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Table ronde du 8 mai 2021 sous forme de FAQ

A partir des questions effectivement posées dans le PADLET

les questions ont été regroupées par thème. Lorsque ces questions ont déjà reçues des réponses par les intervenants, les numéros des réponses sont seulement mentionnés et on peut se reporter au document de la table ronde « en directe ».  Lorsque ces questions n’ont pas pu être posées ou approfondies, les responsables de la table des questions proposent des pistes de réponses dans les commentaires complémentaires.

 

QUESTIONS AUTOUR DE L’INDIFFERENCE, LA PRUDENCE OU LA RETICENCE DES EVEQUES

 

  • Notre évêque n’a pas démarré de véritable démarche pour orienter les parcours de discernement intégration, nos rencontres multiples montrent son intérêt mais son accueil est réservé, voire ne nous donne pas de chemin d’espérance et nous souhaiterions avoir des clés pour le faire progresser.
  • Nécessité de la formation des prêtres et des laïcs qui accompagnent
  • Des réalités tellement différentes par diocèse.

Que le mouvement Chemins d’espérance, et sa revue, devienne une ressource pour tous les diocèses de France car c’est un centre d’information fourmillant de lieux référencés.

  • Des orientations diocésaines semblent nécessaires pour une unité
  • La Rochelle : on regrette une certaine indifférence c’est mieux qu’un blocage. Bon accueil par l’évêque, écoute, mais pas d’initiative sur le plan diocésain ; existence d’un groupe de parole ’80 personnes ; pas d’écho de demande de prière : peut-être des initiatives locales. Souhait d’une meilleure implication du diocèse.
  • équipe Reliance (LILLE) Obstacles: Les communautés peu impliquées; peu de monde dans les groupes de parole; des prêtres qui retirent les flyers de Reliance
  • Reims : lettre aux prêtres, n’ont pas eu de formation, attente réclamée : diffusion de l’information par l’évêché pas suivi d’effet, on attend la réponse. il y a des réticences, des blocages (il y a 2 ans : refus d’une intervention d’Hélène Bricout par Mgr Feillet, auxiliaire). Freins sur le chapitre 8 : lettre du diocèse sur AL : ne pas parler des remariés : un point noir dans le diocèse. Nouvel archevêque : il nous a écoutés, pour faire connaître les chemins de discernement, faire avancer le temps de prière lors d’un réengagement : pour le moment, refusé dans le diocèse car pas dans le droit canon.
  • Sur le diocèse de Grenoble, le seul document disponible sur le divorce dit : Actuellement la discipline canonique ne permet pas aux prêtres de donner l’absolution sacramentelle aux personnes divorcées en état de nouvelle union. » Et la plaquette disponible dans certaines églises dit : l’Église ne donne pas les autres sacrements de l’alliance : réconciliation (Sacrement de Pénitence), eucharistie… à des personnes divorcées vivant une nouvelle union. » Alors, La CEF n’aurait-elle pas dû depuis longtemps rappeler à tous les évêques, prêtres et laïcs de France l’existence de Amoris Laetitia et des chemins d’accès aux sacrements possibles
  • Les évêques d’Argentine ont mis en œuvre des orientations communes qui ont reçu l’aval du pape François. Quelles difficultés ressent Hervé GIRAUD au sein de la collégialité des évêques français qui empêchent un langage commun qui serait aidant pour les communautés?
  • Trop de différences de prise en considération entre les diocèses et paroisses. Mon évêque m’a remerciée de quitter ma mission envers les personnes divorcées, remariées. Un autre évêque ne nous fait profiter que de ses silences sur le sujet. Comment nous aider ? Sont-ce des sujets évoqués au sein de la CEF ?
  • Bonjour, je ne sais pas avec qui je suis dans ce premier groupe et si je suis hors sujet mais après l’écoute de A Thomasset, je me dis qu’en tant que curé de paroisse nous avons de grandes orientations en ce moment (écologie, familles, Saint Joseph) et qu’il est difficile même si « tout est lié » de trouver un chemin équilibré en plus de l’accueil quotidien de personnes de plus en plus loin pour demander baptêmes, mariages et sépultures alors qu’ils sont tous des cas particuliers avec des demandes extrêmement particulières…C’est ma passion, dans tous les sens du terme. Mais comment trouver UN chemin pastoral…?
  • Sur certains diocèse, la question du discernement pastoral avance souvent avec discrétion, mais quand un Evêque est favorable à l’accompagnement mais pas du tout ouvert à des propositions autour d’AL, comment faire ? y-a-t-il des peurs chez les évêques ? Manquent-ils d’audace ?
  • Comment inciter les évêques à exercer leur responsabilité de pasteur en publiant des orientations comme le demande AL 300
  • Comment fournir des éléments aux pasteurs de communautés pour qu’ils puissent répondre aux demandes qui leur sont faites ?
  • Pour les divorcés remariés l’intégration n’est plus une question. Comment les rejoindre?
  • Comment donner confiance aux prêtres pour lire et découvrir AL. Ils sont capables de discernement ? Comment faire avancer les diocèses où il n’y a pas d’élan, si ce n’est des freins !

 

REPONSES DES INTERVENANTS LORS DE LA TABLE RONDE

Cf. « Questions de table ronde du 8 mai 2021 – synthèse » question 2

 

COMMENTAIRES COMPLEMENTAIRES

Les intervenants ont en effet indiqué que 15 diocèses sur 110 ont effectivement fait quelque chose. Pour certains il y a des orientations claires qui prévoient la possibilité de cheminements de discernement pouvant aller à la réception des sacrements de réconciliation et eucharistie  Pontoise, Toulouse, Province Auvergne – Clermont Ferrand, Moulins, Le Puy, Saint Flour). Pour d’autres les orientations concernent essentiellement la possibilité de temps de prière pour les personnes en nouvelle union (Evreux, Cahors). Pour d’autres des expériences ont été réalisées avec l’accord de l’évêque mais sans orientations diocésaines précises (Lyon).

Dans pratiquement tous les cas les orientations sont à destination des agents pastoraux et diffusées de façon confidentielle. Rares (pour ne pas dire inexistants) sont les diocèses où l’information sur l’existence même de ces cheminements est disponible ou facilement accessible sur les sites diocésains ; au mieux on trouve un onglet ou une mention dans les activités de la Pastorale des familles (quand elle existe).

