Histoire de la Mission de France

Conception : Nathalie Viet-Depaule (CNRS-CEMS)
& Bernard Boudouresques (prêtre de la Mission de France)

 

Repères de 1941 à 1954

 

1941

Cardinal Emmanuel Suhard

24 juillet 1941 :
la XXVIe Assemblée des cardinaux et archevêques de France, réunie à Paris, décide, sous l’impulsion du cardinal Emmanuel Suhard, archevêque de Paris, de fonder la Mission de France en ouvrant un séminaire à Lisieux (Calvados). Ce séminaire est créé pour former des prêtres séculiers qui veulent se consacrer à l’évangélisation des diocèses de France pauvres en vocations sacerdotales.

Fin décembre 1941 :
parution de La Mission de France, brochure écrite par M. Louis Augros, supérieur du séminaire de la Mission de France, préfacée par le cardinal Emmanuel Suhard, archevêque de Paris, et publiée aux Annales de sainte Thérèse de Lisieux.

26 août 1941 :
le cardinal Emmanuel Suhard, archevêque de Paris, s’adresse à M. Boisard, vice-supérieur général de la Compagnie de Saint-Sulpice pour que Monsieur Augros, prêtre de Saint-Sulpice, soit désigné comme supérieur du séminaire de la Mission de France. Louis Augros s’adresse au TRP Chenu, théologien, régent des études au couvent des dominicains au Saulchoir, à Étiolles (Seine-et-Oise), pour lui demander son aide. C’est le début d’une longue collaboration.

Document disponible

« Le deuxième homme » sera M. Lorenzo, curé d’Ivry, à qui le Cardinal a proposé l’entreprise dans une conversation du mois de mai : – « Ça vous intéresse ? lui demande-t-il après l’exposé du projet. – Éminence, si c’est ce que je crois, oui. Et à un double point de vue : nous nageons dans l’inadaptation, de bas en haut, y compris l’épiscopat. Il nous faut des évêques missionnaires. Et puis, j’en ai assez de l’Évangile des ecclésiastiques : je voudrais l’Évangile de Jésus. » « 

Septembre 1941 :
lettre de Son Éminence le Cardinal Emmanuel Suhard à propos du séminaire de la « Mission de France », adressée aux archevêques et évêques de France. Cette lettre est assortie d’une série de remarques d’ordre canonique au sujet du séminaire de la « Mission de France ».
Document disponible

le Père Jacques Lorenzo, curé de Saint-Pierre Saint-Paul à Ivry-sur-Seine (Seine), fait connaître à M. Louis Augros, supérieur du séminaire de la Mission de France, Madeleine Delbrêl, assistante sociale, qu’il connaissait depuis 1924 et qui avait fondé en 1933 une équipe missionnaire de femmes laïques à Ivry-sur-Seine. Elle l’influencera dans son choix de ne pas faire de la Mission de France une congrégation religieuse.

20 octobre 1941 :
faute de candidats, l’ouverture du séminaire ne peut avoir lieu.

1942

11 janvier-11 juillet 1942 :
M. Louis Augros, supérieur du séminaire de la Mission de France, parcourt les diocèses de France. Il rend visite aux évêques et donne des conférences dans les séminaires afin de recruter des élèves.

5 octobre 1942 :
ouverture du séminaire de la Mission de France, à la Maison Saint-Jean à Lisieux. M. Louis Augros, supérieur du séminaire de la Mission de France, est assisté de trois professeurs, les Pères André Levesque, Jacques Lorenzo et Daniel Perrot. Il y a 23 séminaristes et 9 prêtres dont le Père Henri Godin.

20 et 27 juillet 1942 :
M. Louis Augros, supérieur du séminaire de la Mission de France, prêche deux retraites destinées aux prêtres intéressés par la Mission de France.

 » L’abbé Godin assiste à la première, l’abbé Daniel à la seconde. Ils en reviennent avec deux directives : préparer un mémoire sur leurs projets et, sans attendre, en parler au cardinal Suhard. Celui-ci les reçoit le 28 août, les encourage, précisant que la Mission de France a vocation urbaine autant que rurale, et les invite à mûrir leurs idées.  »
Référence

20 décembre 1942 :
première ordination sacerdotale au Carmel de Lisieux : André Dudilleux du diocèse d’Angers.

1943

Été 1943 :
fondation des deux premières communautés rurales, l’une à Saint-Just (diocèse d’Évreux), l’autre à Cerisiers (diocèse de Sens).

« Cependant la Mission de France commençait à porter ses premiers fruits. Dès l’été 1943, deux communautés rurales étaient fondées dans des régions particulièrement déchristianisées. La première s’installe à Saint-Just, dans le diocèse d’Evreux ; trois prêtres sortant de Lisieux prenaient en charge neuf paroisses. Quelques semaines plus tard, à Cerisiers, dans le diocèse de Sens, une équipe de quatre prêtres, dont deux appartenant à la Mission de France, se voyait confier la responsabilité d’un secteur de quinze paroisses ; pour permettre une action d’ensemble, un seul d’entre eux recevait le titre de curé ; les trois autres prêtres lui étaient subordonnés. »
Références

12 septembre 1943 :
parution du mémoire d’Yvan Daniel et d’Henri Godin sous le titre La France pays de mission ? aux Éditions de l’Abeille, à Lyon (c’est alors le nom des Éditions du Cerf en zone libre). Il est préfacé par l’abbé Georges Guérin, fondateur de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) en France.

20-21 janvier 1943 :
au cours de la XXXIIe Assemblée des cardinaux et archevêques de France, le cardinal Emmanuel Suhard, archevêque de Paris, rend compte de l’échange de vues qu’il a eu avec le cardinal Pizzardo, préfet de la Sacrée Congrégation des Séminaires et des Universités.

 » Une association épiscopale est créée pour donner un support juridique à la Mission de France. Elle sera composée du cardinal Suhard [Paris], Mgr Feltin [Bordeaux], Mgr Dubourg [Besançon], Mgr Lamy [Sens] et Mgr Picaud [Bayeux]. Mgr Germain, directeur du pèlerinage de Lisieux, sera secrétaire adjoint et trésorier adjoint du conseil. « 

5 février 1943 :
réunion des Pères François Laporte, professeur-économe au grand séminaire de Reims, et Jean Ferté, futur professeur au séminaire de la Mission de France, avec Émilienne Josset, responsable jociste, et Anne-Marie Gandon, responsable jaciste, pour préparer la rencontre qui aura lieu à Pâques et aura pour thème  » un laïcat missionnaire en liaison avec la Mission de France « . À l’issue de cette rencontre, des équipes missionnaires féminines se constitueront et deviendront la Mission de France féminine.
Référence

25 février 1943 :
première visite du cardinal Emmanuel Suhard, archevêque de Paris, au séminaire de Lisieux.

