Une lumière dans les rues noires d’Aurillac…

Une lumière dans les rues noires d’Aurillac…

Du 17 au 25 août, à Aurillac, Marianne a participé à une session du service jeune de la Mission de France. L’occasion de vivre pleinement l’aventure humaine du 34èmefestival international du théâtre de rue.

Nous sommes 9 pour cette session : trois jeunes de la Mission de France, une équipe toulousaine de compagnons des Scouts et Guides de France et jeune professionnelle fraîchement diplômée de médecine.

Arrivés le samedi, rien ne présage encore vraiment que cette petite ville du Cantal va passer de 30 000 habitants à 250 000 en seulement quelques jours !

Nous prenons nos marques avec Michel en nous baladant sur les collines qui entourent Aurillac. L’occasion d’échanger et de commencer à tisser des liens. Michel est la première rencontre marquante de notre session. C’est un petit bout d’homme pétillant qui extirpe la lumière qu’il y a en chacun de nous. Son regard est profond sans être inquisiteur. Sa douceur, énergique ! Malgré ses nombreux engagements, il prend le temps d’être avec nous lors des temps spirituels. Pas parce qu’il est diacre, mais bien parce que c’est un passionné des hommes et des relations.

 

Grâce à Michel, nous découvrons les deux équipes Mission de France de la région, et aussi le collectif « On est fait pour s’entendre » engagé auprès des migrants fraîchement installés ou de passage à Aurillac. Pendant le festival, avec les autres bénévoles du collectif et quelques migrants, de 5h à 7h du matin, nous distribuons des petits-déjeuners à ceux qui ne sont pas couchés. Moments inoubliables ! Lorsque pendant 10 minutes une centaine de personnes chantent en attendant que nous tartinions les baguettes de confitures… Ou bien qu’il faut rappeler à ce monsieur qui demande « Un verre de vodka ? » qu’ici on a que du délicieux chocolat chaud, thé et du café serré ! Ouvert à tous, ce moment convivial est une lumière dans les rues noires d’Aurillac, il rappelle à tous que… c’est déjà le matin (!) et remplit un peu le ventre de quelques discrets qui n’ont pas de quoi se nourrir. Il permet aussi aux équipes de nettoyage de la ville de faire leur pause matinale. Tout le monde se croise, l’échange est facile.

Hormis les petits-déjeuners, comme tous les ans depuis que la Mission de France est présente sur le festival, nous réalisons du bénévolat auprès d’un collectif d’artistes. Cette année, ça sera « La Cour qui claque » ! Un collectif tout nouveau, réunissant des artistes toulousains dont les compétences artistiques vont du « one man show » ou plutôt clown acrobatique, en passant par les jongleurs musiciens ou conférenciers-poètes de rue sur le sujet du café, jusqu’au couple de musiciens romantico-saturés… Ils sont une vingtaine d’artistes qui se sont choisi pour partager la semaine, la logistique, les chapeaux et donc les revenus, les repas ! L’avantage de se regrouper, c’est également de pouvoir demander et obtenir un lieu fixe pour les 4 jours de festival. Par chance, il s’agit d’une petite école en plein cœur d’Aurillac !

Dès la première rencontre avec les artistes, le feeling est bon. Les premiers jours sont dédiés à l’installation : montage des gradins, du bar, aménagement des toilettes , accrochage d’affiches dans les rues d’Aurillac , réalisation de décors. Il y en a pour tous les goûts ! De mon côté, fais le tour des magasins avec quelques acolytes pour récupérer des cartons et une cinquantaine de palettes dans les zones commerciales. Grâce à ça, d’autres peuvent fabriquer un bar sur-mesure.

Nous sommes engagés à faire 5 heures de bénévolat par jour. Nous rendons service avec les autres bénévoles et les artistes, qui doivent également rendre service en dehors de leur spectacle. Cette proximité avec des artistes est touchante. Je sers des bières ou je compte les entrées et les sorties des spectateurs avec Camille ou Antoine qui ont joué une heure plutôt devant 50 à 400 personnes. De ce fait, nous nous rapprochons vite avec les uns ou les autres et lors de notre départ, ça sera un peu comme quitter une nouvelle famille !

Lors des quelques temps libres que nous avons, nous en profitons pour nous balader avec d’autres jeunes de la session, prendre la température de ce festival bigarré, étrange, dérangeant parfois, mais souvent touchant ! Une foule disparate composée de familles, petits vieux, couples bobo, punk à chiens, artistes, ou Cantalous, qui regarde trapézistes, musiciens, danseurs, acrobates, conteurs, et j’en passe. Et parfois, on repart tous d’un spectacle avec ce même regard : un peu grandi, un peu ému, un peu nourri de ce que l’artiste nous a transmis.

Et je me pose finalement la question, les yeux dans le vague, dans la voiture qui me ramène vers Paris, qui, de moi, spectatrice ou lui, artiste, porte-t-il le plus un masque ?

 

 

Marianne Mineau

 

Natan

Natan

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