Aucun partage d’expériences et d’initiatives n’est organisé entre les diocèses. La dernière rencontre des délégués diocésains à la pastorale familiale a animé de nombreux ateliers, dont un pour l’accueil des personnes divorcées, mais pas pour les personnes engagées dans une nouvelle union, le sujet ayant été jugé « trop clivant ».

Certaines sensibilités entendent maintenir la discipline antérieure à Amoris Laetitia et de fait refusent la réception et la connaissance de l’exhortation apostolique. Corrélativement elles poussent les personnes concernées à recourir sans discernement à la reconnaissance de nullité du premier mariage.

 

QUESTIONS SUR L’IMPLICATION DE LA PASTORALE DES FAMILLES

 

  • Est-ce que les pastorales des familles se sentent investies ?
  • Au niveau de la CEF, Où en est-on concernant l’accueil des divorcés, divorcés-remariés ?
  • Annecy : problème de la communication, faire connaître les groupes dans le diocèse : 4 groupes une maison des familles : pas assez connu dans les paroisses, l’évêque a un peu évolué après dialogue.
  • Tours : soutenue et entourée pour faire ce travail : ce qu’il reste à faire : déjà 3 groupes d’accueil, réunion des gens intéressés, une petite équipe plus large pour une synergie diocésaine, démarrage du parcours de reconstruction d’Édith Bastid (6 jours) aide à la communication par le diocèse ; mais pas de groupe pour les nouvelles unions et un parcours : équipe à créer. Je bute : sur la communication, la pastorale familiale n’est pas connue, problème de la sensibilité des paroisses et des prêtres, problème de la formation des prêtres : sortir du permis-défendu : qui fait bouger les lignes ce sont les témoignages.
  • Le Puy: nouveau groupe (qui inclut un homme); une formation des prêtres prévues à l’automne;
  • Une question pour Mgr Giraud et Oranne de Mautort (même si elle est plutôt pour Mgr de Moulin Beaufort) Comment les divers responsables nationaux peuvent-ils laisser certains évêques « interdire » de s’occuper des divorcés, leur interdire l’accès aux sacrements. Je parle entre autres de Mgr Aillet, Rey, Kerimel (mon évêque) et d’autres.
  • Sortir de la pastorale de la prestation pour être plus accueillant ; notion de synodalité, du marcher-ensemble : une opportunité pour être plus accueillant et pousser de côté la pastorale de la prestation qui empêche l’accueil ?
  • Dominique et Sixtine de Caen: bien aimés ce témoignage, jeunes délégués à la pastorale des familles. Difficile le comment mettre en place ce discernement personnel et cet accompagnement: attente d’expériences partagées. Pas beaucoup d’intérêt de la part des prêtres et des communautés: notamment de la part de prêtres qui disaient « les divorcés remariés ont déjà fait leur choix, ils sont partis ou se sont autorisés à communier. Donc ne perdez pas votre temps!  » Comme médecins, on a vérifié que c’est faux, des souffrances anciennes qui remontent. On aimerait avoir des couples veilleurs dans les paroisses, les communautés.
  • Philippe Lille: problème de la communication pour que cela dépasse la paroisse.
  • Renée interpellée: liens avec la pastorale des familles ? Beaucoup de points d’interrogation, en lien avec le diacre responsable avec sa femme de la pastorale de la famille. Mais pas plus pour le moment.
  • Comment accéder à l’outil des parcours « Oser choisir la vie « 

 

REPONSES DES INTERVENANTS LORS DE LA TABLE RONDE

Cf. « Questions de table ronde du 8 mai 2021 – synthèse » question 3

 

COMMENTAIRES COMPLEMENTAIRES

Comme évoqué, tout commence par une connaissance et un approfondissement d’Amoris Laetitia, une adhésion à la démarche synodale que demande le pape François, et une communication et une information sur les expériences et initiatives existantes.

Un autre paramètre important est d’exorciser « la peur d’être incompétent en discernement », peur ou prétexte essentiellement partagés par les clercs ou les laïcs non engagés.

Le pape François nous fait le don d’une nouvelle année de la famille-Amoris laetitia qui est donc l’occasion de relancer dans les diocèses et les paroisses l’étude de l’exhortation apostolique AL. A ce sujet les diocèses ou les paroisses qui focalisent sur l’année Saint Joseph sans mentionner Amoris laetitia est révélateur de non réceptivité du message de François. Le « dicastère pour les laïcs la famille et la vie » met en ligne une série de 10 vidéos de formation à ce sujet : http://www.laityfamilylife.va/content/laityfamilylife/fr/amoris-laetitia.html

Le Service national famille et société (SNFS) de la CEF a déjà réalisé en 2016 un guide de lecture d’Amoris laetitia qui constitue un excellent support d’animation de groupes de réflexion sur l’exhortation avec introduction des chapitres par des théologiens et théologiennes accessible, des témoignages, des questions pour échange en groupe, un glossaire.

Le Service national famille et société (SNFS) de la CEF propose en cette année Famille – Amoris Laetitia  propose en cette année 2021-2022 une série de 8 rencontres en vidéo de formation gratuite ouverte à tous.

Le Centre Sèvres propose des sessions (en 3 rencontres dans l’année) de formations au discernement pour les agents pastoraux et laïcs engagés en pastorale. https://centresevres.com/evenement/le-discernement-pastoral-dans-la-dynamique-damoris-laetitia-ressources-theologiques-spirituelles-et-pratiques-2/

L’institut pastoral d’études religieuses (IPER) de Lyon propose une formation : certificat universitaire CERPAL (certificat d’études religieuses en pastorale Amoris Laetitia) en 3 sessions sur l’année 2021-2022 https://www.ucly.fr/formations/les-formations-de-lucly/toutes-nos-formations/certificat-universitaire-amoris-laetitia-cerpal  pour les personnes engagées en pastorale.

Les Pastorale des familles peuvent donc envoyer leurs personnels en formation et organiser elles même des évènements locaux d’information et de formation en faisant appel aux intervenants et organisateurs de la journée du 8 mai 2021 de « Mission de France » et de ses partenaires « Chrétiens Divorcés chemins d’espérance » et « Equioes Reliance ».