3 mars 1943 :
M. Louis Augros, supérieur du séminaire de la Mission de France, écrit à l’abbé Yvan Daniel ses impressions après sa lecture du Mémoire sur la conquête chrétienne dans le milieu prolétaire qu’il a rédigé avec l’abbé Henri Godin.

1944

Nuit du 6 au 7 juin 1944 :
bombardement de Lisieux.

« Plus de mille morts et deux mille blessés dans la ville. Les séminaristes se relayeront jour et nuit pour aller au secours de ceux qui souffrent, tour à tour déblayeurs et cuisiniers, assurant le ravitaillement et organisant l’évacuation des vieillards et des blessés, vivant avec les habitants de Lisieux, adoptés par eux. Ils vivent aussi très proches des carmélites : le séminaire et le Carmel habitèrent quatre-vingts jours (Lisieux ne fut libéré que le 26 août) dans la crypte de la basilique.  »

Novembre 1944 :
envoi en mission de deux équipes féminines en milieu ouvrier à Paris (XIIIe) et à Bicêtre (Seine) dans le même esprit que les équipes de prêtres de la Mission de France.

17 janvier 1944 :
mort de l’abbé Henri Godin.

Été 1944 :
prise en charge de nouveaux secteurs : Colombelles (diocèse de Bayeux), Graçay (diocèse de Bourges), Montchanin-les-Mines (diocèse d’Autun), La Souterraine (diocèse de Limoges).

affectation d’un prêtre, Jean-Dominique Warnier, récemment ordonné à Lisieux, à la paroisse du Sacré-Cœur du Petit-Colombes, tenue par l’équipe du Père Georges Michonneau (Fils de la Charité), dans le diocèse de Paris.

4 novembre 1944 :
troisième rentrée du séminaire (90 séminaristes et prêtres) à l’Ermitage car la Maison Saint-Jean est trop exigüe et doit être rendue à la direction du Pèlerinage de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus.

Décembre 1944 :
premier numéro d’Unis pour, bulletin de la Mission de France. Il s’agit d’un bulletin d’information et de réflexion, destiné aux prêtres des communautés de la Mission de France. Les deux premiers numéros n’ont pas de titre, le troisième numéro, qui paraîtra en avril 1945, a pour titre : Unis pour. Ce titre deviendra, régulièrement à partir de février 1950, Lettre aux communautés.

 » Unis pour… (sous-entendu « la Mission »). Ces mots sont les premières paroles d’un chant de la Mission de France. « 

1945

2-7 juillet 1945 :
1re session annuelle nationale des prêtres de la Mission de France, à Lisieux, regroupant 37 prêtres, dont le thème est : « Curé ou missionnaire ».

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Été 1945 :
fondation de nouvelles communautés : Saint-François Xavier à Toulouse, Lougratte et Villeréal (diocèse d’Agen), Lapleau (diocèse de Tulle), Saint-Hippolyte dans le XIIIe (diocèse de Paris), Notre-Dame d’Alfortville (diocèse de Paris) et affectation d’un prêtre à la communauté de Saint-Germain-Lembron (diocèse de Clermont-Ferrand).

1945 :
parution des deux volumes, Problèmes missionnaires de la France rurale, du chanoine Fernand Boulard, spécialiste de sociologie religieuse, aux Éditions du Cerf. Cette publication est décisive pour la Mission de France. A partir de la carte de la pratique religieuse dans la France rurale qui distingue trois types de paroisses : les pays chrétiens (catégorie A), les pays indifférents mais à tradition chrétienne (catégorie B) et les pays de mission (catégorie C), elle choisira d’implanter des communautés dans les zones de la catégorie C.

Mai 1945 :
réédition de la brochure de M. Louis Augros, supérieur du séminaire la Mission de France, La Mission de France avec une nouvelle préface du cardinal Suhard, archevêque de Paris.
Référence

Juin 1945 :
l’Assemblée des cardinaux et archevêques de France fonde la Mission de la Mer dans l’esprit missionnaire de la Mission de France pour assurer une présence auprès des marins. Jean-Marie Butel en est le responsable.

2 octobre 1945 :
quatrième rentrée du séminaire. Parmi les séminaristes, on compte 50 anciens prisonniers, déportés et requis.

8 octobre 1945 :
Première Lettre aux stagiaires. Elle prend d’abord le titre d’Unis pour… aux soldats et aux stagiaires pour devenir Lettre aux stagiaires. Cette lettre est destinée aux séminaristes qui font des stages ou encore effectuent leur service militaire. Les stagiaires travaillent comme ouvriers d’usine, ouvriers agricoles ou ouvriers marins soit pendant les vacances scolaires, soit pendant un an, voire deux. En lien avec une communauté de la Mission de France, leur objectif est de mieux connaître, durant leur formation, le monde où ils iront exercer plus tard leur ministère.

« En octobre 1945 reviennent d’Allemagne les jeunes qui y étaient partis au STO et aussi les prisonniers des oflags et des stalags… Tous prêtres, séminaristes, mais aussi hommes jeunes qui, en terre d’exil et d’épreuve, ont entendu l’appel du Seigneur et désirent maintenant se préparer au sacerdoce, gardent dans leur chair et leur cœur le souvenir d’une expérience exceptionnelle : pendant deux, trois ou cinq ans, ils ont été hommes parmi les hommes… Ils étaient prêtres, chrétiens, témoins au milieu de leurs compagnons de travail… partageant leurs dures conditions d’existence, ils parlaient leur langage… parce qu’ils étaient proches, solidaires, pareils, ils pouvaient dire leur foi et parler de Dieu. Cette expérience fut, dans le séminaire de Lisieux, à l’origine des stages de travail. Et ceux-ci devinrent rapidement un élément important dans la préparation à la vie missionnaire. Dans le prolongement de leur stage, des séminaristes de plus en plus nombreux envisagèrent leur avenir sacerdotal comme prêtres-ouvriers. »

13-14 novembre 1945 :
la XLe Assemblée des cardinaux et archevêques de France décide de passer un accord avec la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice pour diriger le séminaire de la Mission de France.
« Afin de mettre au point la situation du séminaire, l’Assemblée des cardinaux et archevêques de France décide de passer un accord avec la Compagnie de Saint-Sulpice pour dix années. La Mission de France sera en même temps, placée sous la juridiction d’une commission d’évêques, représentant l’ensemble de l’Épiscopat français. La commission comprendra Son Éminence le cardinal-archevêque de Paris, NN SS les évêques de Bayeux [Mgr Picaud], Bayonne [Mgr Terrier] et Évreux [Mgr Gaudron]. »

1946

12-14 mars 1946 :
la XLIe Assemblée des cardinaux et archevêques de France délibère du futur statut canonique de la Mission de France. Il est question d’un statut  » genre Société des Missions étrangères « .

