Jean-Marie Ploux, prêtre de la Mission de France, 63 ans, vient d’écrire un livre qui répond à la question : un jeune peut-il encore croire en Dieu aujourd’hui ? Explications.

Pourquoi as-tu ressenti le besoin d’écrire ce livre ?
J.-M. P. : Depuis des années, je rencontre beaucoup de jeunes motivés par la vie et engagés socialement, mais qui ont une idée très vague de ce que peut être la foi. Il y a eu une rupture de tradition. Beaucoup de ces jeunes ont un désir de croire, mais ils ne trouvent pas chez leurs parents et les adultes autour d’eux des répondants en ce qui concerne la foi.

Comment as-tu écrit ?
J.-M. P. : J’ai écrit ce livre comme une conversation, sans plan préétabli. Les réponses ont entraîné d’autres questions. J’ai reconstitué des personnages à partir des jeunes avec qui j’ai eu de longues conversations. Le profil de Sébastien, Sophie, Patricia et des autres est celui des jeunes qui sont allés aux JMJ, entraînés par des amis, mais peu au fait de la foi chrétienne. Au fur et à mesure que j’écrivais, les personnages prenaient corps. J’ai senti que chacun représentait une logique d’interrogation et j’en ai ajouté d’autres pour tenir compte des questions différentes que se posent les jeunes.

Quelles sont ces questions ?
J.-M. P. : Il y a déjà celles qui se posent inévitablement à tous : le mal et la souffrance, Dieu et la science˜ Il y a aussi la question de la vérité. La façon dont elle se pose est nouvelle, car d’emblée les jeunes se trouvent devant des vérités juxtaposées. Qu’est-ce qui peut faire que la vérité chrétienne serait « plus vraie » que les autres ? J’ai fait intervenir dans le débat un jeune musulman, Bilal, à partir de ceux que j’ai rencontrés à Marseille et pendant mes années en Égypte. Il en est de même pour le bouddhisme et la recherche spirituelle des jeunes en Chine que j’ai eu l’occasion de rencontrer. Au milieu de la quête spirituelle multiforme d’aujourd’hui, nous sommes dans l’obligation de parler de Dieu, si nous voulons que Dieu existe dans l’horizon humain, si nous voulons que la question de Dieu elle-même puisse se poser. En fait, ces jeunes ne savent pas ce que peut être une démarche de foi, ils ont en face d’eux des discours stéréotypés. Or la foi n’est pas ce qu’on croit. Je m’appuie, pour répondre, sur mon expérience, qui n’est pas séparable de celle de la Mission de France, dans sa rencontre de ceux qui ne partagent pas la foi chrétienne. J’ai vraiment le sentiment d’avoir dit, dans ce livre, toute ma foi.

Ce livre s’adresse donc à des jeunes qui ne sont pas chrétiens ?
J.-M. P. : Oui, j’ai écrit en fonction d’eux. Mais au fur et à mesure que j’écrivais, je me suis dit que des jeunes chrétiens pourraient aussi s’y retrouver car les questions abordées sont bien les leurs. Peut-être pourront-ils, grâce à ce livre, entamer un dialogue avec leurs amis non croyants ? Finalement, c’est un parcours de réflexion sur la question de Dieu pour des jeunes de 18 à 25 ans, qu’on peut creuser en groupe. Cela peut être un prolongement des catéchèses des JMJ.

Ton livre se présente comme un échange de courrier électronique, pourquoi ?
J.-M. P. : Après un premier ouvrage*, des personnes chrétiennes et athées avaient correspondu avec moi par Internet. Cela m’a ouvert des capacités d’échange avec des gens que je n’aurais jamais pu rencontrer. J’en ai pris l’habitude et j’ai écrit mon livre sous forme d’un dialogue via Internet. C’est pour cela aussi qu’à la fin le dialogue reste ouvert et il peut continuer sur le net, avec moi ou entre jeunes. C’est ce que je propose en post-scriptum.

Propos recueillis par Dominique FONTAINE

* Le christianisme a-t-il fait son temps ? Les Éditions de l’Atelier, 1999.