 

QUESTIONS SUR LES INITIATIVES POUR REJOINDRE LES PERSONNES

  • Comment rejoindre les personnes car les initiatives existantes sont encore cachées ? Il nous faut donc aller vers les personnes.
  • La proposition d’une randonnée est un dispositif qui plus ouvert que proposer d’intégrer tout de suite un groupe de
  • Etre pris en compte par les médias pour toucher autrement qu’en Eglise les divorcés
  • Mise en place de groupes de paroles pour accompagner ce public
  • Divorcés loin de l’église ; Comment rejoindre les personnes en situation complexe lorsqu’elles ont quitté l’Eglise? Il semble que l’expérience de Marc à Reims soit très positive: c’est l’évêque qui a pris l’initiative en envoyant et formant 7 prêtres… Je trouve que c’est une très bonne piste, En plus il faut faire connaître l’existence de l’offre que représentent les groupes dédiés à l’accueil et l’accompagnement des divorcés et divorcés remariés dans les paroisses
  • Des réalisations: des groupes de parole (EVRY) des randonnées, des journées.
  • Les réalisations : groupes de parole randonnées mensuelles randonnées spirituelles tracts d’information distribués en paroisses temps information sur RCF pour toucher un public large
  • Comment rejoindre les personnes concernées ? Je vois deux difficultés : elles demandent de moins en moins à l’Eglise une parole, sont peu présentes dans les assemblées qu’elles ont désertées du fait de leur situation. Par ailleurs, quand elles sont présentes, elles n’aiment pas être stigmatisées. Les rejoindre par leur besoin humain ??
  • Parcours « oser choisir la vie » : parcours que l’on peut mettre en place dans chaque diocèse ? Ne faudrait-il pas déjà créer une relation renouvelée à Dieu afin de faciliter l’intégration dans la communauté ? Ne faut-il pas parler des difficultés pour faire une démarche synodale ?
  • Distinguer ceux qui sont dans le tsunami du divorce : comment être plus proches de ceux-ci ? Etre plus sensibles à ceux qui vivent le tsunami.
  • Touché par l’appel à la confiance, comment inspirer suffisamment confiance en l’Eglise à des personnes DR pour qu’elles puissent s’approcher et être accompagnées, car elles se considèrent souvent comme coupées et face à une Eglise qui a du mal à la comprendre ?
  • Philippe et Pascale de Lille, diacre permanent accompagnateurs de 2 équipes Reliance. Comment rejoindre les personnes qui sont séparées, isolées, dans la souffrance, donc ayant tendance à refermer la coquille ? Les weekends proposés à 10-15 personnes on a fini par arrêter « faute de combattants »
  • Renée: groupe créé en 1995 par le curé de l’époque, depuis il a beaucoup évolué. Rencontres autour d’un thème, accompagné par un prêtre Michel de 87 ans (question du relais après lui ?) – présents à une journée témoignage, beaucoup de gens nous ont rejoints. Gros problème pour le relais: soutien total de notre curé. Grosse interrogation pour ce relais: nous sommes 25 membres.
  • Annonce des temps de prière à l’occasion des remariages civils.
  • La question de la séparation, ça n’est pas que les personnes ayant reçu le sacrement, c’est plus large.
  • Supports d’Aide pour l’accompagnement d’un groupe Bonjour, Je suis depuis peu responsable d’un groupe et j’aurais aimé avoir des pistes d’accompagnement car, pour l’instant, je n’ai pas beaucoup de supports. Existe-t-il des vidéos ou des témoignages’? Ceux qui seront présentés seront, je suis sure, déjà bien intéressant et je vous remercie d’avance pour cette journée.
  • Comment rejoindre les DR qui ont quitté l’Eglise?
  • Questions sur les groupes de parole : risque de l’entre soi. Il est Important que les groupes soient des lieux ressource à partir desquels on peut proposer autre chose, tout en sachant que certains ont besoin d’un temps très long dans ces groupes.

 

REPONSES DES INTERVENANTS LORS DE LA TABLE RONDE

Cf. « Questions de table ronde du 8 mai 2021 – synthèse » question 1, question 9

 

COMMENTAIRES COMPLEMENTAIRES

 

La première chose à avoir en tête est que les personnes qui ont connu la séparation et le divorce peuvent être dans des situations présentes très différentes et donc que leurs besoins et leurs attentes peuvent être très différents. Il conviendra donc d’abord de les accueillir pour leur permettre de s’orienter vers les propositions qui leur conviennent. Pour fixer les idées :

  • Personnes qui sont « dans » le divorce avec problèmes juridique, économiques et de vie pratique.
  • Personnes profondément touchée et qui ont besoin d’une reconstruction personnelle.
  • Personnes qui ont une opportunité de s’engager dans une nouvelle union et qui doivent discerner si ce projet leur convient.
  • Personnes s’engageant et souhaitant mettre ce projet sous le regard du Christ.
  • Personnes engagées dans une union stable et souhaitant une meilleure intégration dans l’Eglise et un retour aux sacrements (si elles s’en sont abstenues)
  • Personnes engagées dans une union stable et souhaitant un cheminement de vie chrétienne en équipe et en couple
  • Avec toutes les variations si le conjoint est impliqué ou bien agnostique ou indifférent…

Déjà cette approche pastorale nécessite un premier discernement respectueux et attentif qui n’a rien à voir avec les réponses malheureusement classiques : « puisque vous êtes seul(e) il n’y a pas de problème vous pouvez communier » ou « vous n’avez qu’à faire une reconnaissance de nullité »

C’est en étant proche au service des besoins essentiels des personnes que l’on peut les rejoindre :

  • A) dans les périodes qui suivent le « tsunami » du divorce : groupes d’entraide et de parole, propositions d’activités de convivialité (cf. propositions de « Chrétiens divorcés chemins d’espérance » http://chretiensdivorces.org
  • B) dans les périodes de reconstruction personnelle : cf. les sessions « Oser choisir la vie » ebastid@laposte.net

« Chrétiens divorcés chemins d’espérance » et le livre de Guy De Lachaux « Accueillir des divorcés : l’Evangile nous presse » Ed. de l’Atelier.