« Le cardinal donne lecture de la lettre de M. Boisard, supérieur général de Saint-Sulpice confirmant que la Compagnie de Saint-Sulpice accepte de prendre en charge pour 10 ans, conformément à la demande des cardinaux, le séminaire de la Mission de France. »

26 novembre – 1er décembre 1946 :
premier voyage à Rome de M. Louis Augros, supérieur du séminaire de la Mission de France, avec les Pères Jacques Hollande, supérieur de la Mission de Paris, et François Laporte, prêtre de la Mission de Paris, pour informer le Saint-Siège du travail accompli.

8-12 juillet 1946 :
2e session annuelle nationale des prêtres de la Mission de France, à Lisieux. Les thèmes sont : la catéchèse, l’incarnation, la discipline sacramentaire.

15 août 1946 :
La Mission de France reconnaît la Mission de France féminine au cours d’une retraite à Lisieux avec M. Louis Augros, supérieur du séminaire de la Mission de France,  » comme travaillant dans le même esprit sacerdotal et missionnaire, sur les mêmes secteurs et en dépendance des prêtres de la Mission de France « . Ces jeunes femmes vivent en équipe et doivent s’intégrer à la vie ouvrière dans ses différentes manifestations, vie de travail, vie de quartier, vie de loisirs. Elles font une année de formation spirituelle et communautaire avant de s’engager solennellement tout en travaillant en usine.

Été 1946 :
fondation de nouvelles communautés : Saint-André-de-l’Eure (diocèse d’Évreux), Notre-Dame de Givors (diocèse de Lyon), Saint-Jean de Bonneval (diocèse de Troyes), Peyrat-le-Château (diocèse de Limoges), Mansle (diocèse d’Angoulême), Lacanau (diocèse de Bordeaux), Montceau-les-Mines (diocèse d’Autun) et affectation de trois prêtres de la Mission de France à la Mission de Paris.

1er octobre 1946 :
cinquième rentrée du séminaire : 150 élèves.

1947

1er-4 juillet 1947 :
3e session annuelle nationale des prêtres de la Mission de France, à Lisieux, dont le thème est « Théologie et spiritualité de l’incarnation du prêtre ». Le Père Marie-Dominique Chenu, théologien dominicain, y affirme que l’Église doit se mettre « en état de mission ».

« Le gros progrès marqué par cette session a été – grâce à la présence du Père Chenu – le déplacement du plan de la tactique (les problèmes particuliers) pour atteindre cette stratégie classique de l’Église en état de mission : dégagement des structures créées par son mariage avec une civilisation révolue ; engagement dans une civilisation nouvelle pour l’animer ; et, pour ce qui est de notre cas, dégagement des structures de chrétienté et engagement dans ce monde nouveau en voie d’enfantement. […] Engagement du sacerdoce et du laïcat, conjointement et hiérarchiquement afin que l’Église soit toute entière présente et efficace. »

Le Père Marie-Dominique Chenu dira en 1964 dans la présentation de son livre :  » À la Mission de France en juillet 1947, sous la prophétique inspiration du cardinal Suhard, naissait la très significative expression aujourd’hui officielle d’une « Église en état de mission ».

23-30 septembre 1947 :
congrès thérésien à Paris et à Lisieux à l’occasion du cinquantième anniversaire de la mort de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Dans le discours de clôture, le cardinal Emmanuel Suhard, archevêque de Paris, dit : « Nous ne voudrions pas omettre de mentionner ici [à Lisieux] l’une de ses dernières fondations, cette « Mission de France » dont le séminaire a naturellement pris pour patronne celle dont l’insigne basilique abrite ses murs déjà trop étroits. »

5-7 mars 1947 :
la XLIVe Assemblée des cardinaux et archevêques de France décide la création d’une commission épiscopale provisoire pour étudier le projet des statuts de la Mission de France. Le texte a été envoyé à l’ensemble des évêques par le supérieur du séminaire, M. Louis Augros.
« Elle sera composée de Son Éminence le cardinal Suhard, président ; de NN SS Feltin [Bordeaux], Lamy [Sens], Lefebvre [Bourges], Gaudron [Évreux], Perrin [Arras]. La commission est autorisée à s’adjoindre d’autres membres de l’épiscopat si elle le juge utile. Fera en outre partie de la commission, M. Boisard, supérieur général de la Compagnie de Saint-Sulpice. »

26 juin 1947 :
au cours de la réunion de la commission épiscopale provisoire, M. Louis Augros, supérieur du séminaire de la Mission de France, expose les grandes lignes de son projet de statut de la Mission de France en insistant surtout sur l’aspect canonique.

« Après l’avoir entendu, la commission délibère. Faut-il établir une société de prêtres telle que Saint-Sulpice par exemple ou bien se contenter d’un séminaire qui aurait le droit d’incardiner ses sujets « ad titulum missionis » ? M. Boisard fait remarquer qu’il existe des séminaires depuis longtemps déjà qui ont le droit d’incardination. Il dit qu’un certain Pape Clément a donné ce droit à un séminaire de la Prusse orientale, qu’un séminaire écossais avait le même droit. On s’arrête à l’idée suivante : l’Assemblée des cardinaux et archevêques de France proposerait la création d’une commission épiscopale dont les noms seraient soumis au Saint-Siège. Cette commission après avoir reçu l’approbation du St Siège, procéderait à la nomination du supérieur du séminaire, devenu par le fait séminaire pontifical avec droit d’incardination. Le supérieur, une fois les sujets envoyés dans les diocèses respectifs, ne pourrait les contrôler qu’en ce qu’on appellerait l’animation spirituelle, mais on repousse l’idée de M. Augros qui donnerait au supérieur du séminaire le droit de contrôler l’action pastorale, les méthodes pastorales exercées par ses prêtres ; ceci en effet est du droit exclusif et unique de l’évêque. On précise que puisque le supérieur et les professeurs appartiendront pour 10 ans à la Compagnie de Saint-Sulpice, on agit conformément aux conventions que la Compagnie accepte de passer avec les diocèses dont elle consent à diriger les séminaires. On précisera bien également qu’il y aura deux catégories d’élèves au séminaire de Lisieux : les sujets envoyés par leurs évêques pour être formés à Lisieux et revenir ensuite dans leurs diocèses, et les sujets qui seront incardinés à la Mission de France. Enfin on précise qu’il devra être fait mention de Sainte-Thérèse de Lisieux et que le titre officiel pourrait être « Séminaire Sainte-Thérèse de la Mission de France ». […] La commission confie à M. Boisard, supérieur général de la Société des prêtres de Saint-Sulpice, le soin d’établir un projet de statut canonique qui sera communiqué très prochainement à NN SS les évêques. »

