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Entretien pour le dossier « Quand il est temps de prendre le large » du magazine Parole(s) n°23
Tran-Phi : Avec Félix, nous nous sommes rencontrés à l’école Dubreuil, l’école de paysagisme de la ville de Paris. Coursier reconverti, je me qualifie de jardinier passionné par le monde du vivant et de l’artisanat.
Félix : Après de longues années en tant qu’ingénieur télécom, j’avais envie de gagner ma vie en faisant quelque chose qui me plaisait et qui soit utile.
Nous nous sommes lancés tous les deux dans l’entreprenariat et avons créé une ferme florale urbaine il y a deux ans. Elle est située sur les toits de l’hôpital Debré de Paris, près des Lilas.
Notre projet de base était de vivre de la culture de fleur, depuis la graine jusqu’à la floraison, en vendant localement, avec le moins d’énergie autre qu’humaine possible. Nous voulions également développer une activité pédagogique en direction des enfants hospitalisés et des élèves du quartier.
Ce qui nous habite, c’est plutôt une vision artisanale, un retour aux sources. On a envie de dire paysannerie urbaine d’ailleurs, plutôt que de parler d’agriculture. De fait, contrairement à quelque chose que l’on pourrait qualifier de bobo, cette vision nous demande énormément de travail : relire et apprendre les vieux savoir-faire, les conjuguer aux recherches actuelles, faire des expérimentations… Cela apprend l’humilité.
Il n’y a pas qu’un seul modèle et chaque projet d’agriculture urbaine est différent. Cependant on voit quand même émerger deux visions : une première très technologique. Par exemple avec des projets d’aquaponie. C’est quelque chose qui donne très envie, qui est innovant et c’est peut-être ce qui permet de faire parler de l’agriculture urbaine dans les médias ces dernières années. Mais ce modèle représente des projets avec de gros investissements de départs, et des fonctionnements de start-up avec pas mal de marketing et de communication. Pour moi cela fait exister le mirage de solutions toutes technologiques ! Et l’autre approche, qui est presque à l’opposé, forcément beaucoup moins vendeur, c’est de revenir à quelque chose de plus artisanal.
Ce que l’on aime dans le modèle que nous essayons de mettre en place c’est d’être en accord avec la vie. La beauté dans une agriculture « naturelle » c’est sa capacité d’absorption du carbone d’ailleurs, plutôt que son émission. Et c’est un de nos axes de travail également, d’avoir un impact le plus faible possible sur le climat, mais aussi la biodiversité.
Nous avons délibérément choisi de nous lancer dans une ferme de production de fleurs coupées, qui est une culture ornementale et récréative. C’est vrai qu’une agriculture urbaine qui soit productive et alimentaire, c’est vraiment le rêve de tout le monde ; mais en réalité c’est assez complexe. Pour l’instant ce qui existe et qui fonctionne représente des productions de niche : micro-pousse, hydroponie, graines germées. En réalité, ce ne sont pas des productions qui nourrissent, même si des gens peuvent en vivre. On parle beaucoup des maraîchers de Paris du XVIII / XIX siècle, sauf que cette agriculture reposait à la fois sur une main-d’œuvre importante et très compétente, à la fois sur le lien avec les chevaux qui étaient à l’époque la force motrice des transports et produisaient le fumier, qui est un engrais naturel extraordinaire. Or actuellement, les conditions sont extrêmement différentes et l’on ne peut pas copier ce modèle. Objectivement, la région francilienne composée de terre extrêmement fertiles pourrait largement nourrir la population francilienne urbaine. En définitive, il n’y a pas absolument besoin de chercher à produire de l’alimentaire en ville. En revanche, nous avons besoin de nature, et nous avons besoin de pédagogie autour de la nature et l’agriculture et cela justifie en soi l’intérêt de l’agriculture urbaine.
L’une des questions que nous nous sommes posées est la suivante : dans le milieu complexe qu’est le milieu urbain, quel produit à forte valeur ajouté pourrions-nous faire pousser qui nous permette de vivre, et en même temps de répondre au besoin de nature en ville ?