  • – C) pour mettre son projet sous le regard du Christ dans un temps de prière : le livre de Guy De Lachaux et le réseau Mission de France : « Nouvelle union après un divorce à la lumière du pape François » de l’Atelier. Association privée de fidèles SEDIRE-LYON http://sedirelyon.fr
  • D) pour un cheminement de vie chrétienne en équipe et en couple « Equipes Reliance » :

https://www.equipes-reliance.com

  • E) pour un cheminement de discernement : Cf. les cheminements Bartimée et « le thème Bartimée »

Les points de rencontre possibles avec des personnes pouvant se situer dans les différentes situations sont essentiellement : l’accueil en paroisse, la préparation au baptême, les parents du catéchisme des enfants, la préparation au mariage (notamment dans la situation C), le catéchuménat et les demandes directes à la Pastorale des familles. Il est donc essentiel que les différents responsables de ces services soient suffisamment informés et ouverts. Quant à aller chercher ceux qui ont quitté l’Eglise, notamment parce qu’ils ont été blessés par l’attitude des représentants de l’Eglise, c’est quasiment impossible. Pour les recommençant, c’est dans les points de rencontre évoqués et l’accueil des mouvements et le bouche à oreille de leurs membres.

 

QUESTIONS CONCERNANT LA CONVERSION DES COMMUNAUTES

  • Démarche synodale ou inter synodale

Utiliser l’année St Joseph pour redynamiser AL et les paroisses

  • Un mouvement de fond (venant d’en haut) pour dynamiser éviter au mieux la condescendance et au pire l’opposition Convertir nos communautés. Tensions plus fortes entre légaliste/élitisme et situations de fragilité Partager nos documents pour ne pas réinventer l’eau tiède
  • Saint Denis : évêque ouvert, groupes depuis 2000, 7 sur le diocèse : thème général et relecture de vie ; des formations de prêtre (5 ou 6) pour le discernement. Attentes : ouvrir accueil pour le discernement, que ce soit connu par les autres services (du catéchuménat) ; problème de sensibilité de chaque paroisse.
  • Les questions suivantes ont émergé: comment rejoindre les personnes divorcées qui sont en souffrance et « les apprivoiser » pour leur proposer un accompagnement ? – Pour quelle formule d’accompagnement: individuelle, groupe de parole ? On a eu un témoignage sur le parcours BA-BA qui permet en une seule rencontre de faire jaillir le désir d’aller plus loin. Sinon concernant les parcours de type Amoris Laetitia la difficulté exprimée est comment faire pour ne pas être du côté de ceux qu’on accompagne et de faire vraiment Eglise
  • Il nous semble que pour avancer au niveau de nos églises locales, il faudrait d’abord redire les « permis-interdits » (exemple : accès à la communion pour les divorcés non remariés, etc…) à l’ensemble des chrétiens. Car de nombreuses personnes séparées peuvent être blessées par des réactions de chrétiens mal-informés. Quelles pistes peuvent nous être données par la mise en œuvre d’Amoris Laetitia ?
  • Quelle place pour la communauté dans le discernement ? Comment informer former la communauté ?
  • Quand on parle d’acceptation de la communauté, ou de formation de la communauté de qui parle-t-on exactement? Est-ce possible de penser que l’on va « former » autant les personnes âgées qui ont leur regard sur le remariage, que les plus jeunes? Que veut dire « formation »?
  • Comment à la fois rejoindre la personne dans sa singularité (accompagnement personnel) et proposer un accompagnement pastoral sans que la personne n’ait à répéter 2 fois les choses ou à tout livrer lors de l’accompagnement collectif ?
  • De quelle communauté parle-t-on? Celle des baptisés, ceux qui vont à la messe entre les dimanches ordinaires et les grandes fêtes, ou celle des laïcs engagés, ceux qui se sentent concernés?
  • Dans notre groupe a été évoqué du sectarisme, un manque d’ouverture et de confiance face à nos situations. L’importance de l’ouverture des regards dans nos communautés est important Mais comment être acteur de la communication quand on est dans la grande souffrance ? Une personne a témoigné : J’ai eu la chance de rencontrer des personnes qui m’ont mise en lien avec des personnes qui m’ont permis un chemin spirituel sur un long temps. Une autre beaucoup se sentent coupés de l’Eglise, avec le sentiment de ne plus appartenir à rien… avec la participation aux petits groupes le sentiment de revivre quelque chose ensemble renaît Une autre C’est à chacun, à son niveau de pouvoir dire et communiquer sur ce qui existe sur le diocèse, d’aider à créer des liens, plus de communication au niveau de la paroisse (EAP) du diocèse entre les diverses pastorales
  • Comment faire pour être sur la même longueur d’ondes dans un même diocèse : prêtres, laïcs. Même suite à une promulgation de directives diocésaines, certains n’y adhèrent pas. – Pouvez-vous nous éclairer sur les différents parcours existants – La tension entre Pastorale et droit canonique – l’attention aux personnes séparés, divorcés, est-ce une Pastorale ? (dans un diocèse, l’évêque ne veut pas donner nommer cette attention « pastorale des personnes séparées, divorcées »)
  • Les directives diocésaines dans les 15 diocèses : quels fruits déjà des directives diocésaines ? Question : comment faire converger le discernement pastoral et personnel ? Difficultés liées la différence de sensibilité : sur le plan diocésain et local : comment ne pas ajouter de la difficulté aux difficultés liées aux différentes sensibilités ?
  • Maïté: de Rouen, parcours à durée déterminée Traverser dans l’Espérance, groupe du diocèse donc en cela il signifie l’engagement de l’Eglise institution, et le peuple de Dieu du diocèse d’accompagner toutes les personnes quel que soit leur histoire familiale; 10 rencontres avec des thématiques; des vrais chemins de reconstruction personnelle pour un groupe de 8 personnes max, séparées, divorcées, remariées ou pas; le tout est que la démarche soit personnelle. Touchée de la confiance qui nous est faite dans le partage de leur vie, témoin de leur transfiguration et en tout cas d’un relèvement. Intéressée par le souci de Caen d’avoir des couples veilleurs dans les différents lieux d’Église, paroisses, communautés, mouvements aussi et associations de fidèle, pour relayer nos propositions, se faire connaître et aussi faire évoluer les mentalités des personnes qui fréquentent ces lieux. Il y a un vrai chemin de conversion à faire par les communautés pour laisser à chacune et à chacun sa place de baptisé. C’est un des éléments que j’avais bien aimé dans la dernière session à Orsay. On ne leur fait pas une place, on les laisse retrouver leur place de baptisés qu’ils ont toujours.
  • Pascale Lille: préparer la communauté à accueillir des personnes avec le désir de communier à nouveau.
  • Un gros travail à faire avec les communautés; on peut comprendre, ils partent d’un point et ont besoin de faire un chemin.
  • On parle d’intégrer mais regarder l’intégration en regardant les fragilités, ça nous oblige par commencer à regarder les fragilités du chacun: conversion profonde même ceux en responsabilité.
  • Nos communautés sont très diverses. Pastoralement, comment intégrer des personnes divorcées dans nos communautés et de fait être en dialogue avec des paroissiens ? Quels moyens pour les communautés pour une compréhension mutuelle ? Un élément de réponse : la lecture d’AL comme il fait dans certaine paroisses pour la conversion des communautés.
  • Bernard ressent une grande incompréhension entre les gens sur le terrain et certaines règles du droit canon, et on n’insiste pas assez sur la miséricorde et l’accueil: message à faire passer dans les communautés.
  • « sur les chemins pour un éventuel retour aux sacrements » : quels leviers pour l’accueil en paroisse et intégration en communauté ecclésiale, quand aucune orientation diocésaine n’ont été prise ?