23 août 1947 :
publication de la brochure Mission de France féminine avec l’imprimatur du cardinal Emmanuel Suhard, archevêque de Paris.
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1948

13 mars 1948 :
le cardinal Emmanuel Suhard, archevêque de Paris, vient ordonner 17 prêtres à la cathédrale de Lisieux dont 3 ont fait toutes leurs études au séminaire de la Mission de France (Charles Mouraux, Jacques Riousse et Hubert Trentesaux).

5 décembre 1948 :
jubilé (50 ans de sacerdoce) du cardinal Emmanuel Suhard, archevêque de Paris, à Notre-Dame de Paris où il prononce les paroles devenues célèbres : « Il y a un mur qui sépare l’Église de la masse. Ce mur, il faut l’abattre à tout prix pour rendre au Christ les foules qui l’ont perdu. »

2-4 mars 1948 :
la XLVIe Assemblée des cardinaux et archevêques de France approuve les statuts de la Mission de France.

« Les projets de statuts de la Mission de France tels qu’ils avaient été soumis à l’Assemblée du mois d’octobre 1947 ont été étudiés par NN SS les évêques. 67 d’entre eux ont envoyé au secrétariat de l’épiscopat leur adhésion explicite. Quelques-uns suggéraient des adjonctions ou des modifications à l’un ou l’autre des articles. L’ensemble de ces remarques a été communiqué à M. Boisard, supérieur général de Saint-Sulpice qui a bien voulu établir un nouveau texte tenant compte de la plupart des modifications proposées par NN SS les évêques. L’Assemblée après avoir pris connaissance de ce nouveau texte, décide de le faire sien et dans ces conditions elle confie à Son Éminence le cardinal Suhard la mission de le soumettre à l’examen du Souverain Pontife et à celui des congrégations compétentes. »

28 juin – 2 juillet 1948 :
4e session nationale annuelle des prêtres de la Mission de France, à Lisieux, dont le thème est : « morale en pays déchristianisé », en présence du Père Marie-Dominique Chenu, théologien dominicain.

1949

Été 1949 :
situation de la Mission de France : 19 communautés rurales, 16 communautés urbaines, 2 équipes Mission de la Mer et 17 prêtres engagés dans la vie ouvrière.

18-20 octobre 1949 :
la XLIXe Assemblée des cardinaux et archevêques de France désigne les membres de la commission épiscopale chargée de la Mission de France, sous la présidence du cardinal Achille Liénart, évêque de Lille : NN SS Feltin, archevêque de Paris, Dubourg, archevêque de Besançon, Lamy, archevêque de Sens, de Bazelaire, archevêque de Chambéry, Lefebvre, archevêque de Bourges, Garrone, archevêque-coadjuteur de Toulouse, Picaud, évêque de Bayeux et Lisieux, Villepelet, évêque de Nantes, Terrier, évêque de Bayonne, Ancel, auxiliaire de Lyon.

« Le choix de l’Assemblée a été inspiré par les principes suivants : a) composer la commission des évêques qui fournissent des sujets à la Mission de France ou qui, au contraire, en reçoivent pour l’exercice du ministère pastoral dans leur diocèse ; b) assurer une représentation géographique aussi équitable que possible ; c) faire bénéficier la commission de l’expérience acquise par l’un ou l’autre de NN SS les évêques dans la direction et le professorat des grands séminaires. »

« Le président en était S. Éminence le cardinal Liénart, évêque de Lille ; il était assisté de dix évêques. Très vite, cette commission épiscopale allait se heurter à de graves difficultés de gouvernement : pour exercer son autorité sur le séminaire et sur les communautés missionnaires, il lui fallait un organe exécutif ; or, cet organe exécutif n’existait pas. L’unique année où elle resta en fonction ne lui suffit pas à résoudre ce problème. »

15-17 mars 1949 :
la XLVIIIe Assemblée des cardinaux et archevêques de France approuve les demandes de modification du statut de la Mission de France faites par Rome.

10 mai 1949 :
approbation du statut provisoire de la Mission de France par Rome.

« Mgr Chappoulie [directeur du secrétariat de l’épiscopat] expose à l’Assemblée des cardinaux et archevêques de France du 18-20 octobre 1949 que, par une lettre en date du 10 mai dernier, Son Éminence le cardinal Pizzardo, préfet de la Sacrée Congrégation des Séminaires et des Universités, a avisé le cardinal Suhard que les statuts de la Mission de France, tels qu’ils avaient été communiqués au Saint Siège après l’Assemblée de mars dernier, ont reçu l’approbation des trois congrégations des Séminaires et des Universités, du Concile et des Sacrements, ad experimentum et ad triennium. »

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30 mai 1949 :
mort du cardinal Emmanuel Suhard, archevêque de Paris. Le cardinal Achille Liénart, évêque de Lille, lui succède à la tête de la Mission de France.

Mai 1949 :
projet de directoire et de règlement du séminaire de la Mission de France.

logwordvisite canonique du séminaire de Lisieux faite par M. Jean Pressoir, prêtre de Saint-Sulpice.

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27 juin – 1er juillet 1949 :
5e session annuelle nationale des prêtres de la Mission de France à Lisieux dont le thème est : « Le sacerdoce. Un seul prêtre : le Christ » avec les Pères Chenu, Féret, théologiens dominicains, et le chanoine Boulard, spécialiste de sociologie religieuse.

Septembre 1949 :
première implantation hors hexagone à Hussein-Dey (diocèse d’Alger, Algérie).

1950

2 mars 1950 :
le cardinal Achille Liénart, évêque de Lille, et Mgr Maurice Feltin, archevêque de Paris, visitent le séminaire de la Mission de France.

