Terres d’espérance, rencontres nationales du rural

Terres d’espérance, rencontres nationales du rural

« L’Eglise tiendra les villes, mais pas les campagnes ! » Ne se résignant pas à ce constat, les évêques ont impulsé en 2017 une dynamique d’espérance pour relancer la présence de l’Eglise dans les territoires ruraux.

A la fin du XXème siècle, nous avons vu la géographie des paroisses se modifier, regroupant 20 à 50 clochers autour d’un pôle urbain drainant un bassin de vie. Nous avons vu se poursuivre l’apport de l’Action catholique dans certaines régions mais les effectifs ont diminué. Bien des ruraux ont vécu un sentiment d’abandon par l’Eglise, analogue ce qu’ils vivaient par ailleurs, avec l’éloignement des emplois, des services publics ou médicaux, des instances de décision. Dès lors, il convenait de s’interroger sur ce qui fait la présence de l’Eglise dans les territoires ruraux. La messe du dimanche ? Un prêtre sillonnant une multitude de clochers pour célébrer messes, baptêmes, mariages et obsèques ? En 25 ans, la formule a montré ses limites et épuisé bien des prêtres et des laïcs.

Entre fragilités et initiatives, les territoires ruraux suscitent un regain d’intérêt. De la vie culturelle à l’aménagement du territoire, de l’énergie à la démocratie locale en passant par l’agriculture, de multiples initiatives locales émergent, des alternatives concrètes tentent de s’opposer au modèle de développement dominant. ils deviennent des lieux d’innovations par des pratiques plus solidaires et des lieux de résistance à la marchandisation généralisée. Mis au pied du mur, ses habitants inventent un nouvel art de vivre pour tisser des liens, lutter contre l’isolement et la désertification des bourgs, valoriser leur patrimoine et leur paysages, accueillir de nouvelles populations aspirant à quitter les métropoles. Tout cela sur fond de prise conscience d’enjeux majeurs comme l’écologie, la sauvegarde de la Maison commune, le ressourcement spirituel par un mode de vie plus sobre et harmonieux. Les enjeux alimentaires ne sont pas les moindres. La population agricole s’est effondrée, asphyxiée par des impératifs de productivité intensive pour nourrir une majorité d’urbains, confrontée à des distributeurs soucieux de proposer un panier à moindre coût, au détriment de la qualité nutritive et d’une agriculture paysanne.

C’est dans ce cadre d’une transition profonde des campagnes, que les évêques ont voulu rassembler une diversité d’acteurs chrétiens et mettre en valeur des initiatives qui font la vitalité de l’Eglise en rural. Reporté deux fois à cause de la pandémie, l’évènement a eu lieu les 22, 23, 24 avril dernier au centre spirituel de Châteauneuf de Galaure, dans la Drôme. Cinq cents participants représentaient 75 diocèses ruraux. Plus d’une trentaine d’évêques et une centaine de prêtres et diacres étaient présents, bien mêlés au débat, intervenant dans les tables rondes aux côtés d’hommes et femmes riches de leurs expériences et de leurs compétences. La joie de la rencontre était manifeste, la diversité des expressions d’Eglise également, depuis les communautés nouvelles jusqu’au MRJC en passant par le CMR, le Prado rural, la Mission de France et diverses fraternités missionnaires. Entre les tenants d’une évangélisation explicite et ceux d’une mission « levain dans la pâte », la dissonance théologique était manifeste. Elle n’a pas fait d’ombre à ce temps de communion ecclésiale ni à l’envie de dialoguer sur des situations concrètes.

Une méditation à trois voix sur les encycliques La joie de l’Evangile, Laudato Si et Tous frères a donné le ton aux tables rondes, aux ateliers, à la prière et à tant d’échanges informels. Soulignons quatre pistes qui mériteraient d’être approfondies à la suite des interventions de Bruno-Marie Duffé sur l’écologie intégrale et de Joëlle Ferry sur l’eucharistie :

  • Les crises sont des chemins de conversion parce qu’elles posent des limites à toute mainmise.
  • La dimension eucharistique de nos existences par la rencontre du Christ, le service de sa parole et des petits qui sont ses frères.
  • La sauvegarde de la Création plus que celle du quadrillage territorial paroissial.
  • L’émergence de nouveaux visages d’Eglise attentifs à la diversité des charismes, avec des fraternités locales aspirant à prier et vivre du Christ et de son Esprit, avec des tiers-lieux signes d’Evangile, ferments de convivialité et de solidarité.

 

Les membres de la Mission de France présents aux Rencontres nationales du rural (22-24 avril 2022)

Jean-Yves Constantin, Philippe Eluard, Arnaud Favart, Jean-Paul Havard, Claire et René Marijon

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