 

REPONSES DES INTERVENANTS LORS DE LA TABLE RONDE

Cf. « Questions de table ronde du 8 mai 2021 – synthèse » question 6

 

COMMENTAIRES COMPLEMENTAIRES

Contrairement à la pensée commune, le chapitre 8 d’Amoris Laetitia  – accompagner, discerner, intégrer- ne concerne pas prioritairement les « fragilités » mais concerne les communautés qui doivent intégrer les « fragilités ». En effet, qui accueille ? Les communautés. Qui accompagne ? Les communautés. Qui intègre ? Les communautés. Qui discerne ou plutôt que discernent les communautés ? Elles ne discernent pas à la place des personnes (AL 37), elles doivent discerner le Corps du Christ (la communauté ecclésiale) (AL 185 – AL 186).

L’enjeu est bien la conversion des communautés car sans changement du regard il n’y aura pas d’intégration possible. Comme mentionné dans une question certaines communautés et certaines personnes y compris des personnes concernées en reste au permis/défendu (cf. ci-dessous discernement personnel/discernement pastoral et permis/défendu).

A la question « de quelle communauté parle-t-on ? » il faut sans doute répondre « toutes les communautés » sachant que l’intégration ne sera effectivement possible que dans les communautés « converties ». C’est-à-dire :

  • Le groupe ou l’équipe d’accueil et de cheminement où la personne doit se sentir accueillie à part entière, sans condescendance, dans une amitié fraternelle lui permettant de devenir partie prenante et contributive. Et pour les groupes ou équipes associés à un mouvement, la conversion doit s’opérer à tous les niveaux du mouvement.
  • La paroisse : dans ce cas le chemin possible que peut faire la communauté paroissiale dépend de sa sensibilité initiale, de sa connaissance et de son approfondissement d’Amoris Laetitia, et de l’attitude de son pasteur qui a ou non discerné que la priorité est la conversion du regard de sa communauté, de sa connaissance d’Amoris Laetitia sans préjugé ou prêt à penser et de sa capacité à entrainer sa paroisse dans la démarche de conversion.
  • Le diocèse : la conversion de la communauté diocésaine est encore plus complexe car elle dépend non seulement des convictions de l’évêque, mais également de son charisme et de son engagement pour faire évoluer le presbyterium ou les agents pastoraux réticent, les mouvements en opposition ou défiance vis-à-vis vis-à-vis d’Amoris Laetitia  et du pape François. L’absence d’orientations sur cette question est assez significative. L’apparition, 5 ans après la parution de l’exhortation, d’orientations comprises comme directives pour faire ou ne pas faire et restrictives sur le comment faire est également significative. L’évêque se sait garant de l’unité du diocèse : peu nombreux sont ceux qui le comprennent comme communion des diversités sur les sujets sensibles, et non, comme uniformisation de la pensée, ou un repli sur des thèmes consensuels : la communication « année Saint Joseph » versus « année de la famille Amoris Laetitia » est significative.

De ces commentaires ressort ce qui a été exprimé par nos intervenants : comme le pape François nous y invite, partir « del baso », de la base et ne pas s’attendre à ce que cela vienne d’en haut. Que nos groupes et équipes soient exemplaires de fraternité, qu’ils rayonnent et progressivement déplacent et motivent leurs pasteurs et leurs paroissiens (en sachant qu’à chaque changement de curé le travail peut être à recommencer) avec le secours de l’Esprit et de la grâce ! Que nos groupes et équipes nourrissent leurs membres de la conviction qu’ils sont aimés du Père et accueillis dans une miséricorde sans réserve et que ce n’est pas leur responsabilité si le « fils aîné » refuse d’entrer dans la salle du festin et de se réjouir de la miséricorde du Père.

 

DISCERNEMENT PERSONNEL ET PASTORAL

 

  • Le chemin de discernement peut-il être aussi adapté à une personne marié à un(e) divorcé mais n’ayant elle-même jamais été mariée? Quand cette personne n’est pas la « cause » du divorce de son conjoint?
  • La chronologie des accompagnements – perso, en groupe de parole, ou avec le directeur spirituel – nous pose problème.
  • Est-ce que la personne doit être soumise au for externe ?
  • Importance de la présence de divorcés ou divorcés remariés dans les équipes
  • Discernement personnel/pastoral : quel lien entre les deux ? Comment cela s’articule ? Est-ce que le discernement pastoral a une influence sur le discernement personnel ?
  • Le retour aux sacrements: la communion comme un cadeau selon comment on a été catéchisé. Le travail est aussi sur les sacrements, il y a toute une pédagogie.
  • Quelques précisions autour de l’accompagnement personnel : par un prêtre ou un laïc ? Formé spécialement ? Par qui ? Quelle complémentarité avec les groupes de paroles et/ou parcours ? En parallèle ou décalé dans le temps ?
  • L’attente à l’île Maurice : le retour au sacrement. Le discernement fait appel à l’Esprit Saint et à la formation, mais qui doit être formé? Il faut que les deux membres du couple soit en chemin.
  • Comment se former au discernement pour ensuite accompagner?