26 juin – 30 juin 1950 :
6e session annuelle nationale des prêtres de la Mission de France à Lisieux dont le thème est :  » Mission de l’Église. Les dégagements de l’Église d’après les leçons de l’histoire  » avec le Père Marie-Dominique Chenu, théologien dominicain.

17 janvier 1950 :
première réunion de la commission épiscopale de la Mission de France.

Elle examine « le projet de directoire et règlement du séminaire que M. Augros a adressé au cardinal de Lille et à l’archevêque de Paris [Mgr Feltin]. La lecture de ce document provoque de très nombreuses observations et d’une manière générale il est déclaré inacceptable, inacceptable sur le fond à cause de certaines idées qu’il laisse passer, et inacceptable dans la forme car il est beaucoup trop long, beaucoup trop diffus et finalement n’aboutit pas à un règlement précis. Il vaudrait mieux, dit-on, quelques lignes pour rappeler l’esprit qui préside à la Mission de France et à son séminaire, et puis un véritable règlement. Finalement, on demande au cardinal de Lille et à l’archevêque de Paris de tenter de travailler ensemble à la mise sur pied d’un règlement. »

14-16 mars 1950 :
L’Assemblée des cardinaux et archevêques de France est informée par le cardinal Achille Liénart, président de la commission épiscopale chargé de la Mission de France, que :
« lui-même et Son Excellence Mgr Feltin ont été à Lisieux visiter le séminaire de la Mission. » La commission épiscopale chargée de la Mission de France  » a adopté un projet de règlement et un projet de programme des études qu’elle adresse pour examen et approbation éventuelle à Son Éminence le cardinal Pizzardo, préfet de la Sacrée Congrégation des Séminaires. Un problème urgent d’ordre matériel va se poser pour le séminaire. Les bâtiments qu’il occupe actuellement, d’ailleurs trop exigus pour ses 150 élèves, appartiennent à l’Administration des pèlerinages de Lisieux, qui désirent les reprendre. L’on pourrait envisager la construction d’un séminaire sur un terrain situé au chevet de la basilique, acheté dans ce but il y a plusieurs années déjà, mais les dépenses s’élèveraient à près d’une centaine de millions. Ne serait-il pas plus simple de chercher à s’entendre avec un diocèse qui disposerait de bâtiments insuffisamment occupés ? Le cardinal demande aux membres de l’Assemblée de s’intéresser à cette question et de voir s’il ne trouverait pas dans leurs provinces des établissements susceptibles d’accueillir, le cas échéant, le séminaire de la Mission de France. »

Cette même Assemblée entérine la fondation de l’Action catholique ouvrière (ACO).
« Constatant que les éléments d’une ACO se dessinent, l’Assemblée définit le caractère essentiellement apostolique de l’ACO, son indépendance, ses buts principaux, son organisation. »

« L’ACO est l’apostolat organisé du laïcat ouvrier appelé, en participation de la mission apostolique de l’Église, à l’évangélisation des milieux populaires. »

17-19 octobre 1950 :
la LIe Assemblée des cardinaux et archevêques de France évoque les conditions matérielles du séminaire de Lisieux :
« Son Excellence Mgr Feltin rappelle à l’Assemblée des cardinaux et archevêques de France la situation matérielle du séminaire de Lisieux. La construction d’un immeuble semblant devoir être écartée, la commission épiscopale chargée de la direction de la Mission de France est d’avis de s’arrêter à la solution qui avait été envisagée lors de l’assemblée de mars dernier, c’est-à-dire le transfert du séminaire de Lisieux dans un séminaire diocésain qui disposerait de locaux assez vastes et incomplètement occupés. »

9 novembre 1950 :
lettre du cardinal Achille Liénart qui informe la Mission de France qu’il avait demandé, lors de son séjour à Rome, à la Sacrée Congrégation des Séminaires quelle réponse elle comptait faire à l’envoi fait par la commission épiscopale du projet de règlement et du programme des études du séminaire de la Mission de France :
« Il n’y aura pas de réponse. La Sacrée Congrégation ne veut ni approuver ni désapprouver. Elle lui laisse faire l’expérience sur la base des projets qui lui ont été soumis, faisant confiance à la commission épiscopale, chargée de veiller à la bonne marche de l’entreprise. »

1951

Mars 1951 :
nomination de Mgr Lemonnier, évêque auxiliaire de Rouen, comme évêque délégué auprès du séminaire de Lisieux afin d’observer son fonctionnement.

2-3 avril 1951 :
La 1re Assemblée plénière de l’épiscopat français décide la création de quinze commissions épiscopales. Celle du « clergé et des séminaires », présidée par le cardinal Achille Liénart, s’occupera de la Mission de France.

28 juin 1951 :
7e session annuelle nationale des prêtres de la Mission de France, à Lisieux, dont le thème : « la foi » avec les Pères Chenu et Liégé, théologiens dominicains.

20-21 octobre 1951 :
première rencontre nationale de l’Action catholique ouvrière.

1952

28 mars 1952 :
« Monition du cardinal Liénart, président de la commission épiscopale du clergé, à M. Augros, supérieur du séminaire de la Mission de France et à MM les directeurs ». À l’issue de la lecture de la  » monition « , le cardinal demande à M. Louis Augros de quitter ses responsabilités de supérieur du séminaire à la fin de l’année scolaire.

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2 juillet 1952 :
le Père Daniel Perrot accepte à la demande de Mgr Maurice Feltin, archevêque de Paris, d’être délégué général de la commission épiscopale auprès de la Mission de France. Celle-ci impliquait un certain nombre de mesures à prendre dans les plus brefs délais :
– procéder aux nominations et mutations nécessaires pour établir de nouvelles communautés avec les prêtres récemment ordonnés ;
– régler la situation canonique des 280 prêtres rattachés d’une manière ou d’une autre à la Mission ;
– visiter les communautés pour connaître la réalité des secteurs et les problèmes qui s’y posaient ;
– prendre contact avec les évêques pour négocier et passer avec eux les contrats fondant des communautés de la Mission dans leurs diocèses.

