« en Mission chaque jour, c’est le Bouquet ! »

« en Mission chaque jour, c’est le Bouquet ! »

« en Mission chaque jour, c’est le Bouquet ! » 

36 Aphorismes sur la Communauté Mission de France – texte de Jean-Philippe Landru

 

 

Un texte lu lors de l’assemblée générale de la CMDF le 14 juillet 2017 par Isabelle Salembier, Jean Deries et Jean-Philippe Landru

 

Imagine une communauté chrétienne, sorte d’arche de Noé du XXIème siècle,  qui regrouperait  une médecin, un aide-soignant , une malade, un chercheur, une prof, un étudiant, un journaliste, un maçon, un charpentier, un facteur, un cuisinier, une thésarde, un sans-diplôme, une précaire, un SdF, un politique, un syndicaliste,  un patron, un inspecteur du travail, une assistante sociale, une cadre, un ouvrier, un black, une indienne, un chinois, un brésilien, un guyanais, un maghrébin, un pied-noir,  un urbain, un rurbain, un rural, une habitante des cités, un aumônier de prison, un juif, un théologien, une spécialiste de l’Islam, un évêque, un prêtre, un diacre, une laïque… etc.

…cette arche en forme d’abbatiale, elle existe déjà : elle s’appelle la Communauté Mission de France ! Elle met le cap sur l’église de plein vent !

Ce qui unit tous ces gens c’est la simplicité de la rencontre en profondeur avec Jésus-Christ…

…au travers de ces milliers de visages d’hommes et de femmes rencontrés chaque jour au travail, dans le quartier,          dans le syndicat, dans les associations, sans oublier notre famille, nos proches, bien sûr.

Oui, au sein de ce monde, nous croyons que l’Esprit murmure, que Dieu parle et que Jésus crie …

Mais savons-nous entendre ? Savons-nous écouter ? Savons-nous voir ? Savons-nous contempler ?

Comment ne pas entendre ce Jésus qui nous dit : « je vous laisse ma paix ; je vous donne ma paix », si déjà au sein de ma famille et de mon travail, je suis en guerre contre ceux qui me contredisent ou qui ne sont pas de mon avis…

La paix c’est aller à la rencontre de ceux qui ne sont pas comme moi, ceux qui m’interrogent, qui m’étonnent ou me mettent en colère…

…ceux qui, dans les Cités n’ont pas le droit de citer ; ceux qu’on dit étranges parce qu’étrangers ; ceux qui ne sont riches que de leur vraie pauvreté…

Notre joie, c’est de se retrouver auprès d’eux sur les lieux de croisements, pour partager avec eux chaque jour à manger et à boire…

– Salut, sert moi une bière et sans faux-col !..
– Salut, Trouve-moi un prêtre ; Et sans vrai col…

Moi, le prêtre de la Mission de France, Je n’ai pas de paroissiens ; je n’ai pas de bâtiment-église, je suis un SDF de l’évangile.

« Oh, vous le curé, commencez pas à faire de la politique !.. »
– Je ne faisais pas de politique, je disais juste :   « Heureux les pauvres.. »
– Ca y’est il recommence ! Il se prend pour un ministre !

Oui, je suis le ministre du souffle et du signe ; des pêcheurs, des misérables, et des sans-dents ;  du petit prince et de ses descendants ;

Je ne suis pas propriétaire de la Parole de Jésus, mais locataire de l’amour de Dieu et vacataire de ses sacrements

Il y en a qui vont se dorer aux iles du Levant ; d’autres qui vont adorer le saint sacrement, moi je vais endurer la vie des pauvres gens…

Dans une société qui dépense et qui compte j’ai besoin d’une Eglise qui se dépense sans compter ;

Au sein de l’Eglise, certains ont souhaité planter leurs tentes nous, nous avons planté nos graines…

… Nos ainés ont beaucoup semé, les graines ont germé, nous, nous cultivons pour la Moisson de France…

Nous sommes parait-il le levain dans la pâte, moi je dirais plutôt le poil à gratter dans le cou …des nuques raides…

Cependant, nous ne nous croyons pas meilleurs que les autres chrétiens ! Nous ne sommes pas plus calés mais peut-être juste un peu décalés ; nous aimons la Parole, mais aussi le silence ; davantage attirés par la différence que par la déférence, par la communauté que par le communautarisme, par le service des incultes que par le service des cultes, par le travail manuel que par l’Emmanuel ; Au tout-spirituel, nous préférons un certain Esprit rebelle au souffle universel…

Prêtre au travail, cela ne veut pas dire que dans les paroisses les prêtres ne font rien.
Cela signifie juste que notre prière est en travail, que notre oraison l’est aussi, que nous travaillons aussi notre sens de la mission et la justesse de notre attitude chrétienne.
Donc, « être prêtre au travail » : c’est aussi être au travail sur nous-mêmes !

Nous faisons référence à l’Evangile, mais nous ne nous prenons pas pour Jésus dans les paraboles ! Nous Lui disons, « Seigneur, nous ne sommes pas dignes de Te recevoir, mais enseigne-nous seulement Ta Parole et ta Passion» … et nous serons guéris grâce à l’eau vive que tu nous donnes à foison…

A Galilée, certains ont pu râler quand ils ont vu arriver les ouvriers de la 11ème heure de la communauté Mission de France…

…Au sein de la Communauté Mission de France, certain ont pu s’identifier au jeune homme riche que croise Jésus, mais qui ne parvient pas à tout abandonner pour Le suivre …

Mais tous, nous pensons que pour encenser le Seigneur, point besoin d’encens ;
et pour louer Dieu, sapristi
on ne va quand même pas signer un bail à demeure pour un 2 pièces autel-sacristie…

Devant cette croix, nous restons sans voix ; nous avons besoin de prendre de la hauteur, de la largesse d’esprit.

Moi membre de la CMDF , y’a des jours, je ne sais plus où j’habite et quel est mon nom. Pour Toi, Seigneur, qui dis-Tu que je suis ??

On entend parfois parler d’hardiesse et de mission, mais on confond souvent vitesse et précipitation ; nous on croit que pour parler de Dieu il faut délicatesse et attention…

Ce n’est pas du porte à porte qu’il faut faire, mais du cœur à cœur…
Ce n’est pas distribuer des tracts sur les marchés, mais beaucoup de tact et d’humilité

Il y a quelque chose d’impudique à parler de Jésus-Christ au premier venu qu’on croise dans la rue ! Vous les amoureux est-ce que vous parlez de la personne que vous aimez à un inconnu ? Certainement pas, c’est quelque chose qui vous habite si profondément, vous préférez en parlez à un ami que vous connaissez bien. Et ben pour Jésus c’est peut-être pareil…

Ce que j’ai à dire sur Dieu à mes concitoyens ce ne sont pas des mots, c’est une fièvre, un feu, une tendresse, un cri…

Nos vies-mêlées, c’est bien joli, mais y’a des fois je revendique un droit à la déconnection !

Mais quand je Te retrouve Seigneur dans le fond de mon cœur et que je pense à tous mes amis qui ont perdu la foi et l’espérance, je Te prie très fort Seigneur pour qu’ils aient droit à une re-connection…

Nous, membres de la CMDF, nous ne nous sentons pas d’appartenir à une église qui se ferme et s’enferme ; nous aspirons à une église en conversion et en conversation…

Finalement, la communauté Mission de France, c’est jamais que des incarnés incardinés qui se sont ouverts à des suscités ressuscités…

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