 

REPONSES DES INTERVENANTS LORS DE LA TABLE RONDE

Cf. « Questions de table ronde du 8 mai 2021 – synthèse » question 4, question 5

 

COMMENTAIRES COMPLEMENTAIRES

Discernement personnel

Comme bien précisé dans Amoris laetitia (AL 37) il n’appartient pas au curé, au prêtre ou à l’accompagnateur de discerner à la place de la personne concernée. L’accompagnateur doit aider la personne à visiter et explorer les différents domaines de discernement qui ont été identifiés comme utiles pour trouver sa juste place devant Dieu. Il s’agit d’un démarche vraiment personnelle et non pas de couple, même si un cheminement en couple est possible pour s’entraider mais la décision est strictement personnelle.

Le cheminement est bien sûr différent en fonction de la situation de la personne (ayant connu le divorce de façon active ou passive, ayant épousé une personne divorcée) mais également de l’objet du discernement (baptême, confirmation, eucharistie, prise de responsabilité dans un service d’Eglise, etc…)

L’accompagnement au discernement peut être fait par un prêtre, par un laïc et tous deux doivent être formés, mais il s’agit d’abord d’une attitude comme le rappelle le pape François « J’invite les fidèles qui vivent des situations compliquées, à s’approcher avec confiance de leurs pasteurs ou d’autres laïcs qui vivent dans le dévouement au Seigneur pour s’entretenir avec eux » (AL 312). Le pape François donne également de bonnes clefs pour discerner dans son exhortation post-synodale du synode des jeunes Christus Vivit au chapitre 9. IL y a bien sûr intérêt à acquérir de meilleures compétences grâce à des propositions de formation telle que celle dispensée par le Centre Sèvres : https://centresevres.com/evenement/le-discernement-pastoral-dans-la-dynamique-damoris-laetitia-ressources-theologiques-spirituelles-et-pratiques-2.

L’accompagnement peut également se faire par une équipe : l’intérêt d’une telle démarche est de pouvoir mener simultanément le discernement personnel et le discernement pastoral, puisque l’équipe comprend, avec les personnes concernées,  des membres ordinaires témoins de la paroisse, symboles et moteur de sa conversion.

Discernement pastoral

L’articulation entre discernement personnel et discernement pastoral est effectivement critique et la difficulté majeure. Il ne s’agit pas pour la personne de recommencer le cheminement personnel réalisé devant un « jury » paroissial ou diocésain. Il s’agit d’évaluer comment, en fonction du regard et du niveau de conversion de celui-ci l’intégration de la personne est possible dans la communauté selon ses attentes et dans des conditions qui lui permettent sa croissance spirituelle. En ce sens le discernement pastoral peut influencer le discernement personnel qui pourra constater que telle ou telle attente ne pourra pas être vécue sereinement dans ladite communauté. A contrario le pasteur doit constater que l’urgence est de travailler à la conversion de sa communauté qui n’a pas compris que la doctrine de l’Eglise est la Miséricorde, vérité révélée en la personne du Christ (cf. la bulle du pape Misericordiae Vultus ) comme nous l’a rappelé Mgr Giraud.

Si les cheminements personnels de retour aux sacrements de réconciliation et eucharistie aboutissant à un accueil pastoral dans une communauté d’élection (famille, groupe de proches) est bénéfique pour les personnes concernées, cela ne règle pas la question de leur intégration dans leur paroisse ou les services paroissiaux ou diocésains (le diocèse de Rouen a connu ce type de difficultés par exemple).

Comme évoqué plus haut l’accompagnement par une équipe paroissiale permet de mener simultanément le discernement personnel et le discernement pastoral, notamment parce que le curé ou un prêtre délégué participe pour compléter par l’accompagnement au for interne.

Pourquoi l’accompagnement au for externe ? Si un retour aux sacrements de réconciliation et d’eucharistie peut éventuellement se vivre de façon privée, donc seulement au for interne, le catéchuménat pour le baptême ou la confirmation, l’intégration pour une participation à des services d’Eglise se vivent dans la communauté ecclésiale, donc au for externe, ainsi que la démarche de reconnaissance de nullité pour ceux qui en discernent l’opportunité. Certains diocèses d’ailleurs imposent la démarche de reconnaissance de nullité comme un préalable : ceci ne correspond évidemment pas à un discernement personnel libre.

La difficulté à faire un discernement pastoral et surtout à gérer ses conséquences sur l’accompagnement nécessaire de la conversion de la communauté est un prétexte souvent invoqué pour freiner l’intégration pour ne pas faire « scandale » (cf. ci-dessous).

 

QUESTION DE TRANSVERSALITE

 

  • Comment bien faire connaître les groupes de parole et mieux s’adapter aux réalités concrètes (disponibilité) des participants ? Idée : faire connaître entre autres via le caté.
  • Attentes: soutenir la relation parent /enfants pendant le divorce. Travailler avec d’autres acteurs du diocèse. Elargir les propositions à toutes les personnes en rupture de couple (après union libre ou mariage civil)
  • Faire se rencontrer les équipes de préparation au mariage et les équipes d’accompagnement de divorcés car cela permet un enrichissement ? Pas de chemin linéaire aujourd’hui chez ceux qui arrivent pour demander un mariage. Comment un travail collaboratif pourrait-il favoriser l’accompagnement ?
  • Introduire la formation AL dans la préparation au mariage
  • Comment trouver des animateurs pour les groupes de parole ?
  • On évoque le rôle des pasteurs et on nomme dans l’ordre l’évêque, les prêtres, diacres et laïcs. Comment donner une première importance à ceux-ci et aux groupes constitués pour offrir une visibilité aux personnes concernées par la rupture de couple ?
  • Tout cela demande une implication importante des chrétiens et une nécessaire formation des acteurs. Comment cela va-t-il se structurer ? Comment accompagner ce mouvement?
  • Amoris Laetitia une exhortation connue de quelques-uns seulement? Quelles avancées en 5 ans ? Cette exhortation est-elle intégrée à des parcours de formation de séminaristes, communautés paroissiales, CPM etc…?

