Messages pour Pâques à la Communauté Mission de France

Messages pour Pâques à la Communauté Mission de France

Jeudi Saint, 9 avril 2020

 

 

Parce que nous sommes déjà ressuscités avec le Christ…

 

 

Chers amis de la Communauté Mission de France,

 

« Confinés à la maison, Seigneur, aujourd’hui… », « …nous subissons ce que nous n’avons pas choisi… » et « …nous maintenons tous les contacts possibles ». Ces expressions empruntées aux lettres ou poèmes d’Arnaud Favart, Marguerite Portal citant Madeleine Delbrêl et de Jean-François Penhouët disent bien ce que nous vivons. Il est essentiel, en effet, que nous puissions demeurer en communion par l’Esprit. Nous le savons, il y a une multitude de manières de communier et de nous « laver les pieds les uns aux autres ». Chacun peut aider l’autre à « s’en sortir… sans sortir » !

Dimanche, nous allons donc célébrer Pâques au terme d’un carême marqué par l’épreuve d’une pandémie planétaire et dans les rigueurs d’un confinement qu’il est essentiel d’observer dans l’intérêt du bien commun. Certes, nos esprits et nos cœurs sont contraints par l’inquiétude et la compassion devant une situation qui doit d’abord provoquer à la solidarité. Mais cette situation n’enlève rien à cette célébration essentielle de la foi chrétienne.

En effet, il ne s’agit pas simplement de liturgie, de calendrier, ni de rite. Et la résurrection n’est pas une « happy end » : nous n’attendrons pas la fin de cette période, aussi difficile soit-elle, pour vivre en « ressuscités », sinon nous attendrions la fin des temps pour fêter Pâques ! En ces temps, très durs pour certains, comme en tout trouble grave qui marque la vie des hommes et des femmes, pensons notamment à la Syrie, à l’Irak, au Soudan… il nous faut déjà être « ressuscités avec le Christ » (Col 3,1). Le cortège des maladies cruelles, des accidents dramatiques, des victimes de famines ou de guerres accompagne l’humanité depuis toujours, sans que ces épreuves n’aient jamais empêché d’annoncer la résurrection du crucifié et surtout d’en vivre.

Car, fondamentalement, Pâques ne fait pas oublier la croix ou la mort ou les épreuves. La résurrection rend même la croix plus ténébreuse : « Il a donc fallu que Dieu en passe par là… ? » Insondable mystère ! Il nous faut d’abord croire que la résurrection habite la Croix, que la vie habite le crucifié. Sa nuit est déjà « lumière de midi ». La résurrection habite… et même précède la mort.  La célébration pascale n’est pas un alleluia qui oublie les croix vécues, un chant d’allégresse qui étouffe les cris de douleur de l’humanité.

Il faut célébrer cette fête de Pâques en ces jours qui l’ont préparée, dans les conditions contingentes de notre monde traumatisé, car ce n’est pas seulement fêter la victoire sur le Mal et la mort, c’est être invité à compatir toujours mieux aux souffrances actuelles. Différer la célébration de Pâques ce serait reporter l’espérance qui nous anime quand nous devenons des prochains de tant de souffrances, d’isolements, de fragilités, de précarités. Fêter Pâques en son temps, c’est rendre manifeste le temps de l’Esprit, qui habite le nôtre, le temps de ce monde. Dans le temps pascal, chaque jour célèbre le Christ ressuscité qui monte vers son Père et le prie de nous envoyer son Esprit. Si nous pouvons, comme nous l’espérons, célébrer les sacrements de l’initiation chrétienne des catéchumènes à la vigile de Pentecôte, nous manifesterons alors tout ce que nous n’aurons pas pu vivre visiblement à Pâques. Dans le temps de Dieu, Pâques et Pentecôte ne forment qu’un seul jour ! Ces conditions qui nous sont aujourd’hui imposées nous rappellent qu’il y a toujours des frères ou des sœurs qui souffrent auprès ou loin de nous, et nous provoquent à mieux comprendre, à cette mesure, le sens d’une véritable communion.

À tous je souhaite de vivre ainsi, dès maintenant, en ressuscités.

 

+ Hervé GIRAUD, Prélat de la Mission de France

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