La réponse est apparue assez évidente. 85% des fleurs coupées vendues en France sont importées, et leur mode de production actuel nécessite beaucoup d’intrants liés à l’industrie pétrochimique, mais aussi énergie ou investissement colossaux : serres, air conditionné. Une véritable catastrophe écologique ! Et du fait de son côté récréatif et qu’il s’agisse d’un produit « de luxe », sa valeur ajoutée est beaucoup plus importante. Une tulipe vendue a beaucoup plus de valeur qu’un poireau, par exemple. C’est comme cela que nous avons donc décidé de nous lancer dans la fleur française.
Nous avons tous les deux envie de rester sur quelque chose de très simple, indépendant de toute industrie et en mettant du sens dans ce que l’on fait. Notre approche est un peu radicale : nous n’utilisons pas de machines, nous produisons nos plants à partir de graines que nous achetons à d’autres passionnés et que nous allons produire le plus possible dans les années à venir, nous n’avons pas de serres chauffées. La simplicité de nos moyens requiert cependant un travail complexe de recherches et d’expérimentations pour adapter ce que nous trouvons aux spécificités de notre environnement, terre, conditions climatiques.
On se rend compte également que les recherches agronomiques et environnementales sur les sols, les végétaux, soulèvent encore beaucoup d’inconnues, et qu’il y a encore beaucoup à apprendre !
Donc, si l’innovation est de croiser le concret avec les études, différents modèles, alors oui, on peut innover tout en étant « artisanal » dans la manière d’aborder la paysannerie.
L’année dernière, le COVID nous a stoppé dans la pire période, au printemps, lorsque le marché est le plus en demande. Une grosse partie de nos fleurs n’ont pas pu être vendues. En plus, le côté pédagogique, c’est-à-dire la réalisation d’ateliers avec les enfants hospitalisés et le grand public, n’a pas non plus pu aboutir. Cela représentait une partie de nos revenus prévisionnels. Du coup, nous n’avons toujours pas un modèle économique viable.
Si l’on met de côté la situation sanitaire, nous avons toujours cette volonté de nous améliorer, de renforcer notre production et optimiser notre distribution. Par exemple, nous testons la densification des plants et leur échelonnement, ce qui nous permettrait d’avoir une production continue. Nous avons également changé de stratégie en matière d’outils de suivi pour réaliser notre plan de culture (nous avons délaissé Excel pour revenir au bon vieux cahier et stylos [rires]), et revu entièrement notre site internet pour faciliter le suivi des commandes pour les particuliers, ce qui nous permet d’avoir un suivi en direct des commandes via notre smartphone.
Du fait de la difficulté de réaliser des animations, nous n’avons que le circuit de vente sur lequel nous pouvons nous appuyer, à la fois en vente professionnelle pour les fleuristes et également en vente direct auprès du grand public. C’est l’un des axes forts de notre développement et cela va de pair avec notre image. En fait, nous devons mobiliser de nombreuses compétences et à deux le temps manque, mais nous gardons optimisme pour faire de cette année, notre première année à l’équilibre.
Enfin, nous avons également la chance d’avoir obtenu un second terrain au parc départemental des Lilas à Vitry-sur-Seine : un nouveau challenge s’ouvre donc à nous !
Pour soutenir leur projet, rendez-vous sur leur site internet : https://www.fermeflorale.paris/le-projet/
Interview de Tran-Phi Vu et Félix Provins, propos recueillis par Marianne Mineau
Crédit : Ferme Florale Urbaine.
3 Rue de la Pointe du Grand Chemin
94170 Le Perreux-sur-Marne
01 43 24 95 95
communication@missiondefrance.fr
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Bravo! Bonne chance! Je suis moi-même impliqué dans une initiative internationale « Dialogue entre Agricuteturs » : voci le site si cela vous intéresse: http://www.farmersdialogue.org/fr – Mon adresse : cladbourdin@gmail.com – A suivre si utile!
Leurs fleurs sont belles et en plus ils sont très sympa !
Bénédicte, professeur de SVT à l’Ecole à l’hôpital