 

REPONSES DES INTERVENANTS LORS DE LA TABLE RONDE

Cf. « Questions de table ronde du 8 mai 2021 – synthèse » question 10

 

COMMENTAIRES COMPLEMENTAIRES

La transversalité se joue à plusieurs niveaux :

  • En premier lieu au niveau du Peuple de Dieu. La clef est la réception et l’appropriation de l’exhortation apostolique Amoris Laetitia par l’ensemble des fidèles du Christ à commencer par les pasteurs et les clercs. Sinon nous n’avons pas de langage commun et certains continuent à se crisper sur des disciplines et des interprétations élaborées bien avant et rendues obsolètes par le Code de droit canonique de 1983.
  • Au niveau de la paroisse et de la Pastorale des familles. Comme nous l’avons vu, les points de rencontre possibles avec des personnes pouvant se situer dans les différentes situations sont essentiellement : l’accueil en paroisse, la préparation au baptême, les parents du catéchisme des enfants, la préparation au mariage, le catéchuménat et les demandes directes à la Pastorale des familles. Il est donc essentiel que les différents responsables de ces services soient suffisamment informés pour orienter les personnes vers les propositions et mouvements appropriés et susciter leur intérêt. Il est également essentiel que les différents responsables de ces services soient prêts à intégrer dans leurs équipes les personnes selon leur charisme et non leur situation matrimoniale.
  • Au niveau des diocèses. Il est actuellement désolant de voir que les diocèses qui ont mis en place des orientations et des initiatives ne communiquent pas sur leurs expériences et ne partagent pas largement leurs pratiques et leurs documents. L’attitude de confidentialité sur les expériences réalisées donne une tonalité de transgression ou de privilège qui n’est pas saine.  « Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison » (Mt 5,15). « Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non”. Ce qui est en plus vient du Mauvais » (Mt 5, 37).

 

QUESTIONS SUR L’EUCHARISTIE

  • En quoi la communion concerne la communauté ? Car je la perçois aujourd’hui comme une communion personnelle à Dieu.
  • Tout à l’heure, en quoi la communion concernait la communauté ? visibilité, et on a dit à une époque qu’avec le divorce ils rompaient cette communion
  • On focalise sur l’eucharistie mais on voit que tous les sacrements sont concernés. Cela demande un retour au sens des sacrements et un discernement sur le bien des personnes.
  • Je suis DR et en responsabilité dans l’Eglise. Comment dire que j’ai besoin du pain de la route et de la réconciliation ?
  • Quand nous chantons « Devenez ce que vous recevez », comment faire quand je ne reçois pas ?
  • Renée Nantes: responsable d’un groupe d’accompagnement sur notre paroisse, les gens font des communions; notre nouvel évêque a l’intention de faire des réunions pour voir les attentes. Beaucoup de monde accueilli.

 

REPONSES DES INTERVENANTS LORS DE LA TABLE RONDE

 Cf. « Questions de table ronde du 8 mai 2021 – synthèse » question 11

 

COMMENTAIRES COMPLEMENTAIRES

 

Il est clair que la problématique de la communion sacramentelle pour les personnes divorcées et divorcées remariées est très impactée par la « théologie personnelle » (la conception personnelle) que ‘on se fait de la communion eucharistique.

Certains voient la communion sacramentelle comme une relation personnelle à Jésus, dépendant du mérite et d’un « état de grâce » acquis préalablement par la confession comprise comme un sauf-conduit en permettant l’accès.

Cette vision est erronée. Amoris Laetitia dit clairement « qu’il est possible que, dans une situation objective de péché – qui n’est pas subjectivement imputable ou qui ne l’est pas pleinement – l’on puisse vivre dans la grâce de Dieu […] en recevant à cet effet l’aide de l’Église – Dans certains cas, il peut s’agir aussi de l’aide des sacrements. Voilà pourquoi, « aux prêtres je rappelle que le confessionnal ne doit pas être une salle de torture mais un lieu de la miséricorde du Seigneur » (AL 305 n351) et Evangelii Gaudium « que l’Eucharistie « n’est pas un prix destiné aux parfaits, mais un généreux remède et un aliment pour les faibles » (EG 47).

 

Concernant la communion ecclésiale, Jean Paul II affirme en Ecclesia de Eucharistia que « par la communion eucharistique, l’Église est également consolidée dans son unité de corps du Christ. Saint Paul se réfère à cette efficacité unificatrice de la participation au banquet eucharistique quand il écrit aux Corinthiens : ’’Le pain que nous rompons, n’est-il pas communion au corps du Christ? Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain ’’ (1 Co 10, 16- 17)  » (EdE 23)

Benoit XVI dit clairement en Sacramentum Caritatis que « l’Eucharistie est donc constitutive de l’être et de l’agir de l’Église. […] Il est significatif que la deuxième prière eucharistique, en invoquant le Paraclet, formule en ces termes la prière pour l’unité de l’Église: – Qu’en ayant part au corps et au sang du Christ, nous soyons rassemblés par l’Esprit Saint en un seul corps –. Ce passage fait bien comprendre comment la res du Sacrement de l’Eucharistie est l’unité des fidèles dans la communion ecclésiale. » (SCar 15)

Dans Amoris Laetitia  le pape François confirme ce magistère en précisant que « l’Eucharistie exige l’intégration dans un unique corps ecclésial. […] Il s’agit en effet de ‘‘discerner’’ le Corps du Seigneur, de le reconnaître avec foi et charité soit dans ses signes sacramentaux, soit dans la communauté […] La célébration eucharistique devient ainsi un appel constant à chacun à « s’examiner lui-même », en vue d’ouvrir le cercle de sa famille à une plus grande communion avec les marginalisés de la société et donc de recevoir vraiment le Sacrement de l’amour eucharistique qui fait de nous un seul corps. Il ne faut pas oublier que « ‘‘la mystique’’ du Sacrement a un caractère social ». Lorsque ceux qui communient refusent de s’engager pour les pauvres et les souffrants ou approuvent différentes formes de division, de mépris et d’injustice, l’Eucharistie est reçue de façon indigne. » (AL 186)

Au synode de 2015 dans son intervention en assemblée plénière, Mgr Ioannis Spiteris archevêque de Corfou (Grèce) a dit : « Nous pensons qu’il existe une autre façon d’aborder le problème de la communion des divorcés remariés. Celle de prendre vraiment sérieusement de caractère ecclésial de l’Eucharistie. Par beaucoup la Communion est considérée comme un acte de dévotion individuelle, une “réception” du Christ à l’intérieur de soi, par conséquent il faut être “digne” de le recevoir. Le Christ est considéré comme un Etre lointain, lequel n’a plus rien à faire avec le Christ historique qui est venu pour sauver “non pas les justes mais les pécheurs”.

