Cheminements Bartimée

 

Cheminements Bartimée

Pour une pleine et entière intégration des personnes «  divorcées-remariées » dans une communauté qui les accueille avec joie.

 

Après la lecture d’Amoris Laetitia, si l’on peut clairement dire «  la porte des sacrements est ouverte à ceux qui en prendront sincèrement et avec confiance le chemin », la question est maintenant de savoir

COMMENT :

Car ce n’est pas une autoroute, ni même une nationale, il n’y a pas une route unique pour tous, mais une multitude d’itinéraires qui selon les histoires des personnes peuvent être courts ou plus longs, faciles et sereins, ou plus difficiles. Certains sont au tout début de leur parcours, d’autres attendent à la porte depuis longtemps. Il faut que chacun soit accueilli par une communauté, entouré par une équipe de prêtres et de laïcs engagés dans cette pastorale, pour atteindre, en conscience, le moment de la rencontre avec le Seigneur à travers les sacrements (EG 47) et ce n’est pas nécessairement en bout de chemin, puisque « l’Eucharistie n’est pas un prix destiné aux parfaits, mais un généreux remède »* et de toute façon ce n’est jamais le bout du chemin, car comme pour tous les chrétiens, le chemin c’est le Christ et  Il  est toujours devant nous.

Cela passe aussi par la conversion de nos communautés, pour qu’elles soient prêtes à entrer dans la salle du festin et à se réjouir avec le père que la famille soit de nouveau réunie.

C’est de notre responsabilité à tous, communauté, pasteurs, laïcs engagés et personnes désireuses de prendre ce chemin. Où, quand, comment ? C’est, dans une démarche synodale, qu’ensemble nous pourrons répondre à la question posée par Jésus à chacun :

« Que veux-tu que je fasse pour toi ? »

Déjà des équipes commencent à réfléchir pour inventer ensemble des réponses. Un questionnaire** qui proposait aux personnes «  divorcées-remariées » de se situer par rapport aux étapes de discernement proposées par Amoris Laetitia et dont nous avons fait la synthèse, nous a servi de matériau de base pour construire, selon les recommandations des « chemin d’Emmaüs » ces «  cheminements Bartimée ».

Il existe déjà des cheminements vers des « temps de prières » à l’occasion de la nouvelle union. Ces démarches peuvent trouver toute leur place dans les propositions de l’équipe, lorsque les couples «  divorcés-remariés » ne l’ont pas encore vécu.

Comme le pape François nous y incite régulièrement, laissons nous guider par les pages d’Evangile  où l’on voit Jésus agir lors de ses rencontres avec les gens de Palestine, cela peut nous fournir de précieux indices : attitudes, paroles, signes, manifestations.

Laissons-nous instruire par le Christ lui-même !

*(E.G. 47 p.1039)

** La synthèse de ce questionnaire peut être demandée par mail.

Ce ne sont pas des itinéraires tout fait que nous proposons, mais plutôt des recommandations pour un état d’esprit qui permettra à l’équipe accompagnante de répondre au mieux et avec la personne elle-même à la question de Jésus : « que veux-tu que je fasse pour toi ? »

 

Par exemple dans une communauté paroissiale on pourrait imaginer quelque chose comme cela :

  1. Une large information sur la paroisse qu’un projet se met en route afin que toute la communauté accueille favorablement ces «  frères et sœurs » ( AL 299)
  2. Une première réunion d’information ouverte à tous qui écoute les attentes et fait des propositions.
  3. Une petite équipe qui se met en marche avec des paroissiens « divorcés-remariés » et quelques autres paroissiens (un couple, une personne de l’EAP….) et le prêtre. Elle définit dans les grandes lignes vers où on va en s’appliquant à répondre à la demande des couples «  divorcés-remariés ».
  4. Une série de rencontres en équipe ou avec un des accompagnateurs, des étapes et des signes…des sacramentaux, ou directement le sacrement du pardon, puis l’Eucharistie qui ne peuvent être qu’une étape à la pleine intégration. (
  5. Pour le contenu des étapes : l’idée nous est venue en relisant l’Evangile de l’aveugle du bord du chemin, Bartimée. (C’était d’ailleurs le texte d’Évangile de la messe de clôture du synode 2015 longuement commenté par le pape lui-même.)
  6. Vient alors la question de la manifestation, de la parole publique entre l’Eglise et de la personne. Cette articulation est sans doute la plus délicate et doit pouvoir prendre des formes multiples selon le souhait de la personne et les possibilités de la communauté.

 

Quelles pourraient être les étapes ( du point 4 et 5 ).  En utilisant le texte d’Evangile de Bartimée par exemple.

 

Étape 1

Bartimée crie, il veut voir Jésus, la foule l’en empêche, il crie de plus belle.

Ce peut être un moment où la personne dit sa souffrance (prends pitié de moi !) et les blessures qu’elle a reçues de la part de ceux qui ne l’ont pas laissé s’approcher. (Relecture de son parcours et état de la situation présente)

 

Étape 2

Il se lève avec confiance encouragé par quelques personnes autour de lui. Ce peut être le moment de voir les personnes, les circonstances, les lieux qui ont aidé la personne à se relever. Il enlève son manteau (que représente le manteau pour lui, le regard des autres, la chape d’une éducation très rigide, une autocensure, une culpabilité …)

 

Étape 3

« Que veux-tu que je fasse pour toi ?» La personne, mise en confiance dans le petit groupe ou avec son accompagnateur formule sa demande et confie les difficultés à encore surmonter.

 

Étape 4

«  Rabouni que je vois ».  La personne en appelle à la tendresse du Père (Rabouni), miséricorde, pardon et Lui demande de la guérir. Sans doute la place de l’aide par le sacrement du pardon puis de l’Eucharistie. ( AL 305 note 351 )

 

Étape 5

«  Va ta foi t’as sauvé » aussitôt il retrouva la vue et il suivait Jésus.

C’est clairement la reconnaissance de sa foi et l’envoi en mission. Du fait de la guérison il va reprendre sa place dans la communauté en marche, c’est la pleine intégration…et il est envoyé vers ses frères avec ses charismes propres pour le bien de tous. ( AL 299)

 

Voilà un parcours, mais il existe d’autres évangiles.…

Le Père et ses deux fils, la samaritaine, la femme adultère (pour le juste rapport de chacun à la loi), Zachée, les pèlerins d’Emmaüs….

 

Reste ensuite le choix de la parole que la personne souhaite «  échanger » avec son Eglise, sa communauté…pour signifier sa complète intégration. Certains voudront une parole discrète, d’autres peut-être plus solennelles…ou une lettre de l’Evêque…ou ….

Tout est à inventer avec l’aide de l’Esprit.