Création de l’association, Les Amis de la Mission de France. Elle a pour objet d’apporter par tous les moyens dont elle disposera une aide directe ou indirecte aux séminaristes et aux prêtres appartenant à la Mission de France et qui se destinent à l’apostolat, dans les régions les plus déshéritées de la France métropolitaine, d’Outre-Mer ou de l’Union française en favorisant la création, l’organisation et l’administration d’établissements appropriés et d’encourager le développement de toutes institutions de nature à venir en aide aux séminaristes pauvres, aux prêtres malades ou âgés et à tous ceux qui se dévouent à leur service. Elle a pour président Mgr Lemonnier qui sera remplacé rapidement par Mgr de Bazelaire, archevêque de Chambéry. Elle publiera la Lettre aux Amis de la Mission de France à partir de mai 1953 jusqu’en novembre 1966.

Juillet 1952 :
le cardinal Achille Liénart, président de la commission épiscopale chargée de la Mission de France, décide de transférer le séminaire de Lisieux au grand séminaire de Limoges afin de libérer les locaux de l’Ermitage appartenant à l’administration des pèlerinages de Lisieux.

1952 :
création de deux nouvelles équipes de la Mission de France. La première dans les milieux scientifiques ; le Père Bernard Boudouresques, sera le premier à travailler en janvier 1953. La seconde en milieu hospitalier, à Paris ; d’abord composée uniquement d’aumôniers, elle réunira ensuite des prêtres qui travailleront dans les hôpitaux et des aumôniers. Le Père Henri Pousset sera le premier à travailler, en 1965, en tant qu’infirmier à l’Hôtel-Dieu de Paris.

12-14 mars 1952 :
la LIVe Assemblée des cardinaux et archevêques de France constate que M. Louis Augros, supérieur du séminaire de la Mission de France, dirige également les communautés de prêtres de la Mission de France. Elle charge le cardinal Achille Liénart, évêque de Lille et président de la commission épiscopale du clergé, d’adresser une « monition » à la Mission de France et de « prendre les mesures nécessaires au redressement » de son séminaire et de ses prêtres. Désormais, la Mission de France et le séminaire auront une direction distincte.

10 mai 1952 :
prorogation du statut provisoire de 1949 de la Mission de France.
« Le statut provisoire, concédé seulement pour trois ans, était venu à expiration ; le Saint-Siège décida de le proroger jusqu’à la visite canonique du séminaire qui devait avoir lieu l’année suivante. »

30 mai 1952 :
rapport présenté au cardinal Achille Liénart, président de la commission épiscopale du clergé, par les Pères Levesque, professeur au séminaire de Lisieux, Perrot, curé de Saint-Hippolyte à Paris, et Giboin, responsable de l’équipe Mission de France à La Souterraine (Creuse). Ce rapport avait été décidé à l’issue d’une session de pédagogie catéchistique, le 29 avril 1952, animée par le Père Roguet, dominicain, avec plus de 50 représentants des communautés de la Mission de France. Le rapport fait part de leurs réactions devant la décision prise par la commission épiscopale du clergé, de la situation et des problèmes des communautés, enfin de leurs vœux concernant l’avenir.

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12 juin 1952 :
M. Louis Augros quitte ses responsabilités de supérieur du séminaire de la Mission de France ; il sera nommé dans l’équipe de Givors (Rhône).

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25 juin 1952 :
la commission permanente de l’Assemblée des cardinaux et archevêques de France nomme le nouveau supérieur du séminaire de la Mission de France.
« Sur la proposition de M. le supérieur général de Saint-Sulpice et après consultation des membres de la commission épiscopale de la Mission de France, le cardinal Liénart fait approuver par la commission permanente la nomination du chanoine Joseph Basseville, supérieur du grand séminaire de Nantes à la charge de supérieur du séminaire de la Mission de France. »

9 juillet 1952 :
le cardinal Achille Liénart, président de la commission épiscopale chargée de la Mission de France, annonce officiellement la nomination du Père Daniel Perrot comme délégué général de la commission épiscopale auprès de la Mission de France.

« Cette nomination était nécessaire pour permettre aux Évêques, membres de la Commission, de s’occuper effectivement de vous et de votre apostolat, dont ils sont responsables. Vous verrez, j’en suis sûr, une preuve de leur sollicitude à votre égard dans le choix de M. Perrot. Il est l’un des vôtres. Il connaît et aime la Mission depuis longtemps et il jouit d’avance de votre estime et de votre confiance. Son rôle sera à la fois d’être auprès de la Commission l’interprète de vos vœux et de vos besoins, et en liaison étroite avec elle, de veiller à votre bien spirituel et moral, de vous guider dans votre tâche généreuse et si difficile et d’administrer, selon les règles canoniques, votre grandissante Institution. La Commission lui déléguera à cet effet tous les pouvoirs nécessaires, sans cesser pour autant de s’intéresser elle-même au progrès et au développement de la Mission. »

15-17 octobre 1952 :
la LVe Assemblée des cardinaux et archevêques de France ratifie les décisions concernant la Mission de France.

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26 octobre 1952 :
ouverture du séminaire de la Mission de France à Limoges avec M. Joseph Basseville comme supérieur. L’évêque de Limoges accueille le séminaire de la Mission de France, pour trois ans, dans une partie de son grand séminaire. Mgr Bazelaire, archevêque de Chambéry, succède à Mgr Lemonnier comme évêque-délégué auprès du séminaire.

30 octobre 1952 :
mise en application du statut canonique provisoire de la Mission de France approuvé par l’Assemblée des cardinaux et archevêques de France. La commission du clergé et des séminaires, chargée par le Saint-Siège de diriger la Mission de France, a fait approuver par l’Assemblée des cardinaux et archevêques les textes suivants, qu’elle porte à la connaissance des évêques :

1° Organisation de la Mission de France…
2° Statut du délégué général de la commission épiscopale auprès de la Mission de France…

logword1er-3 décembre 1952 :
première réunion des responsables régionaux de la Mission de France, à Bagneux (Seine), qui fait état de la vie de la Mission de France.

logword18 décembre 1952 :
approbation par le cardinal Achille Liénart, président de la commission épiscopale chargée de la Mission de France, du choix des consulteurs proposés par le Père Daniel Perrot dans sa lettre du 6 décembre 1952.

