort missionnaire de l’Église.
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14 février 1968 :
mort du cardinal Pierre Veuillot, archevêque de Paris.

25 mai 1968 :
80 prêtres et séminaristes se réunissent à Fontenay-sous-Bois pour confronter leurs expériences des événements de Mai 1968.

4 juillet 1968 :
Mgr Henri Gufflet, évêque de Limoges, est nommé prélat de la Mission de France. Il remplace Mgr François Marty, nommé archevêque de Paris.

28-29 décembre 1968 :
session ordinaire du Conseil presbytéral de la Mission de France, sous la présidence de Mgr Henri Gufflet, prélat de la Mission de France, où il est fait état des divergences entre le comité épiscopal de la Mission de France et le comité épiscopal de la Mission ouvrière.
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1969

7 mars 1969 :
lettre de démission adressée au prélat et aux membres du Comité épiscopal de la Mission de France des huit membres du Conseil de la Mission de France (André Laforge, vicaire général, Emmanuel Deschamps, vicaire épiscopal, Émile Marcus, supérieur du séminaire de la Mission de France, Jean-Marie Duchêne, Bernard Blanchy, Bernard Morellet, Rémi Crespin et Bernard Audras) et des quatre responsables régionaux (Jacques Figarol, pour le Nord, le Centre et l’Ouest, Philippe de Fontanges, pour le Centre-Est, la Provence-Méditerranée et le Midi-Pyrénées, Louis Morteau, pour le Sud-Ouest et Jean Rémond, pour Paris).
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29-30 mars 1969 :
session extraordinaire du Conseil presbytéral avec la présence des membres démissionnaires. Il leur est demandé d’assurer la gestion des affaires courantes jusqu’à l’issue de la prochaine assemblée générale prévue en juillet.
« Par 27 oui et 8 abstentions, dont 5 démissionnaires et 2 prêtres du Tiers-Monde, le Conseil presbytéral demande au Prélat de maintenir le Conseil démissionnaire jusqu’au 15 juillet prochain, ses attributions étant précisées comme suit :
– le Conseil aura en charge toutes les questions des personnes et de viabilité des équipes. Le critère est de ne laisser personne dans des conditions qui ne lui garantiraient une vraie vie d’équipe. Il continuera le travail en cours avec les équipes engagées dans l’association.
– il a pouvoir de mettre en place les personnes ou les équipes nécessaires là où les situations l’exigeront.
– il poursuivra enfin l’étude de la révision des implantations. »

20 mai 1969 :
annonce de la fermeture du séminaire.
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15 janvier 1969 :
lettre des membres du Conseil et des responsables régionaux de la Mission de France aux membres de la conférence épiscopale de France.

12-13 février 1969 :
Mgr Henri Gufflet, prélat de la Mission de France, fait état des graves difficultés ressenties par les membres du Conseil de la Mission de France.
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20 mars 1969 :
déclaration publique du Conseil et des responsables régionaux de la Mission de France, texte remis à la presse.
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