sedire compte rendu des questions de l’atelier 5

Compte rendu des questions de l’atelier 5

Chemin de discernement pour un « éventuel » retour aux sacrements .

 

  1. Pensez vous qu’il soit possible de revoir le sacrement du pardon de la part d’un prêtre qui n’a pas reçu explicitement l’accord de son évêque ?

Un prêtre ne peut exercer le ministère de la confession que si son évêque lui a donner la faculté de confession, ce qui suppose une formation et une aptitude. A partir de là, le prêtre exerce son ministère « en conscience ». Sauf s’il s’agit d’un délit susceptible d’excommunication.  Dans ce cas il doit demander à son évêque « la levée de l’excommunication », avant de donner l’absolution. L’avortement était une cause d’excommunication automatique ( latae sententiae ) dont il fallait demander la levée de l’excommunication. Mais dans ce cas précis le pape François à donner aux prêtres la faculté de pardon selon leur conscience sans passer par l’autorisation de l’évêque. Peut-être existe-t-il des diocèses où l’évêque a donné des directives contraires, mais je pense qu’il dépasse ainsi ses «  pouvoirs ».

 

  1. Comment comprendre que dans un diocèse les « temps de prière à l’occasion d’une nouvelle union » soit autorisés, alors qu’ils sont interdit dans le diocèse voisin ?

En 2002, la conférence des évêques de France a fait paraitre un document encadrant donc autorisant cette pratique. Hélas ces recommandations  ne s’imposent pas aux évêques qui ne le souhaitent pas , puisqu’ils sont en cette matière seul maitre à bord. Ce document reste cependant très timide et décrit surtout ce que l’in ne peut pas faire ! Pour en connaitre davantage sur «  les temps de prières », je vous conseille le livre de Guy de Lachaux : «  nouvelle union après un divorce à la lumière du pape François »

 

  1. Dans les cheminements Bartimée y a-t-il une progression entre le sacrement du pardon et celui de l’Eucharistie ?

Comme je vous le disais, les cheminements Bartimée sont un processus d’intégration qui peuvent « passer par les sacrements ». Il n’y a pas de directives particulières concernant l’ordre ou la manière de les recevoir. Il est possible que pour certaines personnes, le sacrement du pardon soit d’un tel besoin que le prêtre de l’équipe pourra considérer cette demande assez vite. Cela peut être le cas d’une personne blessé par le départ de son conjoint qui aurait fait un chemin de pardon toujours difficile à faire et qui constaterait avec amertume : « j’ai pardonné à mon ex, et l’Eglise ne me pardonne pas ! ». Si l’on considère les rencontres de Jésus avec les « pécheurs » ( que nous sommes tous ), il leur donne son pardon avant que ceux-ci ne le demande. A la samaritaine il donne l’eau vive et la promesse du salut sans qu’elle se  « repente » verbalement . D’ailleurs, le schéma :  confession qui donne accès à la communion n’est plus la pratique de la pastorale en générale. Les cheminements s’adressant à des personnes ayant une histoire propre, dans une communauté particulière doivent donc s’inventer synodalement avec l’équipe .

 

4 . Et la confirmation ? Est-elle « autorisée » ?

L’interdiction de recevoir « tous les sacrements » s’étendait aux sacrements dits de l’initiation comme le baptême et la confirmation. Depuis Amoris Laetitia la praxis de cette pastorale doit pouvoir intégrer un cheminement de discernement dans les deux ans de préparation au baptême ou à l’année de préparation à la confirmation. Dans plusieurs diocèses des réflexions sont en cours, dans d’autres cela a déjà été fait au cas par cas, dans d’autres encore il n’en est pas question !

