L’Evangile lu à une table d’Asie – n°34 de décembre 2015

L’Evangile lu à une table d’Asie – n°34 de décembre 2015

 Que devons nous faire ?
Evangile selon saint Luc 3, 10-18, tel que les gens l’entendent à la messe.


En ce temps-là, les foules qui venaient se faire baptiser par Jean lui demandaient : « Que devons-nous faire ? » Jean leur répondait : « Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ; et celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même ! » Des publicains (c’est-à-dire des collecteurs d’impôts) vinrent aussi pour être baptisés ; ils lui dirent : « Maître, que devons-nous faire ? » Il leur répondit : « N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé. Des soldats lui demandèrent à leur tour : « Et nous, que devons-nous faire ? » Il leur répondit : « Ne faites violence à personne, n’accusez personne à tort ; et contentez-vous de votre solde. » Or le peuple était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Christ. Jean s’adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. Il tient à la main la pelle à vanner pour nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier ; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. » Par beaucoup d’autres exhortations encore, il annonçait au peuple la Bonne Nouvelle.


Chers amis et proches, deux expressions m’ont semblé percutantes en lisant cette page d’Evangile aujourd’hui, à la table de ce monde et particulièrement ici à Manille : « Le peuple était en attente » et par trois fois, « que devons nous faire ? ». Un condensé de politique, digne de Gandhi ou de Mandela, et de bien d’autres hommes et femmes moins connus qui vivent leur engagement politique, économique ou sociétal à partir d’un peuple et d’une attente. Ils et elles ont appris à entendre l’attente et à répondre à la demande du ‘que faire?’ Ces dernières semaines éclairent ma table d’Asie où je lis cet Evangile. Ce mois-ci, ma façon de vous inviter à table est de vous raconter comment certaines et certains à Manille entendent l’attente et répondent au ‘que faire ?’.


J’étais convié à une rencontre organisée par la Fondation Virlanie pour les enfants de la rue, que préside notre ami Dominique LEMAY. Il s’agissait de faire se rencontrer des jeunes adultes, jadis enfants de la rue qui ont été pris en charge par la Fondation et qui maintenant sont lancés dans la vie, avec des plus jeunes qui sont encore pris en charge par la Fondation. Superbes témoignages des plus grands, entrecoupés par les chants fantastiques du choeur de la Fondation composé d’enfants et d’ado à peine sortis de la rue. L’un des jeunes, Lawrence, est maintenant agronome… ça me parle ! Il nous a dit pourquoi il a choisi ce métier : « La corruption, la course au profit, la globalisation et la fragilité climatique, tout contribue à ce que l’agriculture ne soit plus une possibilité de vie aux Philippines. Si j’ai été dans la rue, c’est parce que ma famille a dû quitter notre village pour les bidonvilles de Manille ». J’ai été bouleversé par la qualité humaine et la beauté de cette rencontre. Cela montre que la très grande misère, si elle fait des ravages sur la santé et le mental des familles et des enfants, n’anéantit pas toujours la valeur et la beauté des êtres. S’il y a des jeunes des quartiers et des pays qui sont entraînés par des fous et des criminels dans le nihilisme et la mort, il y a d’autres voies qui vont vers la vie ! L’équipe de Virlanie est en train de renouveler sa capacité d’écoute de l’attente des enfants des rues, pour faire face aux aggravations des violences. Ce soir là, j’ai rencontré aussi un dentiste breton et sa femme d’origine philippines, dentiste elle aussi. Ils sont à la retraite. Ils vivent ici et accompagnent tous les programmes de la Fondation pour la prévention et les soins dentaires. La dame disait que dans les consultations des enfants, la baisse des soins et des urgences était significative. Les programmes de prévention et d’éducation, avec un suivi précis, fréquent et systématique dans la rue, portent du fruit.

« Que devons nous faire ? » …Prendre un enfant par la main et le mener jusqu’à demain… Prendre un enfant pour le sien… (Yves Duteil)

Je me suis remis à l’apprentissage de la langue Tagalog. Nous sommes deux au cours. L’autre est volontaire ATD ¼ monde. Son ‘territoire’ : le ‘cimetière Nord’. Là, il me dit que son attention porte beaucoup sur les familles ou les personnes qui ne disent aucune attente. L’attente n’appartient plus à leur vie. L’ami me dit que les services sociaux et d’autres acteurs ne vont plus au cimetière Nord parce qu’ils ne voient pas de résultats, puisqu’il n’y a pas d’attente.

« Que devons nous faire ? » …Au fond (du cimetière Nord) aux murs gris où l’aube aurait enfin sa chance, vivre, vivre avec tendresse, vivre et donner avec ivresse ! (Barbara)

Vendredi dernier, une nouvelle fois, j’ai rejoint l’au-revoir du groupe des jeunes prêtres diocésains Chinois qui rentrent au pays après un séjour de 2 mois entre formation en salle et immersion sur le terrain à Manille. Ils sont tous ou presque dans des situations d’église inextricables, les uns des communautés ‘souterraines’, les autres ‘officielles’, tous sous la loi et l’arbitraire qui fatiguent les croyants. Et cela dure, dure, jusqu’à user la foi et la prière.
« Que devons nous faire ? » Je n’y peux mais. Depuis bientôt 3 ans, j’ai seulement laisser ma porte ouverte et écouté, écouté…pour entendre l’attente qui ne se dit plus mais se susurre, tellement les mots se sont usés au temps. L’attente se sous-entend dans la joie d’être ensemble, en frères ; celle d’être accueillis à Manille par des frères Philippins qui les entendent et par un frère ‘lointain’ qui écoute et à qui ils offrent leur sourire : « Thank you very much, Fr.Jacques. We are so privileged to have you here around. From your sincerely presence and sharing, I, personally was inspired a lot…Being a missionary is my dream. I still go forwarding. Thank you very much for all you have done for us all. May God bless your ministry, not only for the Chinese but also for all over Chinese speakers of the world.”

Noël de paix et 2016 d’espoir !

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Jacques, à Manille
chengyaulcu@hotmail.com

 

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