Homélie d’Hervé GIRAUD, prélat de la Mission de France

Homélie d’Hervé GIRAUD, prélat de la Mission de France

Homélie d’Hervé GIRAUD, prélat de la Mission de France, La Pommeraye – 15 juillet 2017

 

 

Matthieu 13, 1-9

         Ce jour-là, Jésus était sorti de la maison, et il était assis au bord de la mer. Auprès de lui se rassemblèrent des foules si grandes qu’il monta dans une barque où il s’assit ; toute la foule se tenait sur le rivage. Il leur dit beaucoup de choses en paraboles :

         « Voici que le semeur sortit pour semer. Comme il semait, des grains sont tombés au bord du chemin, et les oiseaux sont venus tout manger. D’autres sont tombés sur le sol pierreux, où ils n’avaient pas beaucoup de terre ; ils ont levé aussitôt, parce que la terre était peu profonde. Le soleil s’étant levé, ils ont brûlé et, faute de racines, ils ont séché. D’autres sont tombés dans les ronces ; les ronces ont poussé et les ont étouffés. D’autres sont tombés dans la bonne terre, et ils ont donné du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un. Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! »

 

Nous connaissons bien la parabole du semeur. Jésus en donne même l’explication. Que dire de plus ? Peut-être nous laisser porter par sa parole… pour qu’elle aille là où on ne l’attend pas, en commençant par nos recoins intérieurs, blessés, cachés…

Hier, nous avons fait l’expérience de ce que rend possible une parole lue ensemble, en équipe, en communauté. Comme j’aimerais recueillir ces perles ! Ce soir, nous ne prendrons pas tous la parole, mais nous la recevons d’une autre manière, comme si elle venait de Jésus lui-même sur sa barque. Imaginons-le, en train de nous parler, personnellement et ensemble. C’est l’eau qui porte sa parole. La création porte la Parole. Sauvegardons la création car elle nous pousse à la contemplation. Laudato Si’…

Je retiendrai deux phrases seulement de six mots chacune : 12 mots ! Comme 12 apôtres.

Première phrase apparemment anodine : « Jésus était sorti de la maison ». Ce verset n’a apparemment et a priori aucun intérêt. Pourtant, les déplacements ont du sens. Jésus est « en sortie ». Jésus ne sort pas de table ; il ne sort pas du métro ou de l’université ; il ne sort ni de Saint-Cyr ni de la cuisse de Jupiter ! Jésus sort de « la maison ». Dans l’Évangile « la maison » c’est souvent celle de Pierre, et donc celle de l’Église. Déplaçons-nous encore un peu avec audace : Jésus sort de l’Église ! Il ne l’abandonne pas ! Il ne cesse pas de l’aimer ! Mais il sait qu’il la retrouve aussi au bord du lac, avec les foules. Jésus est « en sortie ». C’est son être. Il est sorti du Père et devient ainsi le Chemin qui y conduit. Cette façon d’« être en sortie » c’est la nôtre. Nous n’entrons pas dans la Mission de France, dans la Communauté Mission de France en fuyant une paroisse ou le monde. On y entre… en sortant. Mais cela ne suffit pas. On y entre en nous engageant, avec lucidité, avec discernement. En nous laissant envoyer.

Deuxième phrase de 6 mots : « Le semeur est sorti pour semer ». Ce semeur ne se contente pas de cette belle attitude vers les autres. Il a un but. Il agit, il sème. Il sème à tout vent. Il n’a pas l’air de savoir faire, puisque les grains tombent partout : bord du chemin, sol pierreux, ronces. Mais ce qui compte c’est son geste, le geste du semeur. Il sème abondamment avec la secrète espérance que tous les terrains pourraient a priori accueillir ses graines d’espoir.

Oui, le semeur est sorti pour semer. N’oublions donc jamais que nos sorties ont un but, une fin : proposer la Parole de Dieu à tous les terrains où nous sommes envoyés et où nous vivons. Il nous faut la proposer en sachant qu’on la reçoit aussi au moment même où nous la proclamons. On la reçoit des autres également. Et pour semer il faut donc vivre avec les autres : c’est la patience du travail, de la collaboration avec d’autres, croyants ou non. Pour semer, il faut aussi partir, non pas seulement vers les autres, mais partir des autres, partir de leurs attentes et même de leur non-attente, de leur soif de sens et même de leur indifférence au sens, de leur soif de Dieu et même de leur indifférence à la question de Dieu.

Jésus est donc sorti. Le semeur est sorti. Ministres ordonnés, engagés ou simples membres d’une équipe, Jésus nous invite à faire comme Lui. Il faut « sortir de l’Église », du moins de la tentation de ne servir que nos communautés rassemblées. « Il faut du prêtre au-delà des besoins des communautés… il faut du prêtre pour rien » (Jacques Leclerc). Ou du moins pour une mission autre. De même, il faut des diacres « pour rien », des laïcs « pour rien »… pour rien d’autre que le souci d’une présence réelle, habitée, une présence qui s’associe à d’autres, apparemment lointains, qui s’associe des partenaires. Ce « pour rien » crée déjà du lien. Ce « pour rien » peut paraître contredire le « pour semer ». Mais si nous espérons du 100 pour 1, il faut accepter de semer largement dans les ronces, les pierres, les chemins, car Dieu ne nous donne pas de connaître à l’avance qui sont les ronces, les sols pierreux, les bords de chemin. Peut-être même que nous en faisons partie, évêque compris.

Alors, pour l’instant, faisons comme la foule. Il y a un temps pour parler, et un temps pour écouter. Entrons dans l’action de grâce du Christ. Entrons dans l’action de grâce pour « être apôtres… simplement », pour devenir apôtres simplement. Loué sois-tu Seigneur ! Laudato Si’

 

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1 commentaire

  • « … de leur soif de Dieu et même de leur indifférence à la question de Dieu » pour ma part, je suis partagé entre les deux … Que signifie donc : Dieu, mot aux premiers abords qui paraît très simple et pourtant intérieurement, une recherche très complexe depuis plusieurs années … Je suis toujours en quête de compréhension …
    On ressent parfois une présence … comment se laisser toucher …
    Est-ce une quête de vie ? Est-ce que des ainés pourraient me répondre ?
    En quoi ? En qui ? Ou comment ressentir sa présence ?
    J’aimerais tant comprendre afin de trouver une paix intérieure …

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