« Le statut du délégué général prévoit que celui-ci sera aidé par des consulteurs agréés par la commission épiscopale. Les délégués régionaux ont proposé trois consulteurs qui s’adjoindraient au délégué général, à son adjoint et au supérieur du séminaire pour constituer le « conseil » de la Mission. Voici les trois noms choisis :
– pour représenter les communautés rurales : M. Vinatier, du diocèse de Tulle, curé doyen de Treignac, collaborateur assidu des Cahiers du clergé rural ;
– pour représenter les communautés urbaines : père Paul Delahaye, du diocèse de Rouen, qui fut longtemps aumônier diocésain de l’Action catholique ouvrière et qui, depuis deux ans, est curé d’Harfleur (faubourg du Havre) avec une équipe de la Mission ;
– pour représenter l’équipe des travaux publics et plus largement les prêtres-ouvriers agrégés à la Mission : M. Gabriel Genthial ou M. Jacques Vivez, l’un des deux qui m’ont accompagné chez Votre Éminence le 30 septembre dernier.
Nous pensons que les consulteurs pourraient être agréés seulement pour un an et que leur mandat, d’ailleurs pourrait être renouvelé. »

1953

Janvier 1953 :
création d’une commission rurale, sous la responsabilité du Père Jean Vinatier, curé de Treignac (Corrèze), et d’une commission urbaine, sous la responsabilité du Père Jean Gentile, curé de Saint-Louis à Marseille. Ces deux commissions ont pour but un travail de recherche et d’animation : détermination des points essentiels d’une action missionnaire, dialogue avec l’Action catholique, diffusion dans les équipes de documents, préparation de sessions… Elles vont fonctionner jusqu’en 1967, date de la mise en place du Conseil presbytéral. Elles animeront de nombreuses sessions et prépareront des rapports pour chaque assemblée générale. Ces commissions sont étroitement liées au Conseil de la Mission. Elles créeront au cours de leur existence de nombreuses sous-commissions.

28 juillet 1953 :
lettre du cardinal Pizzardo, préfet de la Sacrée Congrégation des Séminaires et des Universités, adressée à tous les archevêques et évêques de France pour défendre  » de manière absolue à tous les élèves des séminaires de France, sans aucune exception, de s’engager comme  » stagiaires  » en des travaux de quelque genre que ce soit. « 

Fin avril 1953 :
visite canonique du Père Paul Philippe, dominicain, visiteur apostolique auprès des congrégations religieuses, « à la suite de l’enquête commanditée par le Saint-Siège (en l’occurrence la Sacrée Congrégation des Séminaires et Universités, dirigée par le cardinal Pizzardo) ». Cette visite sera une des causes de la fermeture du séminaire.

29 juin – 3 juillet 1953 :
8e session annuelle nationale des prêtres de la Mission de France à Limoges dont le thème est : « Place de la mission du laïcat dans l’Église » avec le Père Congar, théologien dominicain.

7 septembre 1953 :
lettre de Mgr de Bazelaire, archevêque de Chambéry, évêque délégué auprès du séminaire de la Mission de France, adressée à tous les évêques, annonçant la fermeture du séminaire.

logword19-20 septembre 1953 :
premier rassemblement des Équipes féminines à Villecresnes (Seine-et-Oise). Outre les équipes de la Mission de France et l’équipe de Madeleine Delbrêl, d’autres équipes de jeunes femmes s’étaient constituées depuis 1945. Souvent issues de l’Action catholique rurale, vivant surtout dans les milieux ruraux et dans les secteurs où sont présents des prêtres de la Mission de France, elles veulent se consacrer aux non-chrétiens. Au cours de ce premier rassemblement, elles prennent conscience de leur vocation commune et décident de se structurer en organisant des rencontres régionales et nationales. Elles s’appelleront « équipes féminines d’ensemble ».

2-9 octobre 1953 :
premier voyage à Rome du Père Daniel Perrot, délégué général de la commission épiscopale auprès de la Mission de France, accompagné du Père Joseph Basseville, supérieur du séminaire de la Mission de France.

14-16 octobre 1953 :
la LVIIe Assemblée des cardinaux et archevêques de France étudie un nouveau projet de statut de la Mission de France.
« Le projet de modification du statut canonique de la Mission de France a été élaboré ainsi qu’un projet de règlement intérieur pour le séminaire. La commission épiscopale préposée à la Mission de France a consacré sa réunion du 12 octobre à l’examen de ces projets, qui doivent nécessairement garder un caractère confidentiel jusqu’à leur approbation définitive. »

3 novembre 1953 :
ouverture du séminaire à Limoges pour les 22 séminaristes de cinquième année.

« Le cardinal Liénart obtint du moins que les séminaristes qui n’avaient plus à faire qu’une année d’études et qui, normalement, devaient être ordonnés en 1954 puissent rentrer à Limoges pour y achever leur formation et se préparer à l’ordination, avec le Père Basseville comme supérieur. Mais cette autorisation était assortie de conditions draconiennes : les professeurs agréés, les Pères Roul, Cavolleau et Corbineau, ne pourraient pas appartenir au corps enseignant lors de la réouverture du séminaire. Un nouveau règlement imposé par la congrégation des séminaires, bien différent de la vie plus libre et ouverte sur l’extérieur (non sans excès, il faut le reconnaître) qui avait été celle de l’année précédente, devrait régir la communauté. Avant d’être admis, les séminaristes devraient s’engager par écrit à respecter ce règlement. Aucun séminariste ne recevrait l’ordination avant la fin de l’année scolaire et les appels aux ordres ne seraient pas faits par des évêques mais directement par Rome. »

Pour la première fois, tout séminariste doit signer une lettre d’engagement :

« Je, soussigné, reconnaissant d’être admis exceptionnellement pour faire ma 5e année au séminaire de la Mission de France, actuellement réorganisé, désire coopérer au succès de son renouveau. Je m’engage à observer le régime provisoire d’études et de discipline communiqué par la Commission épiscopale et à obéir loyalement au supérieur du séminaire. »

1954

18 janvier 1954 :
décision de la fermeture définitive du séminaire de la Mission de France, donc de la Mission de France.
« Le 18 janvier 1954, le cardinal Pizzardo, préfet de la Congrégation des Séminaires notifia à l’évêque de Lille la fermeture définitive du séminaire de la Mission de France et donc la suppression de celle-ci. On créera à la place un « institut de formation missionnaire » qui accueillera des prêtres pour une année de recyclage avant qu’ils ne soient embauchés définitivement par des évêques de régions déchristianisées. »

1er mars 1954 :
date fixée par les évêques français à la centaine de prêtres, diocésains et religieux, qui travaillent à plein temps, en usines ou sur des chantiers, pour qu’ils cessent leur activité professionnelle.

