Moissons de paroles

Moissons de paroles

Extrait de la LAC n° 120 (Septembre – octobre 1986)

Assemblée générale de la Mission de France, s’orienter d’une assemblée à l’autre 1980 – 1986

 

Moissons de paroles

 

Les plus belles, les plus génératrices, ce sont celles que chacun — et chacune — a entendu, pour lui-même et qu’il a méditées en son cœur, comme les disciples d’Emmaüs… Beaucoup d’autres nous seront transmises et nous pourrons les redécouvrir.

Risquons cependant d’en rappeler quelques-unes.

« La tradition c’est quelque chose qui s’enracine dans le passé et s’épanouit dans l’avenir. Malheur à quiconque coupera la tradition en avant ou en arrière : il arrêtera l’ascension de la sève et tuera l’arbre qui pousse ». (Marc Sangnier).

« Là où nous allons, nous plantons notre cœur, notre tente et notre liberté ».

« L’homme moderne, nait païen certes, mais il naît aussi extrêmement mobile ».

« Je vis déjà une équipe « Peuple de Dieu » où nous retrouvons prêtres – religieuses – laïcs. Et je puis vous dire que c’est le plus grand cadeau de ma vie ».

« J’ai admiré votre assemblée si bien ordonnée — nous a dit l’évêque copte élu, pour le Caire… Mais chez nous le désordre exprime souvent plus de chaleur humaine ».

« Prêtres de la Mission de France — prêtres de Pontigny — Frères du chemin : peut-être cette dernière expression vous situe mieux dans votre ouverture et votre présence aux frontières »

« Cette assemblée ? A certains moments cela aurait pu être le carrefour des ambiguïtés. Ce fut celui des difficultés et des affrontements heureux ».

« Dans un an, Dieu changera le monde ». (Proverbe arabe)

« Bien que Jésuite — nous dit l’invité P.O. du Mans — je crois bien que je me suis fait piéger en acceptant de vous parler… On a senti tout au long l’ombre portée des jeunes dans cette assemblée… Cela crée des difficultés : mais vous avez bien de la chance d’avoir à gérer cette difficulté ».

« La Mission ouvrière ? La classe ouvrière ? Elles ne sont pas oubliées… Mais si quelques-uns ont paru laisser ces réalités dans l’ombre, n’est-ce pas en vous comme le refoulement d’amours anciennes toujours bouillantes et tumultueuses ? »

« Le Cardinal Decourtray, notre prélat, m’a fait penser à plusieurs reprises au Cardinal Suhard. Homme du Nord, il prie longuement avant de penser. Il pense longuement avant d’agir. Sa discrétion et son écoute, le moment venu, laissent la place à l’affirmation calme de l’autorité de l’apôtre. On sait que, quand on fait avec lui un pas en avant, on n’en fera pas deux en arrière. Et ce sourire méditatif cache souvent la complexité en lui des combats humains et spirituels dont seul l’évangile a eu !le dernier mot ».

J’évoquerai ce qui fut pour moi — réellement — une étonnante leçon de chose en même temps qu’une leçon de théologie. Chacun sait que les plus grands mystiques ont été amenés à dire de Dieu … ce qu’il n’est pas ! « O Toi, l’au-delà de tout ». Or notre ami prêtre ouvrier anglican a été amené, contemplant notre assemblée, à évoquer « celles qui parmi nous, ne sont pas des hommes ». Nous n’avions pas encore remarqué combien ces « sœurs » du Christ étaient nombreuses à cette assemblée.

 

Mais le même ami ne nous disait pas ce qu’elles étaient. Nous l’avons découvert, au moment de ce Pater en plusieurs langues qui fut sans doute le sommet de la célébration. A l’appel de Bénédicte, de l’équipe de Grenoble, voilà que, comme une « armée rangée en bataille », de tous les gradins les femmes affluent vers la grande estrade, tout à coup trop petite. Lentement, mais sûrement, elles se pressent, absorbant jusqu’au groupe des évêques célébrants, laissant seulement, pressé contre l’autel, le Cardinal Decourtray. Brusquement venait de se constituer là visiblement le « Peuple de Dieu » à l’intérieur duquel se trouvaient nos évêques. Alors le Pater qui retentit pris un sens tout neuf…

Et une femme, un peu plus tard, me dit : « Je n’étais qu’une amie de quelqu’un de la Mission de France. Je me suis sentie entraînée — un peu malgré moi — par ces femmes qui montaient entourer l’Eucharistie. Et j’ai senti que quelque chose bougeait en moi. J’ai compris que je ne pouvais plus être passive : il me fallait m’engager, m’offrir pour la Mission »

Combien d’autres pendant l’Assemblée se sont sentis « engagés » pour la Mission et jusqu’où : c’est le secret des consciences et le secret de Dieu.

Jean Vinatier

 

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