La Mission de France a tenu son Université d’été à Lyon, du 14 au 17 juillet 2016

La Mission de France a tenu son Université d’été à Lyon, du 14 au 17 juillet 2016

 

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250 participants se sont retrouvés autour du thème : « Corps du Christ pour la Multitude »

Qu’est-ce qui nous fait tenir ensemble pour « faire société » ? Que deviennent les corps intermédiaires quand on a mis la primauté sur les droits de l’individu et les réseaux ?

Le corps social renvoie au commun, à ce qui nous fait vivre ensemble avec nos différences.

L’autonomie est une belle conquête, mais sans prise de conscience de nos liens d’interdépendances avec l’environnement, la famille, la société, on ne fait plus corps. On n’est rien sans les autres, sans l’autre.

 

 

 

Parmi les interventions :

 

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Elena Lasida

« Il s’agit de passer du monde vécu par chacun au monde commun », explique Elena Lasida.

« Etre prêtre avec  les mains pleines d’humanité », Pierre Laurent, prêtre de la Mission de France au Cambodge, accompagnateur du comité de pastorale ouvrière (ouvrières en usine textile)

« En quelle table fraternelle désigner Jésus-Christ qui est pour nous à la racine de la fraternité expérimentée ? », Jean Toussaint, prêtre de la Mission de France, Algérie.

La fragilité institutionnelle de l’Eglise peut être une chance de renouvellement. Elle permet de sortir de l’esprit d’installation et de conquête. L’Eglise reprend son bâton de marche pour vivre la rencontre et le dialogue avec la multitude, avec les périphéries, comme aime dire le pape François.

Nous vivons comme une chance d’aller à la rencontre plutôt que d’amener à soi. Avec l’Evangile, nous sommes  dans une logique du signe donné, notre efficacité est dans la gratuité. La parole de Dieu sans cesse revisitée ensemble est souvent plus ajustée qu’une vérité déversée !

 

 

Relecture du prélat de la Mission de France – Université d’été – samedi 16 juillet 2016

 

Il m’a été demandé de proposer une relecture personnelle de l’Université d’été : comment l’ai-je vécue ? Comment ai-je perçu les enjeux de la société et de l’Église, les enjeux théologiques ?

 

J’ai donc essayé de me situer non seulement comme évêque, mais comme Hervé Giraud, prélat. Lors d’une Université d’été, l’évêque doit la boucler… non pas se taire, non pas tout boucler, non pas tout introduire, ni tout conclure, mais effectuer comme une « grande boucle » dont l’arrivée n’est autre que la fin des temps ! Avec la Mission de France, j’ai donc appris à avoir une autre posture d’évêque : j’apprécie que le prélat soit un évêque autrement situé. On n’attend pas tout de lui ; tout ne passe pas par lui ; on ne l’ignore pas non plus, notamment dans sa sacramentalité fondamentale, signe de la donation de l’Esprit. J’ai donc bien vécu la manière dont vous m’avez accueilli ici mais aussi depuis 15 mois lors du lavement des pieds à Pontigny. L’enjeu est important car ma place spécifique signifie aussi votre place dans la responsabilité apostolique confiée à la Mission de France. Le signe en a été donné par les multiples prises de paroles : il est loin le temps où seul l’évêque prêchait ! Des mots me viennent ici : réception – écoute mutuelle ; dialogue – réciprocité.

Ensemble, nous avons donc tissé un peu plus la communauté Mission de France. Je ne vais ni coudre ni en découdre, même si la culture de la confrontation reste un bon moteur MdF !

Je voudrais dire d’abord merci pour la longue préparation. Le chemin fait partie de l’Université d’été. Merci à Arnaud, notre vicaire général, et à tous ceux qui ont préparé et qui animent notre Université d’été. Nous ne mesurons peut-être pas tous que ce genre d’événement demande beaucoup de réflexions, de débats, de remises en question. En tout cas, vous avez mis la barre très haut, trop haut peut-être… à nous de le dire dans nos évaluations.