15 août 1954 :
le Pape Pie XII donne un statut définitif à la Mission de France par la Constitution apostolique « Omnium ecclesiarum ».

logwordLa constitution apostolique, en ces heures où l’évolution du monde déroutait tant de chrétiens, voire de pasteurs, marquait une prise de position, ferme et audacieuse du Saint-Siège :

– La reconnaissance d’une situation missionnaire dans les pays de vieille chrétienté.[…]
– La création d’un clergé séculier, non pas diocésain, mais national, instrument d’action apostolique pour l’épiscopat de France en tant que tel (anticipation de ce que le concile Vatican II dira des conférences épiscopales nationales).
– La spécificité de l’action missionnaire qui requiert donc une formation particulière en vue d’annoncer l’Évangile à des non-croyants.

19 janvier 1954 :
les évêques, qui avaient des prêtres-ouvriers dans leur diocèse, leur adressent une lettre pour qu’ils cessent tout travail. Cette lettre est notifiée individuellement à chacun de ceux qui travaillaient en usine ou sur un chantier du bâtiment.

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18 février-4 mars 1954 :
second voyage à Rome du Père Daniel Perrot, délégué général de la commission épiscopale auprès de la Mission de France. Il est chargé de remettre la réponse du cardinal Achille Liénart, évêque de Lille, président de la commission épiscopale de la Mission de France, concernant la fermeture du séminaire au cardinal Pizzardo, préfet de la Sacrée Congrégation des Séminaires.

« Le cardinal Liénart, évêque de Lille, président de la commission épiscopale de la Mission de France, donne qualité à M. l’abbé Daniel Perrot, délégué de cette commission, pour traiter de toutes les questions qui intéressent la Mission, soit avec les SS congrégations compétentes, soit avec les personnalités romaines qui voudront bien l’accueillir. Il charge Monsieur Perrot de donner en son nom tous les éclaircissements susceptibles de hâter la mise au point du statut canonique de la Mission et du règlement du séminaire qui ont été soumis à l’approbation du Saint-Siège. »

Février 1954 :
rapport du Père Daniel Perrot, délégué général de la commission épiscopale auprès de la Mission de France, au Saint-Siège sur l’état, les objectifs et l’organisation de la Mission de France.

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9 mars 1954 :
lettre du cardinal Achille Liénart aux prêtres de la Mission de France pour leur demander de l’aider à définir la Mission :
« Les évêques de la commission épiscopale ont décidé de formuler dans un document le rôle de la Mission telle qu’elle a été conçue et telle qu’elle est voulue à l’heure présente par la hiérarchie. Avant de lui donner sa forme définitive, je vous demande en leur nom de nous faire connaître en toute ouverture comment vous concevez vous-mêmes cette Mission, afin que tout soit clairement mis au point. »

25 mars-8 avril 1954 :
troisième voyage à Rome du Père Daniel Perrot, délégué général de la commission épiscopale auprès de la Mission de France.

26-28 avril 1954 :
2e Assemblée plénière de l’épiscopat français. Elle adopte un directoire pastoral en matière sociale à l’usage du clergé.

« La tâche missionnaire

Aujourd’hui, un problème grave est posé par la constitution en notre pays de groupes humains, vivant de la même vie de travail, formant, en marge des anciennes villes, des cités nouvelles, où la révélation chrétienne n’a pas encore pénétré et où l’Église n’est trop souvent connue que par les mensonges d’une campagne matérialiste et athée.
La hiérarchie sent très vivement sa responsabilité à l’égard de ces masses d’hommes qui ignorent le message rédempteur du Divin Sauveur. Aussi sa tâche missionnaire a-t-elle pour but de rejoindre et d’atteindre les incroyants par la présence et l’action en ces milieux coupés de l’Église, d’un laïcat chrétien, solidaire de ce monde, au sein duquel il porte le témoignage de la charité du Christ et remplira de plus en plus la mission d’évangélisation que lui confie l’Église. C’est pourquoi aussi la hiérarchie s’efforce d’éveiller et de stimuler dans le clergé et les fidèles un esprit missionnaire, fait de respect, d’amour et de service à l’égard de ces masses incroyantes avec le sens aigu de leur misère spirituelle comme de leurs souffrances matérielles. À celle-là elle veut donner les prêtres de la mission ouvrière.
S’il est vrai que le problème missionnaire se pose avec une acuité particulière dans le monde ouvrier, ce serait une erreur de penser qu’il n’est pas urgent dans d’autres milieux : n’est-il pas en France des régions entièrement étrangères à la foi chrétienne ? L’Action catholique des divers milieux ne constate-t-elle pas chaque jour les traces de l’envahissement du paganisme et du laïcisme ambiants ? L’épiscopat garde la sollicitude de tous. C’est dans tous les milieux qu’il veut que l’Évangile soit annoncé. »

28-31 avril 1954 :
quatrième voyage à Rome du Père Daniel Perrot, délégué général de la commission épiscopale auprès de la Mission de France.

12-14 mai 1954 :
cinquième voyage à Rome du Père Daniel Perrot, délégué général de la commission épiscopale auprès de la Mission de France.

29-31 mai 1954 :
sixième voyage à Rome du Père Daniel Perrot, délégué général de la commission épiscopale auprès de la Mission de France, avec le cardinal Achille Liénart pour les fêtes de la canonisation de Pie X.

6 juillet 1954 :
le cardinal Maurice Feltin, archevêque de Paris, institue comme secteur missionnaire la Boucle de la Seine. Le Père Robert Frossard, responsable des Œuvres diocésaines, en est nommé le coordinateur. Ce secteur comprend 22 paroisses sur les communes de Gennevilliers, Puteaux, Courbevoie, Clichy, Levallois, Villeneuve-la-Garenne, Asnières, Bois-Colombes, Colombes, Nanterre, Suresnes. Il s’agit d’instaurer une collaboration entre les prêtres de paroisse, les prêtres au travail et les laïcs pour orienter l’ensemble de la pastorale dans le sens de l’évangélisation du monde ouvrier. La Mission de France est présente à Asnières, Gennevilliers, Puteaux et Colombes.

24 juillet 1954 :
règlement pour le séminaire de la Mission de France promulgué par la Sacrée congrégation des séminaires et des universités ad triennium et ad experimentum.
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26 juillet-3 août 1954 :
septième voyage à Rome du Père Daniel Perrot, délégué général de la commission épiscopale auprès de la Mission de France.

31 juillet 1954 :
le Père Daniel Perrot, délégué général de la commission épiscopale auprès de la Mission de France, reçoit l’indult de la Congrégation des Religieux pour que la vente de Pontigny par les Pères de Saint-Edme soit canoniquement légale. C’est une des conditions nécessaires de la promulgation de la constitution apostolique.