  1. Dans les cheminements de discernement y a-t-il des rappels catéchétiques sur les sacrements ?

Je pense qu’une étude approfondie des sacrements, et quand je dis approfondie cela commence par « pourquoi un sacrement, d’où viennent-ils ? etc.  Et non pas une explication de texte du catéchisme de l’Eglise catholique , serait extrêmement profitable … à tous ceux qui les pratiquent, comme à ceux à qui on en interdit la pratique . Cette re-découverte, faite en petite équipe de paroisse serait certainement très féconde pour que ceux qui communient habituellement afin qu’ils évoluent peut-être dans leur pratique en se souvenant des phrases d’Amoris laetitia. Je pense particulièrement à la phrase extraite d’Evangelii gaudium au N° 47 « Je souligne également que l’Eucharistie n’est pas un prix destiné aux parfaits, mais un généreux remède et un aliment pour les faibles » Peut-être ainsi reconsidereront-ils leur prévention envers la communion “ donnée” ( certains pensent même “bradeée” )  aux “ divorcés-remariés” ! Ceci -dit le mot catéchétique me gêne un peu, car il est trop surplombant, il suggère une relation passive aux enseignements, alors qu’il s’aggit de se poser des questions de fond et de foi personnelle et d’essayer d’y répondre en petite cellule d’Eglise.

 

  1. Comment “éduquer” les communuatés à l’accueil et à l’intégration ?

Beaucoup d’accompagnateurs s’accorent à dire que plus que de la mauvaise volonté, c’est plutôt la méconnaissance de la situation des personnes divorcées et divorcées-remariées qui empêche le bon accueil. Ce sont souvent des prégugés. Le pape François nous rappelle sans cesse de nous faire proche de l’autre avec humilité et respect. Dans Evangelii Gaudium il dit : « L’Eglise devra initier des membres  – prêtres, personnes consacrées, laïcs – à cet art de l’accompagnement, pour que tous apprennent toujours à ôter leurs sandales devant la terre sacrée de l’autre. Nous devons donner à notre chemin le rythme salutaire de la proximité, avec un regard respectueux et plein de compassion mais qui en même temps guérit, libère et encourage à mûrir dans la vie chrétienne ».  Concrètement, vis-à-vis de la communauté nous devons également user de patience, en informant, sensibilisant, donnant aux membres de la communauté de se rencontrer par exemple autour du texte même d’Amoris laetitia en utilisant le guide de lecture rédigé par la conférence des évêques de France dès septembre 2016, en travaillant sur les sacrements ou sur la mission donnée par le baptême , en ayant bien soucis de permettre à chacun de s’exprimer et en particulier aux personnes divorcées et divorcées, engagées dans une nouvelle union de témoigner de leur joies et difficultés.

  1. Nous avons suivi un cheminement Bartimée avec un prêtre, et nous aimerions pouvoir en parler …Comment « allez dire » ?

Il est bien délicat de répondre sans connaitre le contexte de votre paroisse et de votre évêché. Nous avons rencontré plusieurs personnes qui étaient dans le même « cas « que vous. Comment aller dire ? Nous ne pouvons pas « taire » ce que nous avons vécu, comment le partager ? Cela est décrit plusieurs fois dans l’Evangile : « Ils rendaient grâce à Dieu », « Ils chantaient les louanges de Dieu qui avait fait des merveilles » et Pierre dans sa première lettre écrivait « toujours rendre compte de l’espérance qui est ne nous, avec douceur et respect ». Donc Il est légitime de vouloir aller dire, témoigner…peut-être l’indication « avec douceur et respect » peut elle nous donner le bon « ton » de notre témoignage. L’Eglise n’aime pas « les revendications », les « demandes, présentées comme des droits ». Et pourtant dans l’exhoration le N° 312 la phrase : « j’invite les pasteurs à écouter avec affection et sérénité, avec le désir sincère d’entrer dans le cœur du drame des personnes et de comprendre leur point de vue, pour les aider à mieux vivre et à reconnaître leur place dans l’Église. » est plus qu’une invitation, c’est une obligation qui est faite aux pasteurs, donc tout de même « un droit » des fidèles à bénéficier de cette attitude de la part de leurs pasteurs.