[..] Les divorcés remariés du moment qu’ils “appartiennent à l’Eglise” ils sont aussi, par la force du baptême, “Corps du Christ”. En effet l’Eglise est le Corps du Christ. Selon Saint Paul et selon toute la théologie, il existe une identification entre Eglise, Corps du Christ et Eucharistie.  [..]Nous pouvons, en conséquence, affirmer que les divorcés remariés du moment qu’ils sont l’Eglise, sont aussi Corps du Christ, dès lors ils sont aussi déjà, en un certain sens,  Eucharistie. Qu’est ce qui empêcherait, alors, de leur permettre de devenir encore plus ce qu’ils sont déjà par la force du baptême, c’est à dire le Corps eucharistique du Christ? »

 

QUESTIONS SUR LES NOTIONS DE SCANDALE, DE JUSTICE, DE PERMIS/DEFENDU

 

  • Atelier sur le catéchuménat: une remarque. C’est tout le processus tel qu’il existe qui m’interroge et que j’aimerais voir changer (Je sais, je rêve tant que seuls les clercs hommes auront ce pouvoir de changer les choses). D’abord accueillir la personne et au bout d’un temps pas trop long (6 mois max) le baptême et ensuite poursuivre l’accompagnement et au besoin qu’il y en ait deux pour la partie découverte de la foi et de l’autre le discernement: « A quoi Dieu m’appelle? ». Ainsi, le baptême ne serait plus ce bureau de douane où l’on vérifie si tout est en règle pour vivre en frères et sœurs. On est d’abord intégré et ensuite on chemine ensemble. Comme Philippe et l’eunuque.
  • Suite à l’échange que nous avons eu autour de ce qui fait scandale dans la situation des personnes divorcées ou-divorcées remariées. Quelle est la place que nous reconnaissons à la ‘colère », comment la reconnaissons nous chez chacun de nous chez les autres et comment savoir la nommer pour qu’elle n’entretienne pas des fermetures?
  • Notion de justice et rapport à la loi Comment informer, donner du goût pour réfléchir et agir, aux prêtres de nos paroisses et équipes pastorales, pour faire Eglise ensemble en intégrant les personnes en situation complexes suivant les propositions d’Amoris Laetitia lorsqu’on est confrontés à des paroles du type: j’attends du Pape ou de mon évêque un mode d’emploi pour savoir comment traiter ces situations?
  • Qu’est-ce que les pasteurs craignent comme scandale? Il y a un problème de culture différente des prêtres. C’est un problème difficile. L’interdiction des sacrements me blesse. Qu’est-ce que Jésus prendrait comme attitude aujourd’hui? Le fait qu’il n’y ait pas de changement des normes pose problème. Comment l’Eglise accompagne-t-elle concrètement les personnes divorcées et divorcées remariées? N’est-elle pas très indifférente? Est-on prêtes à sortir du permis-défendu?
  • Y a-t-il assez de recherches théologiques et spirituelles sur le nouveau rapport à la loi encouragé par le pape François, ainsi que sur le rapport entre justice et miséricorde?

 

REPONSES DES INTERVENANTS LORS DE LA TABLE RONDE

 Cf. « Questions de table ronde du 8 mai 2021 – synthèse » question 7, question 8

 

COMMENTAIRES COMPLEMENTAIRES

Le piège avec le mot « justice » en français est que, imprégné du code civil et pénal napoléonien, on l’associe à la notion de normes et de règles et de sanctions du fait de la transgression de ces normes et règles alors que le droit canonique est fondé en principe sur l’adage d’Ulpien : «  La justice est  la volonté constante et perpétuelle d’attribuer à chacun ce qui lui est dû ».

 

Cette mentalité du permis/défendu imprègne l’Eglise depuis longtemps et les pasteurs ont été formés à orienter les consciences selon les normes.   Malgré le primat de la conscience énoncé par Vatican II les pontificats précédents ont dénié la conscience éclairée  aux personnes divorcées et remariée. Le pape François est donc obligé d’insister à de nombreuses reprises pour tenter de corriger cette mentalité :

AL 3 Tous les débats doctrinaux, moraux ou pastoraux ne doivent pas être tranchés par des interventions magistérielles.

AL 300 Si l’on tient compte de l’innombrable diversité des situations concrètes, comme celles mentionnées auparavant, on peut comprendre qu’on ne devait pas attendre du Synode ou de cette Exhortation une nouvelle législation générale du genre canonique,

AL 304 Il est mesquin de se limiter seulement à considérer si l’agir d’une personne répond ou non à une loi ou à une norme générale, car cela ne suffit pas pour discerner et assurer une pleine fidélité à Dieu dans l’existence concrète d’un être humain.

AL 305 Par conséquent, un Pasteur ne peut se sentir satisfait en appliquant seulement les lois morales à ceux qui vivent des situations ‘‘irrégulières’’, comme si elles étaient des pierres qui sont lancées à la vie des personnes.

AL 308 Jésus « attend que nous renoncions à chercher ces abris personnels ou communautaires qui nous permettent de nous garder distants du cœur des drames humains.

AL 310 Certes, parfois « nous nous comportons fréquemment comme des contrôleurs de la grâce et non comme des facilitateurs. Mais l’Église n’est pas une douane, elle est la maison paternelle où il y a de la place pour chacun avec sa vie difficile ».

On constate que même avec de bonnes intentions on peut se faire piéger par les mots : par exemple « comment peut-on  s’assurer que la personne a bien terminé son discernement ? » C’est encore du permis/défendu.

Sans parler de la notion de scandale qui aujourd’hui a été redéfinie avec la pédocriminalité, la notion de scandale à propos des divorcés-remariés est devenu une auto-scandalisation de ceux qui veulent se cramponner à l’ancienne discipline sacramentaire. Dans la majorité des cas, les personnes engagées dans une nouvelle union et impliquées dans l’Eglise, ne sont pas « une occasion de chute  pour un seul de ces petits qui croient en moi » ce qui est la définition du scandale selon Mt 18, 6. Le scandale n’a-t-il pas changé de camp et le scandale n’est-il pas d’exclure de fait de la communion ecclésiale ceux qui le demande d’un cœur sincère?