Le cardinal LIÉNART et la Mission de France – La conscience de la mission

Le cardinal LIÉNART et la Mission de France – La conscience de la mission

 

1959-1962. Ce furent des « années tournantes » pour l’Église, à la veille du Concile. Les vocations sacerdotales devenaient plus rares, et les plus lucides savaient bien que c’était un signe. Le cardinal nous aida alors à comprendre que ce qui fait la vitalité d’une Église, ce n’est pas le nombre de ses prêtres, mais la vitalité de ses chrétiens, ce n’est pas la multiplication des « œuvres » destinées à nourrir ceux du dedans, c’est la prise de conscience de l’absence de l’Évangile au-dehors, c’est l’appel irrésistible à rejoindre ces « mondes » neufs.

 

En 1962 — la dernière Assemblée à laquelle participa le cardinal Liénart, et à la veille de l’ouverture du Concile — il sut trouver des accents qui réveillèrent l’espérance de tous les prêtres, faisant écho à la voix des plus grands évêques :

 

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Le cardinal Liénart

« Cette Assemblée générale marque, pour la Mission de France, la date de ses vingt ans. Vingt ans, c’est la jeunesse ! Une jeunesse qui n’a pas été une jeunesse dorée, vous n’avez pas trouvé devant vous une route toute tracée dans laquelle vous n’aviez qu’à vous engager tranquillement.

Comme toutes les jeunesses, la vôtre avait des illusions. Vous avez traversé des épreuves, vous avez fait des expériences, vous avez rencontré des échecs quelquefois ; mais comme la jeunesse aussi, vous avez su garder votre énergie et votre espérance. Cette Espérance, vous l’avez basée sur Notre-Seigneur Jésus Christ. C’est pour Lui que la Mission a été faite, pour répondre à son appel : Venez, je vous ferai pêcheurs d’hommes. Venez, j’ai entrepris de porter au monde la miséricorde du Père, de révéler aux hommes de tous les temps le plan du Salut, la Bonne Nouvelle de la rédemption des hommes et j’ai fait Mon Église pour y travailler dans tous les pays, auprès de tous les hommes, de toutes les générations, et de tous les temps. Venez, entrez dans ce travail… » C’est le plus bel emploi d’une vie humaine ! coopérer à l’œuvre du salut du monde, sauver les hommes avec le Christ. C’est cela que la Mission a voulu faire. C’est ce qui explique qu’aucune peine, aucune épreuve, aucun échec n’aient pu venir à bout de votre résolution.

Vingt ans, c’est aussi le moment pour les jeunes de prendre possession de leur être, d’être maîtres d’eux-mêmes et de s’engager résolument vers l’avenir. Je constate donc avec plaisir que votre Assemblée générale 1962 a été précisément l’occasion de structurer la Mission de France, mais comme on se structure à vingt ans, non pour se scléroser ou se figer dans une attitude définitive, mais pour s’engager dans la vie avec toutes ses ressources, toutes ses forces, tous ses moyens…

Nous avons été frappés de la maturité dont vous avez fait preuve… Nous avons noté que vous aviez de plus en plus conscience de votre responsabilité collective à l’égard de la Mission. J’ai eu parfois l’impression, dans les Assemblées précédentes, que certains critiquaient la Mission comme si elle était autre chose qu’eux… Or ces jours-ci il n’en a pas été de même. La Mission est bien votre mission : elle sera ce que vous la ferez…

Je vous dis en terminant combien le travail que vous venez de faire me paraît opportun pour vous et dans l’ambiance du Concile. Vous faites sur votre plan particulier ce que l’Église essaie de faire vis-à-vis des responsabilités générales qui sont les siennes. Elle s’interroge et se demande si à l’heure actuelle, en face des hommes de ce temps, elle fait son œuvre. Elle se demande ce qu’elle doit faire sur elle-même pour se réformer, pour être à la mesure des problèmes des hommes de ce temps. Je ne dis pas que nous réussirons d’un seul coup à débarrasser l’Église de tout ce qui peut la surcharger inutilement, retarder sa marche, affecter son visage. Pourvu que nous réussissions à nous mettre sur le chemin et à commencer une étape au cours de laquelle pourra se faire déjà un rapprochement, ce sera important.

En tout cas, vous travaillez dans le même sens que notre vieille Église. Si elle est vieille, ce n’est pas de sa faute, elle a traversé des vicissitudes de toutes sortes, elle est marquée par toutes les époques. C’est comme un terrain dans lequel on retrouve diverses couches de civilisations. Mais elle est vivante quand même et elle est jeune. Il faut l’aimer et lui apporter notre jeunesse et notre travail (je ne parle pas de ma jeunesse à moi, mais de la vôtre…). N’ajoutons pas notre poids à tous ceux qui la critiquent. Aidons-la. Sentons-nous tous solidaires avec Elle, autant avec Elle qu’avec le monde d’aujourd’hui parce que nous devons faire la liaison entre le monde et Jésus Christ. Si nous ne tenons pas les deux bouts, si nous ne sommes pas enracinés dans les deux, nous ne ferons pas la liaison. »

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