L’encyclique Fratelli tutti

L’encyclique Fratelli tutti

Fratelli tutti, pour une fraternité intégrale en Dieu

Le 3 octobre dernier à Assise, le Saint-Père nous a offert une encyclique, Fratelli tutti, sur la fraternité et l’amitié sociale. Rédigée sur fond de pandémie de la covid-19 et adressée aussi « à ceux qui ne partagent pas sa foi », cette encyclique sociale « au goût de l’Évangile » est la troisième du pape François. Elle est évidemment liée à Laudato Si’, mais aussi à l’encyclique Caritas in Veritate, de son prédécesseur Benoît XVI. En ces temps où la raison fond aussi vite que les glaciers, ce n’est déjà pas un mince apport que de proposer une contribution éthique et sociale approfondie, une feuille de route pour nous aider à réfléchir. Cette immense synthèse mérite évidemment d’être lue avec précision.

Le pape François écrit « en commençant par le bas », en prenant en compte la dure réalité, et son premier chapitre s’ouvre ainsi sur « les ombres d’un monde fermé ». C’est à ce monde fragmenté, déboussolé, qui oublie vite les tragédies du XXe siècle et qui a peu le sens de l’histoire, que le pape souhaite proposer sa vision quasi eschatologique pour la promotion de la fraternité universelle et contre toute régression individualiste ou populiste. Il y a là des variations sur ses thèmes favoris : la perte du bien commun, les pauvres, le libéralisme, les migrants, la paix, l’individualisme, la propriété, la solidarité… Ce dernier terme est d’ailleurs, pour lui, trop faible : l’enjeu est celui de la fraternité, et de la Fraternité en Christ (FT 85). Elle n’est pas seulement une idée, une devise ou une attitude : elle constitue un devoir pour l’humanité et renvoie à la réalité d’une communauté humaine dont il faut prendre soin. « La société toujours plus mondialisée nous rapproche, mais elle ne nous rend pas frères » (FT 12) et le pape souligne ainsi qu’« un véritable schisme est désormais en cours entre l’individu et la communauté humaine » (FT 31). Il propose donc une fraternité qui, respectant les personnes singulières et leurs cultures propres, n’est pas seulement une somme de personnes égales, mais ce qui permet aux égaux d’être des personnes différentes.

Par ailleurs, cette encyclique sociale crée une résonance politique, car c’est bien parce que nous sommes tous frères que nous sommes tous citoyens : « Dieu a créé tous les êtres humains égaux en droits, en devoirs et en dignité, et les a appelés à coexister comme des frères entre eux ». Il ne suffit donc pas simplement de coexister mais il faut chercher à vivre dans une fraternité réciproque : « Toi-même tu es en tous », selon la formule de saint Ambroise. Sans les « poètes sociaux » (FT 169), sans les pauvres, sans chacun de nous, c’est la démocratie qui risque de s’atrophier.

Enfin, le pape rappelle la nécessité comme les limites de la raison : «la raison, à elle seule, (…) ne parvient pas à créer la fraternité » (FT 272).  Discrètement, mais sûrement, il pose alors la clef de voûte de cette fraternité : « sans une ouverture au Père de tous, il n’y aura pas de raisons solides et stables à l’appel à la fraternité. » (FT 272). « Chercher Dieu d’un cœur sincère (…) nous aide à nous reconnaître comme des compagnons de route, vraiment frères » (FT 274). L’Église peut ici retrouver son rôle de signe et de moyen de la fraternité universelle. Elle rejoint en cela l’intuition du bienheureux Charles de Foucauld, que le pape évoque en conclusion, pour inviter chacun de nous à être des frères et sœurs universels, « car celui qui n’aime pas son frère qu’il voit ne peut aimer Dieu qu’il ne voit pas » (1 Jn 4,20).

+ Hervé GIRAUD – 13 octobre  2020

 

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