  1. Comment ne pas créer de scandale ?

Dans l’Evangile, le scandale est ce qui est une occasion de chute pour les autres, pour les « petits ». Ne pas scandaliser « les enfants » par exemple. A l’heure actuelle on peut se poser la question « Qu’est-ce qui nous scandalise dans ce domaine ? Est-ce le « laxisme » de « donner la communion aux personnes divorcées-remariées qui sont encore dans nos paroisses, ou au contraire la rigidité de le leur refuser et de les laisser seuls sur leurs bancs ? Je crains que certains utilisent le prétexte du scandale pour justifier leur refus qui est sans doute plutôt idéologique :  L’ouverture de la communion aux personnes DVR serait une négation de l’indissolubilité du mariage qui est scellée par la phrase de Jésus « Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni ». D’où la nécessité, dans les reconnaissances de nullité de mariage de prouver que ce que l’on croyait un mariage valide, n’en était pas un, donc que l’on peut le « défaire » sans contredire l’indissolubilité. Lorsqu’il y a remariage, cela peut être une blessure, ou une souffrance supplémentaire pour l’ex-conjoint qu’il faut entendre et accompagner, mais le terme scandale me semble inapproprié. Par contre, la relégation des fidèles divorcés, engagés dans une nouvelle union, est une raison du départ de l’Eglise de certains catholiques et n’est pas un signe encourageant pour ceux qui sont depuis longtemps partis et qui pense que l’Eglise n’a plus rien à leur apporter dans leur vie. De manière générale, je pense que nous devons faire un énorme effort de transparence, de communication, car si la discrétion et l’humilité sont des vertus, la dissimulation conduit à l’hypocrisie, à la dictature de l’omerta et donc privilégie les abus de toutes sortes.

  1. Il semble qu’il n’y ait pas eu de dialogue entre les prêtres chargés par leurs évêques d’être des missionnaires de la miséricorde et encore moins avec les communautés. Comment faire ?

Je ne sais pas précisément comment les choses se sont passées dans le domaine que vous décrivez, mais j’ai souvent entendu des amis prêtres regretter le manque de « partage de la pratique » entre accompagnateurs d’une même pastorale, ce ne sont pas des pratiques habituelles en Eglise. Il est évident qu’une meilleure communication et un vrai dialogue désamorceraient bien des prises de positions et des préjugés. Espérons que les réflexions sur la synodalité apporteront une culture du dialogue. Avant le début du synode de 2014, le pape François avait écrit : «Parler avec force, écouter avec humilité et accueillir avec le cœur ».

  1. Pour avancer tous ensemble, il existe des formations proposées par certains diocèses, par la CEF, par le centre Sèvres à Paris ainsi que les catéchèses du dicastère pour les laïcs et les familles et la vie.

 

https://communautes-francophones.catholique.fr/formation-redecouvrir-amoris-laetitia-la-mettre-en-pratique/

  • Formation centre Sèvres

Attention ce sont les dates de l’an dernier, mais cette formation est reconduite en 2021-2022

https://centresevres.com/evenement/le-discernement-pastoral-dans-la-dynamique-damoris-laetitia-ressources-theologiques-spirituelles-et-pratiques/

  • Certificat Amoris laetitia sur Lyon,

A l’IPER, institut pastorale d’études religieuses

https://www.ucly.fr/formations/les-formations-de-lucly/toutes-nos-formations/certificat-universitaire-amoris-laetitia-cerpal/

 

Et bien entendu le guide de lecture de la CEF en librairie depuis aout 2016.

Le texte de l’exhortation, des commentaires, Pour chaque chapitre,   des introductions par des théologiens et par des théologiennes, des témoignages, des questions pour travailler en équipe, et à la fin un glossaire. Un super outils de travail pour accompagner un groupe ..

 

 

Si vous aviez encore d’autres questions, ou si il vous en vient de nouvelles, n’hésitez pas à mettre un mail à nmignonat@wanadoo.fr