Il est écrit au livre de la Sagesse : « Ce que j’ai appris avec simplicité, j’en fais part sans réserve. » (Sg 7,13). Avec simplicité, je voudrais redire qu’il faut tendre vers… la simplicité. J’ai apprécié notre effort de réflexion, avec nos multiples rationalités. La Mission de France est quasi une exception dans son énorme capacité de réflexion, d’actualisation. Mais… je n’ai pas tout compris. La nécessaire intelligence de la foi risque de devenir hermétique. Notre jargon risque de devenir compliqué ! Comment dire cela à mon neveu ?! Saint Paul nous a avertis : « J’ai bien peur que… votre intelligence des choses ne se corrompe en perdant la simplicité… qu’il faut avoir à l’égard du Christ. » (2 Co 11,3). Pourtant, moyennant cet avertissement, je ne peux que vous confirmer dans cette « recherche commune », cette recherche intelligente, participative, théologique. Continuez résolument à « théologiser » –  voyez que je m’inculture ! – mais sans oublier l’accessibilité. Devenir simple est un travail ! C’est un travail supplémentaire, encore plus difficile mais essentiel. Parmi les enjeux que je perçois, il y a donc la nécessité de continuer, contre vents et marées, à faire le pari de la pensée, de penser notre histoire pour que celle-ci ne devienne pas un destin, une mécanique, mais qu’elle s’ouvre, par la fragilité, à la contingence de notre histoire qui est la porte de l’Esprit.

Pour réfléchir les enjeux, nous avons choisi l’analogie du corps : corps social, corps de paroles, corps qui fait signe… pour la multitude. Dans une analogie, la différence l’emporte sur la ressemblance. Il faut au moins en avoir conscience pour ne pas forcer cette analogie. Nous aurions aussi bien pu prendre celle du peuple, de la famille ou du temple. Chaque image fait signe autrement. Simplement, ne durcissons pas nos images. Mais en choisir une me semble important, pour ne pas créer de la confusion par leur multiplication.

Deux points m’ont aussi marqué positivement : la place de la Parole de Dieu et plus largement la liturgie. Notre pratique, révélée par la LAC et nos livres comme ceux de Jacques ou Dominique, montre bien que « Déchiffrer sa parole illumine et que les simples comprennent » (Ps 118,130). La Parole de Dieu nous est donnée pour être l’âme de notre apostolat commun, à condition (« Dura text, sed text ») de lire lentement. Quant à la liturgie, elle fut d’une rare qualité et intensité lors des engagements jeudi soir : un beau feu d’artifice… le bruit et la fumée en moins ! J’ai aussi entendu que beaucoup d’entre vous ont apprécié la relecture de la prière eucharistique pour la réconciliation et qu’en la relisant elle ouvrait d’autres soifs. Une qualité de chants, de paroles, de silence, d’écoute, de gestes fait entrer la multitude dans le mouvement profond d’une liturgie qui fait devenir corps du Christ.

Dans une Université d’été, comme à Avignon, il y a le « on » et le « off ». Merci à toutes celles et ceux qui m’ont parlé ou interpellé en « off ». Leurs paroles m’ont aussi marqué par leur confiance immédiate. Soyez rassurés : j’ai bien compris qu’ici « on râle d’abord, et on rend grâce ensuite » !

Demeure la question de Dieu… celle que nous nous posons et celle qu’Il nous pose, directement ou médiatement. Celle qui se pose quand nous pensons l’institution à partir de sa fragilité ou non. La question de Dieu ne peut être entendue que si nous restons ouverts à l’Esprit qui souffle dans nos joies et dans nos failles, qui passe aussi à travers elles. Continuons cette célébration en nous laissant mener par l’Esprit sur les chemins de la justice.

+ Hervé GIRAUD
Prélat de la Mission de France
Archevêque de Sens & Auxerre

 

 

Retrouvez les actes et les temps forts de l’Université 2016 dans le n° 287 de La Lettre aux communautés du mois de novembre.

 

 

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